Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
G

Gouvernement d'entreprise (suite)

D'une manière générale, ces codes se retrouvent autour de la nécessité de respecter le principe d'égalité entre les actionnaires, d'intégrer dans le conseil d'administration des personnalités indépendantes et disponibles, et d'avoir des mécanismes de surveillance et de motivation à l'égard des dirigeants

É. I.

➙ Actionnaire, Bourse

Grande-Bretagne

On emploie souvent indifféremment les termes d'« anglais » et de « britannique ». En réalité, l'Angleterre ne constitue qu'une partie de la Grande-Bretagne, qui comprend également l'Écosse et le pays de Galles, et forme, avec l'Irlande du Nord, le Royaume-Uni.

La Grande-Bretagne a été à l'origine de la révolution industrielle transformant le capitalisme marchand, encore partiellement féodal, en un capitalisme industriel et financier à vocation mondiale. « Atelier du monde » au cœur du xixe siècle, elle a ensuite amorcé son déclin pour avoir négligé son industrie au profit des activités financières.

L'Angleterre est considérée comme la mère du libéralisme économique. C'est elle qui, au xixe siècle, a fait du libre-échange une règle d'or. C'est elle qui a montré la voie au néolibéralisme des années 1980-1990, avec sa Dame de fer Margaret Thatcher, s'attaquant à l'interventionnisme étatique et au pouvoir syndical. Mais ce libéralisme ne s'est imposé qu'après trois siècles de politique commerciale agressive et n'a pas empêché la Grande-Bretagne de constituer durant le xixe siècle un vaste empire colonial, ni de connaître au xxe siècle une longue période keynésienne.

Un mercantilisme agressif

À la fin du xve siècle, l'Angleterre était affaiblie : elle avait perdu ses possessions françaises et traversé une longue guerre civile (1455-1485). Mais grâce à l'action volontariste de souverains autoritaires, forçant la transformation de la société anglaise, elle devint une grande puissance économique et militaire, maîtresse des mers, et engagée irrésistiblement dans la voie du capitalisme marchand.

Au xvie siècle, Henri VIII (1509-1547) mit la main sur les terres de l'Église catholique et les vendit à des « capitalistes agraires » qui rentabilisèrent leurs acquisitions foncières en constituant de grandes exploitations remembrées, en se spécialisant et en clôturant leurs terres. Ces enclosures permirent un nouvel essor de l'élevage du mouton et alimentèrent la jeune industrie textile anglaise, mais elles ruinèrent la petite paysannerie, obligée de travailler à domicile pour les marchands du textile (domestic system) avant d'émigrer massivement vers les centres industriels (fin du xviiie siècle et début du xixe), où elle travaillera durement pour des salaires de survie. Henri VIII créa aussi une flotte militaire et marchande sans laquelle l'Angleterre n'aurait pu jouer le rôle qui sera le sien. Durant le règne d'Élisabeth Ire (1558-1603), on assista à la naissance d'unités de production d'une dimension inconnue jusque-là, dans la métallurgie, la verrerie, la briqueterie, la brasserie... et Thomas Gresham créa à Londres une Bourse pour les marchands (le Royal Exchange) tandis que débutait l'implantation anglaise en Amérique.

Durant le xviie siècle, la bourgeoisie marchande et financière, gagnée aux idées protestantes, s'empara du pouvoir après une guerre civile (1642-1648) et l'exécution du roi Charles Ier (1649). Oliver Cromwell exerça alors une sorte de dictature jusqu'en 1658. Il promulgua l'Acte de navigation (1651), qui limitait l'accès des ports anglais aux navires étrangers et annonçait les tarifs protectionnistes (Corn Laws), qui permirent l'essor de l'agriculture britannique, et il s'attaqua à l'Écosse et à l'Irlande, où des terres furent distribuées à des colons anglais protestants. En Amérique du Nord, les Anglais fondèrent des colonies, qui formeront la Nouvelle-Angleterre, et s'emparèrent en 1664 de La Nouvelle-Amsterdam hollandaise (rebaptisée New York), lieu privilégié du trafic avec l'Europe.

Au xviiie siècle, l'Angleterre joua le premier rôle dans le lucratif commerce triangulaire reliant les ports anglais à l'Afrique occidentale et aux colonies américaines. Cette zone nord-américaine absorbait déjà 10 % des exportations de produits anglais au début du xviiie siècle et près de 60 % à la fin du siècle. Entre-temps, les Anglais avaient chassé les Français du Canada.

En Asie, ils mirent la main sur le commerce des Indes orientales, dont ils évincèrent les Français. Cela leur permit de réaliser d'importants bénéfices, mais surtout d'importer beaucoup de coton, dont la transformation va nécessiter de nouvelles techniques de production : le secteur textile sera au cœur de la révolution industrielle de la fin du xviiie siècle.

Le « libéral-impérialisme » anglais (fin xviiie- xixe siècle)

Forte de sa nouvelle puissance industrielle, l'Angleterre se fit le champion du libéralisme économique tout en continuant à pratiquer une politique colonialiste agressive.

Pour compenser la perte du marché américain après l'indépendance des États-Unis (1783), elle avait signé avec la France un traité de libre-échange en 1786. Elle combattit ensuite la France napoléonienne, qui lui interdisait l'accès au marché européen (Blocus continental, 1806), puis elle abolit en 1826 les Actes de navigation et démantela les Corn Laws (1846 et 1849), afin de pouvoir disposer de denrées agricoles à des prix avantageux. Parallèlement, l'Angleterre imposait par la force à la Chine l'importation d'opium, soumettait l'Inde (1831-1854) et poursuivait la construction de son empire colonial.

L'attrait pour les richesses minières d'Afrique du Sud déboucha aussi sur la guerre des Boers (1900-1902), tandis qu'en 1900 la Nouvelle-Zélande et l'Australie rejoignaient le Canada au sein des « dominions » britanniques. À la fin du xixe siècle, l'Angleterre exportait environ 40 % de sa production manufacturière, importait encore davantage de produits primaires (agricoles et industriels) et était le premier pays exportateur de capitaux, dont les revenus lui permettaient de financer le solde négatif de ses échanges de marchandises.