Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
A

Autarcie (suite)

Au xxe siècle, divers pays cherchèrent à se développer en dépendant le moins possible des échanges internationaux : l'URSS stalinienne voulut construire le « socialisme dans un seul pays », à l'abri des pressions « impérialistes ». Dans l'Allemagne hitlérienne ou dans l'Italie fasciste, les préoccupations étaient surtout d'ordre nationaliste.

P. B.

➙ Allemagne, France, Italie

Autofinancement

Financement des investissements effectués par un agent économique grâce à son épargne propre.

Quand une entreprise achète des machines, elle peut soit recourir à un financement externe (en empruntant de l'argent ou en émettant des actions ou des obligations), soit puiser dans son épargne propre (c'est-à-dire ce qui lui reste du produit de la vente de ses marchandises, après avoir payé tous ses frais et distribué des dividendes à ses actionnaires). Si elle investit par exemple pour un montant de 100 millions de francs, et qu'elle a utilisé pour cela 80 millions provenant de son épargne, son taux d'autofinancement (épargne/investissement) est égal à 80 %.

Durant les années 1990, le taux d'autofinancement des entreprises françaises fut à plusieurs reprises supérieur à 100 %, ce qui signifie qu'elles n'empruntèrent pas pour investir et n'auront pas dans l'avenir à payer des frais financiers à leurs prêteurs. Mais une telle situation peut provenir d'une baisse des investissements des entreprises hypothéquant leur croissance future, comme cela fut le cas en France durant ces années-là. A contrario, un taux d'investissement inférieur à 100 %, comme celui des entreprises françaises durant la période des Trente Glorieuses, s'expliquait par leur investissement important (supérieur à leur épargne), qui leur permit de se moderniser et qui exprimait leur confiance dans l'avenir

P. B.

Autogestion

Système de pouvoir confiant la responsabilité des entreprises aux travailleurs eux-mêmes.

L'idée d'autogestion s'oppose à la fois au capitalisme privé et à l'économie étatique dirigée autoritairement. Elle fut défendue au xixe siècle par les socialistes pré-marxistes (et connut quelques applications concrètes, comme l'entreprise Godin, devenue propriété du personnel en 1888) et, plus récemment, par le Parti socialiste unifié (PSU) de Michel Rocard en 1968. Un des rares exemples concrets d'autogestion ouvrière est l'occupation en 1974 de l'usine Lip de Besançon par les ouvriers tentant de la gérer d'une façon autonome. Cette expérience ne résista pas aux problèmes liés à l'illégalité de cette pratique et à ceux du financement de l'activité de l'entreprise.

Dans les pays de l'Est, les « conseils d'ouvriers et de paysans » créés en 1917 en Russie n'eurent jamais de pouvoir effectif, qui revint à l'État ou au Parti communiste. Les « communes populaires » chinoises ne purent non plus exercer un réel pouvoir face à celui de l'appareil d'État. L'expérience yougoslave fut limitée par le faible niveau de développement du pays, rendant les entreprises tributaires des commandes et des aides publiques.

P. B.

Automatisation

Processus par lequel des tâches sont réalisées par des machines et reliées dans une séquence continue d'opérations.

L'automatisation est de nos jours fondée sur l'utilisation de la microélectronique dans le travail de production (productique) et de bureau (Bureau-tique). En 1995, en France, l'informatisation touche davantage les bureaux (61 % des employés) que les ateliers de fabrication (33 % du personnel).

Elle est motivée par la baisse des coûts de production mais aussi par la nécessité de diversifier les produits commercialisés et d'améliorer leur qualité. Ses effets sur l'emploi et la structure des qualifications sont controversés.

A. R.

➙ Informatique, plein-emploi, progrès technique

Automobile

Bien de consommation emblématique du xxe siècle, l'automobile occupe une place essentielle dans le domaine économique et social mais aussi dans la vie de la cité.

En 1975, déjà, 64 % des ménages français possédaient au moins une automobile. La proportion a atteint 79,4 % en 1998. Près d'un tiers disposent de deux voitures ou plus. Le budget automobile (achat et entretien) des Français représente environ 13 % de l'ensemble de leurs dépenses, soit environ 600 milliards de francs par an, dont 170 milliards consacrés à l'achat de véhicules neufs. L'usage de la voiture est largement lié à l'âge du chef de ménage, à la catégorie socioprofessionnelle, à la taille du ménage et au lieu de résidence.

Le taux d'équipement est plus important à la campagne et dans les zones périurbaines que dans les villes. Les jeunes ménages et les retraités sont proportionnellement un peu moins motorisés que la moyenne. L'industrie automobile française (près de 4 millions de voitures produites chaque année, soit quelque 8 % de la production mondiale) représente 10 % de la valeur ajoutée de l'industrie manufacturière nationale. génère directement environ 750 000 emplois, et l'usage de l'automobile (réparation, entretien, carburant, services) représente 571 000 emplois. Si l'on ajoute les entreprises des transports et des infrastructures routières, il occupe 2,7 millions de personnes, soit 12 % de la population active.

Le symbole automobile

La présence de constructeurs automobiles dans un pays est le reflet de son niveau d'industrialisation. Après la Première Guerre mondiale, la Ford T –première voiture produite à la chaîne –  fut l'emblème du rayonnement mondial de l'économie américaine. Cette symbolique engendre souvent un phénomène d'identification entre une marque et un pays. « Ce qui est bon pour General Motors est bon pour l'Amérique » : la formule connut un certain succès jusqu'à ce que les consommateurs américains plébiscitent les modèles japonais, plus économiques et plus fiables. Au plan social, les firmes automobiles ont longtemps fait figure de laboratoire (la cinquième semaine de congés payés chez Renault, les 35 heures chez Volkswagen). « Lorsque Renault tousse, c'est la France qui s'enrhume », avait-on coutume de dire lorsque les conflits sociaux engagés chez le constructeur menaçaient de faire tache d'huile. Progressivement, le patriotisme automobile s'est atténué. Désormais, c'est la culture d'origine d'une marque qui prime sur la nationalité de ses capitaux. Ainsi, Jaguar et Rover, respectivement contrôlés par Ford et BMW, restent malgré tout des « marques anglaises ».