Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
R

Risque (suite)

Les « grands risques » sont ceux qui concernent une société au sens large : marées noires, accidents chimiques ou nucléaires, épidémies comme la « vache folle » ou le sida, catastrophes climatiques ou séismes, révolutions ou guerres. On parle aussi de « risque systémique » quand la faillite d'une très grosse entreprise, ou d'une banque, le défaut d'un grand pays mettent en danger l'ensemble du système financier international. La couverture de ces risques collectifs implique généralement les pouvoirs publics.

S. G.

➙ Assurance

Robinson (Joan)

Économiste britannique (1903-1983), défendant et prolongeant la théorie keynésienne.

Professeur à l'université de Cambridge, elle attaqua vivement dès 1931 la théorie d'Alfred Marshall, maître à penser des économistes néoclassiques. Puis ses analyses déterminantes au sein du Circus, groupe de jeunes économistes disciples de Keynes, aidèrent celui-ci à formuler sa Théorie générale. Elle entama ensuite une collaboration avec le Polonais Michal Kalecki, qui la fit se rapprocher de la pensée de Marx. Après la guerre, elle s'intéressa à la croissance et à l'accumulation du capital. Elle chercha en 1953 à généraliser la Théorie générale de Keynes en y intégrant une analyse du long terme, critiquant les visions néoclassiques de la nature du capital et de la répartition des revenus (controverse des deux Cambridge). Elle resta fidèle au message radical de Keynes.

Son franc-parler et ses formules assassines lui valent tout à la fois respect et inimitiés. Rare femme économiste, elle demeure un symbole de l'hétérodoxie

E. L. H.

➙ Concurrence, (J. M.) Keynes

Rockefeller (John Davison)

Entrepreneur américain (1839-1937), ayant amassé une immense fortune dans l'industrie pétrolière.

Il fut le premier à pressentir l'avenir de cette industrie et fonda dès 1862 (à vingt-trois ans) une première entreprise pétrolière, puis il créa en 1870 la Standard Oil Company. Il s'associa ensuite avec les entreprises de raffinage de Cleveland, passa des accords secrets avec des compagnies de chemin de fer pour obtenir des tarifs de transport plus faibles que ses concurrents, contrôla les grandes raffineries de Pittsburgh, de Philadelphie, de New York et de Baltimore, ainsi que la plupart des compagnies de transport du pétrole.

Il fut condamné en 1892, en application des lois antitrust, mais refusa de céder. Il fallut un second jugement, en 1899, pour qu'il accepte l'éclatement de la Standard Oil, qui ne sera effectif qu'après un troisième arrêt de la Cour suprême, en 1911

P. B.

➙ Trust

ROE (Return on investment, en français retour sur investissement)

Ratio exprimant le rendement du capital employé.

Notion utilisée depuis les années 90, le ROE exprime la montée de la « création de valeur pour l'action-naire », en d'autres termes, l'importance croissante du financement des entreprises par la Bourse. Comme l'écrit Érik Izraelewicz (in le Capitalisme zinzin, 1999), « chaque projet d'investissement (d'une société) est évalué à partir de la valeur qu'il est susceptible de créer, de son rendement par rapport au capital qu'il mobili- sera »

P. B.

➙ Bourse, entreprise

Rostow (Walt Whitman)

Économiste américain (né en 1916), inventeur du concept de take-off, étape selon lui décisive du développement économique.

Dans son principal ouvrage, les Étapes de la croissance économique (1960), W.W. Rostow considère que les pays aujourd'hui développés ont connu cinq étapes dans leur histoire.

• La première étape fut celle de la société traditionnelle essentiellement agricole et « pré-newto-nienne », car ne connaissant aucun essor des sciences et des techniques.

• Durant la deuxième étape s'accumulèrent les conditions préalables au démarrage : les mentalités évoluèrent, de nouvelles techniques émergèrent, l'État améliora les infrastructures, des entrepreneurs apparurent...

• La troisième étape fut celle du take-off, ou décollage : l'économie put amorcer son développement grâce à un taux d'investissement supérieur à 10 % du revenu national, et à des industries motrices aux effets entraînants pour le reste de l'économie (coton, chemin de fer...).

• La quatrième étape fut celle de la marche vers la maturité : la technologie moderne se généralisa, de nouvelles industries apparurent, le secteur agricole devint secondaire.

• La cinquième étape est celle de la consommation de masse, durant laquelle les besoins essentiels de la population sont satisfaits, et où l'État providence peut orienter une partie des ressources nationales vers l'amélioration du bien-être collectif. On tendrait ainsi vers une ère de l'opulence.

Selon Rostow, tous les pays pourraient connaître une telle évolution, y compris ceux du tiers-monde. Pour les marxistes, auxquels Rostow voulait s'opposer, cette analyse n'explique pas l'émergence du capitalisme et nie le rôle joué par l'impérialisme dans son développement. Divers historiens contestent d'autre part l'existence d'une courte période de décollage, le développement économique étant à leurs yeux le produit d'un processus long et régulier

P. B.

➙ Capitalisme, féodalisme, révolution industrielle

Rotation

Mesure du poids des capitaux par rapport aux ventes de la période considérée.

À taux de profitabilité (bénéfice sur ventes) constant, l'augmentation de la rotation des capitaux augmente la rentabilité. Si deux entreprises A et B ont des capitaux d'une même valeur globale égale à 1 000, si les ventes de A sont égales à 1 000 et celles de B à 2 000, la rotation des capitaux de l'entreprise A est égale à 1, et celle de B, à 2. On peut dire que tout se passe comme si les capitaux de B étaient transformés en ventes deux fois plus vite que ceux de A : leur rotation est double.

La mesure de la rotation des capitaux est une des composantes essentielles de celle de la rentabilité. Toute chose égale par ailleurs, plus la rotation est rapide, plus la rentabilité est élevée ; en effet, la rentabilité est le produit de la profitabilité (taux de marge) par la rotation : Rentablité [Résultat/Capitaux] = Profitabilité [Résultat/Ventes] x Rotation [Ventes /Capitaux]

J. R.

Rothschild (famille)

Famille de banquiers d'origine allemande, ayant joué un rôle majeur en Europe au début du xixe siècle.