Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
C

Codéveloppement

Approche du développement qui met l'accent sur l'interdépendance Nord-Sud et sur la nécessité d'une coopération.

Ce terme a été abondamment utilisé lors du débat pour un nouvel ordre économique international (1975-1985). Le codéveloppement est alors conçu comme une politique de concertation (certains parlent même de coplanification, de coproduction) entre les pays du Nord et du Sud, visant une régulation des relations internationales, fondée sur une solidarité « éthique ». Les pays du Nord ont par ailleurs intérêt à cette concertation pour réduire les inégalités internationales, engendrées par le libre jeu des marchés, qui aggravent la crise mondiale.

À la fin des années 1990, le codéveloppement revient à l'ordre du jour dans le contexte de la mondialisation. Il garde deux attributs de son ancienne acception : le constat des interdépendances et la nécessité de régulations. Mais le concept est élargi à une dimension nouvelle : ces interdépendances ne sont pas fondées seulement sur la circulation des marchandises ou des capitaux, mais aussi sur celle des personnes. La régulation dans ce domaine doit rompre avec la politique d'« immigration zéro » des pays du Nord, jugée injuste et inefficace. Elle doit, au contraire, aider les migrants à être des acteurs du développement de leur pays d'origine, en organisant leur mobilité

B. L.

➙ Aide au développement

Cœur (Jacques)

Marchand, banquier et conseiller du roi Charles VII, qui accumula une fortune considérable au milieu du xve siècle.

Fils d'un marchand de Bourges, J. Cœur (1395-1456) y fréquenta la cour à la fin de la guerre de Cent Ans. Il entreprit en 1432 un voyage au Proche-Orient, où il découvrit la richesse des marchés égyptiens et syriens. Il constitua alors une flotte pour commercer avec le Levant : il exporta des draps, des armes, des métaux..., et importa des épices, des parfums, du coton, de la soie..., revendus avec un énorme bénéfice aux gens de cour, aux grands officiers et aux notables des nombreuses villes où il avait ouvert un comptoir. J. Cœur devint en 1440 argentier de Charles VII, fut anobli en 1441 et entra en 1442 au Conseil du roi. Il entreprit diverses réformes : suppression de péages intérieurs, assainissement monétaire, création d'un corps d'armée permanent... Mais son ascension sociale, ses acquisitions foncières, la construction de son palais à Bourges, les prêts qu'il accorda aux grands du royaume lui attirèrent de nombreux ennemis. Accusé de diverses malversations, il fut emprisonné en 1451 et ses biens furent saisis.

Le destin de J. Cœur illustre la dépendance des marchands de cette époque à l'égard du pouvoir royal et du pouvoir religieux, dont les commandes et la protection leur étaient nécessaires

P. B.

COFACE (Compagnie françaised'assurances du commerce extérieur)

Société d'assurances ayant vocation à garantir les sociétés françaises exportatrices contre des risques commerciaux ou politiques liés à leur activité.

Fonctionnant depuis 1946, au départ publique, la COFACE est devenue privée en 1994 à la suite de la privatisation de plusieurs de ses actionnaires (dont les AGF, Assurances générales de France). Le titre COFACE a été introduit à la Bourse de Paris en janvier 2000. La COFACE exerce une activité d'assurance-crédit pour le commerce extérieur, c'est-à-dire que, pour un faible coût, elle garantit les entreprises exportatrices (environ 60 000 clients agissant dans plus de 70 pays) contre certains risques, surtout celui des impayés. Sans cette garantie, les banques hésitent souvent à prêter à l'exportateur.

Les polices d'assurance de la COFACE varient en fonction de la durée de l'opération, du secteur d'activité ou du pays concerné : les primes requises pour vendre du matériel de haute technologie à la Russie sont plus onéreuses que celles concernant du prêt-à-porter pour Singapour. D'où les activités d'évaluation du « risque pays » (information commerciale et financière) menées par la COFACE.

Le risque peut simplement être commercial, à court terme : les importateurs de Russie ou de Singapour ne paient pas.

À plus long terme (par exemple la construction d'un barrage), l'exportateur risque que le pays soit victime d'un tremblement de terre, d'une révolution politique, de la décision soudaine de construire une centrale nucléaire plutôt qu'un barrage, d'une chute brutale du taux de change. Ces risques, appelés catastrophiques, politiques ou bien de non-paiement, sont couverts jusqu'à dix ans. Dans le cas du barrage, la COFACE gère une garantie publique pour le compte de l'État français

F. L.

➙ Assurance, commerce international

Cogestion

Partage du pouvoir de décision entre les dirigeants et les employés d'une organisation.

La cogestion constitue une forme à mi-chemin entre la simple participation à la gestion et l'autogestion, dans laquelle la direction de l'organisation est formellement soumise à un contrôle de l'ensemble de ses membres, directement ou indirectement, par l'intermédiaire d'un conseil élu par la base.

Le système allemand original de la Mittbestimmung (cogestion), lié à la notion d'économie sociale de marché, associe les représentants élus des salariés dans le conseil d'entreprise à certaines décisions sociales, économiques ou touchant l'emploi. La négociation collective est par contre effectuée essentiellement au niveau de la branche, sous la conduite des syndicats, qui y sont davantage en position de force que dans l'entreprise. En France, où le patronat est traditionnellement opposé à l'intervention des salariés dans la gestion, le comité d'entreprise élu n'a de rôle significatif que dans le domaine des activités sociales et culturelles

B. C.

➙ Allemagne, syndicat

Colbertisme

Politique industrialiste et dirigiste menée par Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), contrôleur général des Finances de Louis XIV.

Venu aux affaires en 1661, Colbert chercha à attirer l'or et l'argent grâce à un solde positif des échanges extérieurs, conformément à la pensée mercantiliste. Pour développer les exportations industrielles, il aida les manufactures existantes et en créa de nouvelles, dont certaines résisteront au temps, comme celles des Gobelins, de Sèvres, de Saint-Étienne... ou la Compagnie de Saint-Gobain. L'État accordait aux manufactures des monopoles, des privilèges fiscaux, et attirait les meilleurs ouvriers étrangers. Des tarifs douaniers élevés protégeaient la production nationale, et le Conseil du commerce, créé en 1664, organisait et coordonnait la production. Des inspecteurs contrôlaient les procédés de fabrication et la qualité des produits.