Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
C

Carré magique

Le « carré magique » est obtenu lorsque les quatre objectifs principaux de la politique économique sont atteints : croissance, plein-emploi, stabilité des prix et équilibre extérieur. Un schéma permet de visualiser le respect de ces objectifs.

Cette expression, due à l'économiste britannique Nicolas Kaldor, montre une forte confiance en une politique économique volontariste. Toutefois, les définitions optimales des quatre objectifs divergent selon les économistes. Pour les keynésiens, l'équilibre extérieur est plutôt entendu comme un excédent des échanges commerciaux quand d'autres privilégient l'équilibre de la balance des paiements ou la stabilité du taux de change. De même, l'objectif d'inflation n'est généralement pas de 0 % (plutôt 2 % aujourd'hui en Europe et 3 % aux États-Unis).

Enfin, certains insistent sur l'aspect conflictuel de certains objectifs, en particulier le plein-emploi et la stabilité des prix (courbe de Phillips). Selon le modèle économique utilisé, ces objectifs ultimes ne sont pas mis au même niveau et une hiérarchie s'instaure entre eux

E. L. H.

➙ Policy mix, Trente Glorieuses

Cartel

Entente organisée entre des entreprises juridiquement indépendantes pour limiter la concurrence.

Le cartel est une forme d'entente permanente ayant pour objectif de s'accorder sur les prix ou de se partager les marchés selon des zones géographiques ou des quotas de production.

Il peut être horizontal (deux compagnies qui se partagent une même ligne aérienne selon un accord préalable) ou vertical (entre fournisseurs et producteurs ou entre producteurs et vendeurs). Les contrats de distribution exclusive qui lient les constructeurs automobiles et leurs concessionnaires en Europe peuvent être ainsi interprétés comme des cartels verticaux. Ce cartel est aujourd'hui attaqué par la grande distribution.

Le cartel peut aussi s'étendre à des pays, comme dans le cas des pays producteurs de pétrole membres de l'OPEP, qui s'entendent pour peser sur le cours mondial du pétrole en faisant varier leur niveau de production.

Le cartel doit être distingué d'autres formes d'ententes qui n'ont pas pour but de limiter la concurrence mais au contraire de mieux l'affronter, comme c'est le cas par exemple de certains accords technologiques (mise au point d'une nouvelle technologie de moteur automobile). La législation (antitrust aux États-Unis, droit de la concurrence en Europe) interdit la formation de cartels, qui sont une forme d'entente illicite, et confie à des organismes comme le Conseil de la concurrence, en France, le soin de surveiller les tentatives de cartellisation des marchés. Le risque de cartellisation est d'autant plus grand que le nombre de vendeurs sur le marché est faible car l'entente est alors plus facile.

Par extension, le mot est aujourd'hui utilisé pour désigner des organisations de trafiquants (les cartels de Medellín, de Cali, etc.) intervenant sur le « marché de la drogue »

A. R.

➙ Concentration, konzern, marché, monopole, oligopole, trust

Cash-flow

Approximation du flux de trésorerie généré par l'exploitation de l'entreprise.

Habituellement, on le mesure chaque année de deux façons : en déduisant les charges décaissables (à payer) des produits encaissables (principalement les ventes livrées), ou en ajoutant les dotations aux amortissements au résultat de l'exercice.

Soit le compte de résultat d'une entreprise :

Le cash-flow est égal à 350. Selon le calcul soustractif, il est égal à 1 000 (ventes) moins 650 (charges décaissables) ; selon le calcul additif, il est égal à 200 (résultat) plus 150 (dotations aux amortissements).

Le cash-flow ne se confond donc pas avec le résultat net de l'exercice ; une entreprise bénéficiaire encaisse non seulement le résultat net mais également l'équivalent monétaire des dotations aux amortissements. Ces dernières, qui constituent des charges dites non décaissables, ne donnent pas lieu à décaissement automatique dans la période où elles surviennent : ce décaissement sera effectué lors du remplacement des moyens de production usagés. Cependant, l'aisance de trésorerie que procure l'équivalent monétaire des amortissements n'est que momen-tanée : il faudra bien un jour ou l'autre remplacer les immobilisations ou disparaître ; à long terme, le cash-flow est donc équivalent au résultat.

Le cash-flow ne constitue qu'une mesure approximative du véritable flux de trésorerie d'exploitation, car il faut tenir compte des crédits accordés aux clients et par les fournisseurs ainsi que des achats stockés non consommés

J. R.

➙ Trésorerie

Cavalerie

Émission (frauduleuse) d'un effet de commerce établi entre des personnes qui ne se doivent rien, ou qui ne correspond pas à une véritable opération commerciale.

Supposons deux commerçants tous deux en difficultés financières ; ils peuvent se rendre mutuellement « service » en tirant l'un sur l'autre des effets de cavalerie et les escompter auprès de leur banque, c'est-à-dire demander à ces banques de leur acheter ces fausses reconnaissances de dettes

J. R.

➙ Escompte

CDD (contrat à durée déterminée)

Contrat de travail par lequel un employeur embauche un salarié pour une durée déterminée, par exemple pour une période de six mois.

Les contrats de travail à durée déterminée ne peuvent avoir pour objet ni pour effet de pourvoir durablement un emploi lié à l'activité normale et permanente de l'entreprise. Le terme du contrat doit être précisé dans le contrat de travail. En France, la durée maximale d'un CDD est de 18 mois, renouvellement compris. Une indemnité de précarité est due en fin de contrat par l'employeur au salarié (sauf en ce qui concerne les emplois saisonniers). Elle est fixée à la hauteur de 6 % de la rémunération globale perçue par le salarié.

Les CDD font partie des formes particulières d'emploi au même titre que le travail intérimaire ou le travail à temps partiel. Les CDD sont l'un des instruments de la flexibilité. Il s'agit pour les entreprises d'adapter la structure des effectifs salariés aux impératifs de la conjoncture économique. Cependant, l'existence de contrats à durée déterminée accentue la précarité face à l'emploi. Certains économistes évoquent à cet égard l'existence d'un dualisme du marché du travail entre des emplois traditionnels (CDI) et des emplois qualifiés d'atypiques (CDD, intérim, temps partiel)

J.-C. D.

➙ CDI, flexibilité