Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
B

Banque de France (suite)

Le besoin de posséder, comme la Grande-Bretagne, un institut d'émission, s'était fait sentir en France peu avant la révolution de 1789. En raison des événements politiques, le projet fut cependant repoussé. Des assignats furent émis, inconvertibles mais gagés sur les ventes futures de biens nouvellement nationalisés. Dans le contexte révolutionnaire, les assignats entraînèrent une hyperinflation, une quasi-banqueroute de l'État.

La Banque de France fut créée par Bonaparte pendant le Consulat, sous la forme d'une institution privée ayant une mission de service public. Les deux cents plus forts actionnaires, qui participaient à l'assemblée générale de la Banque, ont donné naissance à l'expression « deux cents familles », qui désigne des personnages nantis et proches du pouvoir.

La Banque de France n'a été véritablement nationalisée qu'en 1945. Jusqu'à la mise en circulation de l'euro, en 2002, elle est la seule institution dont les billets ont cours légal, c'est-à-dire qu'ils doivent être acceptés par tous sur le territoire français. Il existait en 1998 environ 1,3 milliard de billets, imprimés par la Banque à Chamalières, dans le Puy-de-Dôme. De 1945 à 1993, la Banque de France, aux ordres du ministre des Finances, joue un rôle décisif de « banque des banques » en refinançant les banques de second rang ayant besoin de liquidités, et en les autorisant à accorder plus ou moins de crédits. La banque centrale prenait ses décisions en fonction de son appréciation des besoins de l'économie en moyens de paiement et en fonction du taux d'inflation par rapport à la valeur du franc dont elle était la gardienne.

Indépendance et intégration européenne

Avec la naissance de l'euro, la Banque de France, membre du système européen de banques centrales (SEBC), devient un participant à la politique monétaire définie à Francfort. La Banque applique aux établissements nationaux les taux d'intérêt directeurs européens. Au titre de gouverneur de la Banque de France, Jean-Claude Trichet participe tous les quinze jours à Francfort au Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

La Banque de France, qui possède 16,83 % du capital de la BCE, reste l'interlocuteur naturel des établissements de crédit implantés en France. Avec ses 211 succursales réparties sur le territoire français, elle est en mesure de fournir à la BCE diverses statistiques sur le système de paiement de la France, ainsi que des notes sur la conjoncture nationale. La Banque conserve aussi la partie des réserves de change qui n'a pas été transférée à Francfort. Elle participe également à plusieurs instances internationales, dont le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, le G7.

La Banque de France continue aussi à établir la balance des paiements de la France et participe à celle de la zone euro. Elle se place aussi, sur la place financière de Paris, en tutelle du système financier et de la profession bancaire. C'est à ce titre que Jean-Claude Trichet est intervenu, à l'été 1999, dans le projet de fusion avorté BNP-Paribas-Société générale (le gouverneur de la Banque de France est le président du Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement).

Dans son rôle de banquier de l'État, la Banque de France s'occupe également de la paie des fonctionnaires, de l'établissement de la balance des paiements, de la gestion de la dette publique. Elle tient aussi à jour un fichier recensant 2,7 millions d'entreprises, ou encore un autre concernant les incidents de paiement (d'où l'expression « être fiché à la Banque de France »). Depuis 1990, elle assure également le secrétariat des commissions de surendettement des ménages

F. L.

➙ Banque centrale, euro, franc, monnaie

Banque mondiale

Institution créée en 1944 à Bretton Woods, en même temps que le FMI (Fonds monétaire international). Spécialisée dans le financement du développement du tiers-monde, elle compte 182 membres et est basée à Washington.

Alors que le FMI est spécialiste de la monnaie, notion relativement abstraite, il revient à la Banque mondiale, son « institution jumelle », de chapeauter la réduction de la pauvreté dans le tiers-monde. Elle emprunte sur les marchés financiers (utilisant sa prestigieuse signature AAA) pour prêter aux pays pauvres des sommes qui aideront à la construction d'infrastructures, à l'amélioration des systèmes de santé, à l'alphabétisation... Au total, la Banque emprunte 30 milliards de dollars par an environ, ce qui fait d'elle l'un des principaux acteurs des marchés financiers mondiaux.

Outre la BIRD (Banque internationale pour la reconstruction et le développement, fondée en 1945, réorientée depuis vers le financement des réformes préconisées par le FMI aux pays concernés), la Banque mondiale a créé en 1960 l'AID (Association internationale pour le développement), qui consent aux    pays    les     plus    pauvres    des   prêts   à   taux   d'inté- rêt très faible et à remboursements très longs, par exemple 2 % sur trente ans. Logiquement, la Chine est le premier client de l'AID (car le plus vaste). La Corée du Sud, elle, a emprunté d'abord à l'AID, puis à la Banque mondiale (formellement la BIRD, qui prête à des taux d'intérêt proches de ceux du marché), avant d'adhérer au « club » des pays industriels de l'OCDE en 1996.

Comme elle ne peut prêter qu'au secteur public, la Banque mondiale a créé en 1956 la SFI (Société financière internationale) afin d'aider le secteur privé, puis est née l'AMGI (Agence multilatérale de garantie des investissements), sorte de compagnie d'assurances chargée d'apporter sa garantie aux projets de la Banque

F. L.

➙ Bretton Woods, FMI, OCDE, pauvreté, pays en voie de développement, tiers-monde

Banqueroute

Situation d'une institution financière ou d'un particulier dans l'incapacité de rembourser ses dettes.

Ce terme provient de l'italien banca rotta, ou « banc rompu », qui fait allusion à la coutume médiévale consistant à briser le banc sur lequel était assis le banquier en faillite.

On l'employa surtout par la suite à propos des États ne pouvant rembourser leurs créanciers ou suspendant les paiements des rentes versées aux porteurs de titres publics. C'est ainsi que l'État espagnol, à l'époque de Philippe II (1556-1598), se déclara à trois reprises en banqueroute (1557, 1575, 1576), après avoir beaucoup emprunté pour financer les guerres contre la France et les Flamands.