Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Dévaluation (et réévaluation)

La dévaluation est une mesure de politique économique prise par les autorités monétaires et qui consiste à modifier la parité de la monnaie nationale en en diminuant la valeur. La réévaluation est une mesure symétrique de changement de parité qui consiste à modifier la parité en augmentant la valeur de la monnaie.

Dans le cas d'une dévaluation, la monnaie nationale devient moins chère pour les étrangers. Les exportations bénéficient d'un surcroît de compétitivité, alors que les importations deviennent plus chères et donc moins attractives. Les termes de dévaluation et de réévaluation ne peuvent être correctement utilisés que dans les régimes de change où les autorités monétaires définissent le prix de la monnaie nationale par rapport à une référence qui peut être l'or, une autre monnaie, plusieurs monnaies, un panier de monnaies (DTS). Ainsi, de 1934 à 1971, la parité du dollar était de 35 $ l'once d'or. La dévaluation de 1971 a porté la parité à 38 $. Aujourd'hui, toute référence à l'or a été abandonnée, et seulement un nombre limité de pays, comme l'Argentine, définit une parité par rapport au dollar ou par rapport à une autre devise. Les pays qui ont lié leur monnaie nationale peuvent prévoir une parité glissante, c'est-à-dire une dévaluation périodique à un taux fixé à l'avance (par exemple : – 1,2 % par rapport au dollar tous les 15 de chaque mois) ou en fonction de l'évolution d'un indice.

Dans un régime de change flottant, qui est aujourd'hui celui des grandes monnaies (dollar, euro, yen, livre sterling), les autorités monétaires ne définissent pas de parité. Elles ne peuvent donc ni dévaluer ni réévaluer leur monnaie, même si elles peuvent intervenir sur le marché des changes pour tenter d'en influencer le cours. On parle de dépréciation, et non de dévaluation, lorsqu'une monnaie perd de sa valeur sur le marché des changes par rapport à une autre monnaie, et d'appréciation, plutôt que de réévaluation, dans le cas inverse

J.-M. S.

➙ Change, dévaluation compétitive, devises, taux de change

Dévaluation compétitive

Dévaluation qui vise à améliorer la compétitivité de la production nationale pour favoriser la croissance, au détriment des pays partenaires.

Supposons que, au cours de 1 $ = 5 FF, un Airbus exporté à 500 millions de francs soit vendu 100 millions de $ aux États-Unis. Si le FF est dévalué de 10 % (1 $ = 5,5 FF), l'avion pourra alors être facturé à 91 millions de $. L'avion européen sera plus compétitif par rapport à Boeing. Inversement, les avions Boeing seront plus chers en France, ce qui dissuadera les compagnies d'aviation de ce pays de choisir le constructeur américain.

Le pays qui mène cette politique espère ainsi accroître le volume de ses exportations et diminuer celui de ses importations, ce qui permet de relâcher la contrainte extérieure et de mener une politique économique plus expansionniste. Si la croissance et l'emploi sont stimulés dans le pays concerné, les effets pour les autres pays sont symétriques, ce qui peut les inciter à procéder à leur tour à une dévaluation compétitive. Ces réactions en chaîne ont aggravé la crise économique mondiale des années 1930

J.-M. S.

Développement

Transformation d'une société dans le sens d'un progrès global. Le développement a des aspects économiques (croissance, industrialisation, salarisation, hausse du niveau de vie), sociodémographiques (urbanisation, réduction de la fécondité, hausse du niveau d'éducation, politiques de santé), politiques et culturels (en matière de langue, de communication, etc.).

Même si le mot est parfois utilisé dans un autre contexte (développement local, recherche et développement d'un produit), il s'applique principalement à des pays dits « en voie de dévelop-pement ». Il a été utilisé pour la première fois par le président Harry Truman en 1949 pour qualifier soit des pays depuis longtemps indépendants, mais s'engageant dans des transformations rapides (Amérique latine), soit des pays dont l'indépendance est récente (Inde, Indonésie). On l'a ensuite utilisé à propos de tous les pays décolonisés.

Dès l'origine, l'idée de développement a combiné deux aspects différents :

• la perspective d'une croissance économique accélérée, d'un rattrapage, ce qui pose des problèmes de financement, d'allocation et de formation de la main-d'œuvre et d'organisation par l'État de ce processus (politiques urbaines, mise en place d'infrastructures) ;

• un processus de « modernisation », qui implique aussi bien la destruction des solidarités communautaires, de nombreuses langues et de traditions, que la généralisation de l'éducation (au moins primaire), des vaccinations ou de la très forte réduction de la fécondité.

Plusieurs stratégies de développement se sont succédé :

• la première, dominante dans les années 1960 et 1970, préconisait de se couper – au moins momen-tanément – de l'économie mondiale pour maîtriser le processus. Elle dénonçait l'« extraversion » (la soumission aux besoins des pays du Nord) des économies du tiers-monde, l'échange inégal, le pillage des ressources naturelles, les guerres et les coups d'État, souvent menés ou commandités par les pays « du centre » ;

• les théories du développement autocentré, ou même de la déconnexion complète par rapport à l'économie mondiale ;

• le courant « structuraliste » (dès les années 1950), surtout en Amérique latine (développant les thèses de la CEPAL (Commission économique pour l'Amérique latine des Nations unies). Ce courant proposait la substitution de produits locaux aux importations provenant des pays développés (à travers le montage de grands projets industriels), mais y adjoignit, dès la fin des années 1960, une stratégie de promotion des exportations et d'insertion dans l'économie mondiale.

Nouvelle approche du problème dans une économie mondialisée

La thèse selon laquelle la démocratie est un luxe qu'on ne peut se permettre au stade initial du développement a été communément acceptée pendant des décennies. Le débat semble s'être clos, avec le ralliement de la Banque mondiale et du FMI à l'impératif démocratique vers 1990 et la promotion de la notion de « bonne gouvernance ».