Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Accumulation (du capital)

Processus de transformation de l'épargne en nouveaux moyens de production ou en actifs financiers.

Il y a accumulation de capital quand les nouveaux investissements sont supérieurs à ceux détruits durant la période par leur usage productif. On peut parler aussi d'accumulation de capital financier quand l'épargne des agents placée en Bourse s'accroît et fait augmenter la valeur des titres cotés.

Le terme d'accumulation du capital tient une place centrale dans la théorie marxiste. Selon Marx, une phase d'accumulation primitive du capital se produisit durant la période de transition entre le féodalisme et le capitalisme industriel (xvie-xviiie siècle) : la nouvelle bourgeoisie marchande s'enrichit par le commerce international, tandis que les petits paysans et artisans, progressivement ruinés, se transformaient en prolétaires. L'accumulation « proprement dite » du capital commença avec la révolution industrielle, moment où les capitaux détenus par la bourgeoisie furent investis dans des machines et dans l'emploi sur une grande échelle du travail salarié. Dès lors, la valeur des marchandises produites ne cessa de s'accroître, la vente de ces marchandises procura aux capitalistes une masse de profit toujours croissante, transformée en capital productif et en force de travail toujours plus importants ; l'accumulation serait donc une nécessité pour le capitalisme, condamné à une perpétuelle course en avant.

P. B.

➙ Capitalisme

Actes de navigation

Mesures protectionnistes prises au xviie siècle par l'Angleterre pour s'assurer le contrôle total de ses échanges internationaux.

Devenue « maîtresse des mers » au xviiie siècle, l'Angleterre réalisa de grands profits commerciaux, importa des matières premières essentielles et exporta vers le reste du monde une partie de sa production manufacturière.

Elle construisit d'abord au xvie siècle une flotte militaire et marchande. Puis en 1651, Cromwell promulgua le premier Acte de navigation : le transport maritime devait être effectué par des bateaux anglais ou par des navires appartenant au pays d'où venaient les marchandises. En 1660, il fut exigé que l'équipage des navires anglais comportât trois quarts de marins britanniques. Puis, en 1663, le Staple Act imposa le « pacte colonial » aux possessions anglaises (d'Amérique en particulier), leur faisant obligation de ne commercer qu'avec la métropole et de n'utiliser pour le transport que la flotte anglaise. Ces Actes de navigation provoquèrent plusieurs guerres avec les Hollandais et poussèrent les colonies américaines à la révolte.

P. B.

➙ Grande-Bretagne, mercantilisme, protectionnisme

Actif (en comptabilité)

Évaluation du patrimoine (à l'exception des dettes) ou de l'ensemble des moyens d'action d'une entreprise.

J. R.

➙ Bilan, comptabilité, compte

Actionnaire

Personne ou entité détenant des actions, c'est-à-dire des parts du capital d'une entreprise. Chaque titre est un droit de propriété. Il permet de recevoir une partie du bénéfice de la société en proportion de la part du capital détenue. Cette part versée est appelée dividende. Une action donne le droit d'être informé sur l'activité de l'entreprise, de participer aux assemblées générales et d'y voter les résolutions.

Si le capital d'une firme est composé de 100 actions, l'actionnaire qui détient 10 % du capital recevra comme dividende 10 % du bénéfice distribué. Le nombre d'actionnaires directs, appelés également « petits porteurs » par opposition aux grands gestionnaires de fonds français ou étrangers, s'est stabilisé en France à 5,2 millions depuis quelques années, selon l'enquête effectuée en 1999 par la Sofres. Il y a désormais en France 700 000 salariés qui sont actionnaires de leur entreprise, ce qui remet en cause la division traditionnelle entre capital et travail. Le phénomène s'est accentué avec les privatisations des grandes entreprises publiques, lancées en 1986 et amplifiées dans la seconde moitié des années 1990 (par exemple Renault, France Télécom, Air France, ou les grandes banques comme la BNP). Associer le personnel au capital permet de renforcer la cohésion d'une entreprise en proposant un complément de rémunération appréciable et des avantages fiscaux. Les actionnaires indirects sont les épargnants qui n'investissent pas directement dans les sociétés, mais qui préfèrent investir en Bourse par l'intermédiaire des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM).

La présence des Anglo-Saxons

Les principaux actionnaires des entreprises françaises, désormais, sont étrangers (à hauteur de 40 % du total). Ils sont présents dans le capital des firmes par le biais des fonds de pension britanniques et américains. Ces organismes gèrent l'épargne que versent les salariés en prévision de leur retraite. Les investisseurs internationaux détiennent le tiers de la capitalisation boursière (somme des capitalisations boursières des sociétés qui y sont cotées) de la place de Paris, et parfois plus de la moitié du capital des grandes entreprises cotées.

Qui sont les actionnaires français ?

En 1979, 1,5 million de Français détenaient directement des actions en Bourse. Vingt ans plus tard, ils étaient 5,2 millions. Le sommet a été atteint lors des grandes privatisations de 1986-1987, le nombre total d'actionnaires directs étant alors de 6,2 millions.

La Bourse de Paris, qui a annoncé avant celle de New York son intention de se faire coter elle-même en Bourse, organise depuis 1997 une « école de la Bourse ». Cette école propose des cycles d'initiation aux mécanismes boursiers, de quatorze heures ; ses cours ne désemplissent pas.

En quelques années, le poids des actionnaires dans la vie des entreprises est devenu primordial : en effet, s'ils jugent insuffisants la progression des cours de Bourse ou le montant du dividende, ils s'en vont brutalement en vendant leurs actions, ce qui peut faire chuter les cours d'une société et la fragiliser. Une mésaventure de ce genre est arrivée en 1998 à Alcatel. Depuis, à chaque présentation des comptes, les dirigeants de sociétés insistent sur la « création de valeur » – expression transposée de l'anglais shareholder value – destinée à montrer aux actionnaires que les bénéfices montent et qu'ils en recevront une part importante.