Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
O

Or (suite)

Vers la banalisation du métal jaune

Les États mettront probablement de longues années à considérer l'or comme un simple métal à usage industriel, dont les principaux producteurs mondiaux sont l'Afrique du Sud, les États-Unis et l'Australie. À l'heure actuelle, environ 80 % d'une production annuelle sont utilisés par la bijouterie et l'industrie de précision. Les banques centrales, elles, détiennent environ 35 000 tonnes de métal précieux dans leurs coffres, l'équivalent de treize années de production. Quelques-unes d'entre elles, Grande-Bretagne et Belgique en tête, ont commencé à vendre une partie de leur stock d'or sur les marchés, dont le principal est le Gold Bullion (= lingot) Market de Londres. De même, le FMI a fait connaître son intention de céder une petite fraction de ses réserves d'or afin de financer une partie de ses opérations dans le tiers-monde... avant de différer ce projet, inquiet des conséquences sur les économies des pays pauvres africains, dont certains, comme le Ghana, figurent parmi les premiers producteurs mondiaux.

Consacrant ce déclin, la Banque centrale européenne a choisi de détenir en or seulement 15 % de ses réserves officielles (405,15 millions d'onces)

F. L.

Ordres

Regroupements d'individus en fonction de leur statut social et de leurs droits spécifiques.

Sous l'Ancien Régime, les sujets du roi étaient membres de la noblesse, du clergé ou du tiers état, qui constituaient les trois ordres de la société française. Les deux premiers ordres étaient privilégiés, car exemptés d'impôt, la noblesse bénéficiant de plus d'un accès réservé aux plus hautes fonctions civiles et militaires.

Les ordres furent abolis de fait en 1789, quand les États généraux (constitués de députés représentant chaque ordre) se transformèrent en Assemblée nationale et quand la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (août 1789) affirma que les hommes naissent libres et égaux en droit

P. B.

Output

Terme anglais qu'on utilise à la place de « produit », désignant ce qui est issu du processus de production.

Une jante automobile est un output pour un équipementier, mais c'est un input pour une entreprise d'automobile. La monoproduction est rare, ce qui signifie qu'une entreprise fabrique en général plusieurs outputs ; on dit aussi que la pluriproduction est la règle. Ainsi, une maison d'édition ne se contente pas de produire un seul ouvrage

F. E.

➙ Production

Ouvrier

Travailleur manuel, qui participe directement à la production de biens matériels, le plus souvent dans le secteur industriel ou le bâtiment. Les ouvriers constituent une catégorie spécifique, reconnue dans les classifications et les conventions collectives des entreprises ainsi que lors des élections professionnelles.

On distingue les « ouvriers professionnels » (OP), souvent titulaires d'un baccalauréat de l'enseignement technique, et les ouvriers non qualifiés, baptisés « OS » (ouvriers spécialisés) dans les années 1960-1970 et appelés désormais « agents de production » chez Renault ou « opérateurs » chez Peugeot.

Au xixe siècle, les ouvriers, dont le nombre ne cesse de grandir à mesure que se développe l'industrie, sont synonymes de pauvreté et d'exploitation. Au début du xxe siècle, la « classe ouvrière » devient, sous l'influence du marxisme, le groupe social de référence. Le mouvement ouvrier se veut porteur, à travers l'action syndicale et sur le plan politique, d'une nouvelle organisation de la société fondée sur la solidarité. Dans la seconde partie du xxe siècle, la catégorie des ouvriers perd de sa prépondérance face aux nouveaux salariés du secteur tertiaire et au développement de professions qualifiées (cadres, techniciens, agents de maîtrise). Les ouvriers, qui représentaient 40 % des emplois dans les années 1950, n'en totalisent plus que 29 % en 1996. Frappés de plein fouet par les restructurations, plus souvent victimes du chômage et de la précarité de l'emploi que les autres salariés, ils bénéficient également d'avantages sociaux (indemnités en cas de licenciement ou de maladie, notamment) moins importants. L'évolution du salaire minimum (SMIC) détermine pour une large part l'évolution de leur rémunération.

Parallèlement aux mesures destinées à réduire les effectifs des ouvriers (licenciements, préretraites), des efforts de formation ont été engagés afin de répondre aux évolutions technologiques (automatisation, robotisation) qui réclament également un élargissement des capacités d'initiative

J.-M. N.

➙ Cadre, capitalisme, employé, industrie, pauvreté, SMIC

Owen (Robert)

Entrepreneur et réformateur anglais (1771-1858), à l'origine de la pensée socialiste et du syndicalisme ouvrier.

Fils de modestes paysans, il ouvrit en 1800 une filature de coton en Écosse. Il accumula une fortune considérable qu'il voulut utiliser dans un but social. Frappé par la misère et la détresse morale des ouvriers, il s'efforça d'améliorer leur sort, mais se rendit compte que les lois de la concurrence rendaient impossible une action isolée.

Pour convaincre ses contemporains, il publia les Observations sur les effets du système manufac- turier (1815) et le Livre du nouveau monde moral (1836), dans lesquels il exposait les principes d'une société ayant banni la propriété individuelle et assurant à tous l'égalité dans l'accès aux richesses et à l'éducation. Il voulait également supprimer le salariat, le mariage et la religion afin de créer « un homme nouveau ».

Owen partit aux États-Unis en 1819 et fonda dans l'Indiana une colonie « socialiste », la New Harmony, qui fut un échec. Revenu en Grande-Bretagne en 1828, il créa une banque populaire, des coopératives ouvrières et une confédération de métiers, qui ne résisteront pas devant les problèmes d'organisation et l'hostilité des milieux industriels.

Pourtant, ses idées seront reprises par les penseurs socialistes du xixe siècle et par les fondateurs du syndicalisme ouvrier

P. B.