Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
S

Syndicat (suite)

Le besoin d'une réflexion en profondeur

De nombreuses critiques ont été adressées aux centrales syndicales, notamment en France. Les syndicats sont perçus comme des appareils bureaucratiques sans véritables rapports avec les problèmes rencontrés par les salariés sur le terrain professionnel. Les syndicats apparaissent souvent aux yeux de l'opinion comme des structures de défense des intérêts acquis, dont le seul souci reste la pérennité de privilèges catégoriels. Par ailleurs, les syndicats n'apporteraient guère de propositions constructives face aux problèmes sociaux qui retiennent l'attention de la population : chômage, exclusion sociale ou problèmes des banlieues. À tous égards, les grandes centrales syndicales, souvent menacées par l'apparition de nouvelles structures concurrentes, doivent poursuivre un effort profond de réflexion, qu'il s'agisse de leur fonctionnement interne, de l'intégration de la dimension européenne ou de la mondialisation

J.-C. D.

➙ Cogestion, mondialisation, ouvrier

Synthèse néoclassique

Principal courant de pensée de la macroéconomie de l'après-guerre, cherchant une conciliation entre les idées interventionnistes de Keynes et celles des libéraux.

Dans cette approche, les prix sont supposés rigides à court terme et ne permettent pas l'ajustement de l'offre à la demande, qui est obtenu par des variations des quantités produites, donc du niveau d'activité et d'emploi. Le fonctionnement de l'économie est alors de nature keynésienne, le chômage s'expliquant par la rigidité des prix. D'où la nécessité pour l'État de lutter contre le chômage en jouant sur le niveau de la demande.

Dans le long terme, la flexibilité des prix et l'intervention de l'État permettent d'atteindre le plein-emploi. Dès lors, le libre jeu des forces de marché permet la coordination des activités individuelles et, au-delà, la croissance économique à travers le progrès technique.

Hicks, Samuelson, Solow et Tobin, tous récompensés par le prix Nobel, ont effectué cette synthèse néoclassique en développant de nouveaux outils d'analyse devenus très standards, comme la courbe de Phillips ou le modèle de croissance de Solow.

P. L.

➙ Économie mixte, keynésianisme, main invisible, marché (économie de)

Système économique

Ensemble interdépendant d'institutions (droit, propriété) encadrant les activités et les comportements économiques, en général dans l'espace national.

L'analyse systémique définit un système comme un ensemble d'éléments en relation réciproque et en rapport avec son environnement. Elle insiste sur les notions d'interdépendance, de cohérence, de permanence à travers les changements et l'évolution. Elle prolonge la thèse d'Aristote selon laquelle le tout est davantage que la somme des parties qui le composent.

Dans le domaine de l'économie, le concept de système s'applique à de nombreux niveaux. L'organisation ou la firme, un ensemble local ou régional d'activités, une branche ou un secteur, l'économie nationale ou même mondiale peuvent être analysés en termes de système. Ces différents niveaux peuvent être considérés à la fois dans leur autonomie relative et leurs interdépendances, un système se décomposant en sous-systèmes, et ainsi de suite.

Deux grands ordres historiques modernes ont été analysés comme des systèmes économiques.

• Le capitalisme est caractérisé par la propriété privée, la coordination par le marché, le salariat (K. Marx) ou le rôle de l'entrepreneur (J. Schumpeter).

• Le socialisme est défini par la propriété d'État, le plan ou la coordination verticale, l'économie de pénurie. L'approche en termes de système considère les liens entre les institutions, les comportements et les tendances évolutives dans les grands ensembles économiques. Elle cherche à relier l'analyse économique et la démarche historique.

La primauté du modèle anglo-saxon

Les systèmes économiques nationaux constituent le niveau essentiel pris en compte dans l'étude historique comparative des différentes économies. Les systèmes britannique au xixe siècle et américain au xxe ont souvent servi de référence implicite aux modèles du système capitaliste en général, comme l'a fait le système soviétique par rapport au système socialiste en général. Mais la diversité historique et contemporaine des systèmes économiques nationaux conduit plutôt à analyser le capitalisme et le socialisme comme des familles de systèmes nationaux. La variété des trajectoires institutionnelles observée dans les différentes économies   nationales   au xixe   et   au xxe siècle   sera- t-elle effacée par une convergence des systèmes nationaux vers le modèle anglo-saxon (qui est à la fois un modèle économique libéral et un modèle culturel), consécutive à l'extinction du socialisme et à la mondialisation capitaliste ? La question demeure controversée.

B. C.

➙ Le modèle anglo-saxon va-t-il s'imposer partout ?