Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
L

Libre-échange (suite)

L'impératif de la réciprocité

Le libre-échange doit conduire les pays à se spécialiser dans les productions où ils disposent d'un avantage comparatif. Pour le même effort fourni, cette division internationale du travail permet donc, en principe, de produire davantage de valeur et de consommer des produits moins chers, mieux adaptés aux besoins et de meilleure qualité. Le libre-échange doit donc d'abord bénéficier aux consommateurs et aux producteurs qui importent des biens intermédiaires et des biens d'équipement, mais il pénalise les autres producteurs, qui doivent restaurer leur compétitivité ou disparaître.

Si le libre-échange est mutuel, le fait d'accepter les productions étrangères permet aux firmes nationales de vendre davantage sur les marchés étrangers, ce qui stimule la croissance économique et favorise le plein-emploi des ressources. Les exportations induites par la libéralisation des échanges exercent alors un effet multiplicateur. Les négociations commerciales organisées au sein du GATT jusqu'en 1994, et de l'OMC depuis, sont ainsi fondées sur un principe de réciprocité : les pays n'acceptent d'ouvrir davantage leur marché intérieur que dans la mesure où les autres pays accordent des concessions équivalentes et où les entreprises nationales peuvent accéder à de nouveaux marchés à l'exportation

J.-M. S.

➙ Avantages et coûts comparatifs, commerce international, le libre-échange, jusqu'où ?

Liquidité

Capacité d'un bien à être utilisé comme moyen de paiement ; monnaie.

Les biens économiques sont plus ou moins liquides. Par définition, la monnaie a une liquidité maximale. Lorsqu'on donne 0,5 euro contre une baguette, on éteint instantanément sa dette vis-à-vis du boulanger. Une action a une liquidité moindre. Certes, on ne peut acheter son pain en payant avec des actions. Mais, parce qu'il existe des marchés boursiers, on peut vendre ses actions contre de la monnaie, puis utiliser cette monnaie pour acheter son pain. En transformant ses actions en monnaie, on risque de perdre de son capital, c'est-à-dire de revendre ses actions à un prix plus faible que leur prix d'achat. Pour cette raison, les actions sont transformables en monnaie avec un certain coût. Enfin, certains biens sont illiquides : ainsi, du fait qu'il n'existe pas de marché de l'occasion pour les pantoufles, on ne peut pas revendre ses pantoufles contre de la monnaie.

Par extension, la liquidité de l'économie, appelée également masse monétaire, est l'ensemble des moyens de paiement mis à la disposition des agents économiques, à un moment donné, dans un pays donné, par le système bancaire

A. L.

➙ Monnaie

List (Friedrich)

Économiste allemand (1789-1846), défenseur du protectionnisme éducateur permettant l'essor industriel des pays moins avancés.

Dans son Système national d'économie politique (publié en 1840), List affirme qu'un pays en retard d'industrialisation (comme l'Allemagne au début du xixe siècle) ne peut se développer que s'il se protège de la concurrence extérieure par des droits de douane élevés, compensant la différence entre les coûts de production intérieurs et ceux des produits importés.

Le protectionnisme permet en effet de produire des biens essentiels pour la mise en place des structures industrielles (telles qu'usines sidérurgiques, fabriques de matériels de chemin de fer, etc.). Un secteur mo- derne peut ainsi voir le jour, combler son retard face aux pays plus industrialisés et devenir ensuite compétitif. Il sera temps alors de réduire les droits de douane, car, selon List, le libre-échange reste le but ultime.

Ce protectionnisme défensif fut appliqué dans la plupart des pays, en Allemagne, mais aussi aux États-Unis ou au Japon et dans les pays du tiers-monde jusqu'à une période très récente

P. B.

➙ Libéralisme économique, protectionnisme

Livre sterling

Monnaie ayant cours légalen Grande-Bretagne.

Le mot « livre » (pound en anglais) s'inspire du poids physique du métal. La livre sterling écossaise a un taux de change fixe par rapport à la livre anglaise, mais les billets sont distincts.

Plusieurs pays ont donné à leur monnaie un nom dérivé de la livre : l'Irlande (punt), l'Égypte, la Syrie, la Turquie.

La livre a adhéré au SME (système monétaire européen) en 1990, mais en est sortie en septembre 1992 au terme d'une folle bataille sur les marchés des changes, qui coûta plusieurs milliards de livres à la Banque d'Angleterre, au profit de George Soros et autres spéculateurs ; elle avait alors tenté en vain de racheter des livres sterling sur les marchés afin de maintenir la livre à l'intérieur du SME, et avait épuisé ses réserves de change.

La Grande-Bretagne a choisi de ne pas faire partie de la première étape de l'Union économique et monétaire de l'Europe, en 1999. Mais le gouvernement travailliste de Tony Blair, arrivé au pouvoir en 1997, est nettement plus favorable à l'euro que ne l'était son prédécesseur

F. L.

➙ Euro, Grande-Bretagne

Lobby

Groupe de pression – formel ou informel – représentant les intérêts d'une profession, d'un secteur, d'une région ou de tout autre acteur économique ou social face aux institutions.

Le mot vient de l'anglais, par référence aux solliciteurs qui se pressaient dans les couloirs (lobby) du Parlement. L'expression « faire du lobbying » est récente, mais la pratique est ancienne : les producteurs de vin et d'alcool sont notoirement très écoutés par les parlementaires français, ce qui explique peut-être la timidité des lois réprimant l'alcoolisme.

En France, les élus étant censés défendre uniquement l'intérêt général, l'expression d'intérêts locaux ou professionnels a longtemps été tenue en suspicion : de ce fait, le lobbying s'y exerçait de façon détournée et peu transparente. Dans le modèle américain, les lobbies les plus variés ont des représentations officielles à Washington, et se sentent pleinement légitimes en tant que défenseurs des intérêts minoritaires face à la majorité et à l'État central, souvent soupçonnés de visées hégémoniques. Avec la construction européenne, les institutions communautaires fonctionnent de plus en plus « à l'américaine » : une foule de lobbys sont installés à Bruxelles, des céréaliers français aux transporteurs routiers espagnols, en passant par la mécanique allemande ou les pêcheurs portugais. Les intérêts extra-communautaires sont également bien représentés.