Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
R

Rendements d'échelle (suite)

Enfin, les rendements constants caractérisent les activités de service, avec un coût moyen qui ne dépend presque pas du volume de la production ; il en coûte tant pour fabriquer un nouveau logiciel de jeux, quel que soit le nombre de jeux déjà inventés.

Ces notions sont importantes car on démontre que, dans les branches à rendements constants ou décroissants, la concurrence permet de satisfaire au mieux l'intérêt général, alors que, dans les branches à rendements croissants, il conviendrait, en théorie, que ne subsiste qu'une seule entreprise, la plus efficace ; c'est ce qu'on appelle un « monopole naturel »

F. E.

➙ Concurrence, coût, monopole, production

Rentabilité

En comptabilité : rapport comportant au numérateur un revenu obtenu au cours d'une période donnée et au dénominateur les capitaux engagés pendant la même période pour obtenir ce revenu. En gestion financière, le « taux interne de rentabilité » (TIR) d'un investissement est le taux d'actualisation qui permet d'égaler le capital investi dans une entreprise aux flux de trésorerie qu'il lui procure.

(en comptabilité)

Selon le revenu et les capitaux considérés, il existe des expressions diverses de la rentabilité, variant en fonction du système économique et des acteurs considérés. Dans le système capitaliste, l'expression la plus connue de la rentabilité est la rentabilité des capitaux propres (ces derniers sont, pour l'essentiel, la somme du capital et des réserves), souvent appelée rentabilité « financière » : c'est une mesure de la performance du point de vue des propriétaires de l'entreprise, égale au rapport entre le résultat (net d'impôt) qui leur revient et les capitaux propres qu'ils ont engagés.

Il est fréquent en France de calculer un indice extrêmement général de rentabilité en comparant la valeur ajoutée dégagée par l'entreprise à la masse de capitaux engagés. Toute dégradation de ce ratio influe a priori sur la situation de toutes les parties prenantes de l'entreprise (salariés, propriétaires, prêteurs, État).

Dans l'ensemble, l'augmentation du taux de rentabilité financière (des propriétaires) reste l'objectif principal des entreprises.

(en gestion financière)

Supposons qu'au début de l'année N on investisse une somme de 1 000 dans une entreprise donnée ; supposons que cet investissement dure un an et que, au bout de cette période, il génère un flux de trésorerie égal à 1 100. Le TIR est le taux d'actualisation qui permet d'égaler 1 100 à 1 000, ou encore le taux de placement du capital de 1 000 qui permet de générer un revenu net égal à 100, soit 10 %. Un comptable aurait obtenu le même taux en comparant le bénéfice de la période (100) au capital investi (1 000).

L'identité du TIR et du taux de rentabilité comptable est plus difficile à établir quand il y a plusieurs périodes, mais elle reste vraie. La rentabilité comptable et le TIR calculé par les financiers participent donc de la même philosophie sous des formes différentes

J. R.

Rente

Revenu perçu par le propriétaire d'un bien rare, dont le prix ne dépend pas de l'effort fourni par son détenteur pour le mettre en valeur, ni du risque encouru.

Initialement, le terme de rente a caractérisé le revenu des propriétaires du sol, ressource dont la quantité disponible ne se réduit pas avec son usage et ne peut être augmentée si son prix s'élève, contrairement aux autres biens ou services.

On a ensuite étendu l'usage de ce terme à tout élément (lieux particulièrement bien situés, talent naturel, entreprise bénéficiant d'un monopole...) apportant à son détenteur un revenu provenant de sa rareté. On parle alors de « rente de situation », laquelle peut cependant s'avérer temporaire (quasi-rente) si, par exemple, un monopoleur voit naître une firme concurrente.

Que représente la rente aujourd'hui en France ?

Mesurer la rente n'est pas chose aisée, car elle dépend du sens que l'on donne à ce terme, et n'est pas appréhendée en tant que telle par la comptabilité nationale.

Si on limite la rente aux revenus perçus par les propriétaires du sol (terrains et gisements), celle-ci s'élèverait à moins de 30 milliards de francs en 1997 (soit moins de 0,4 % du produit intérieur brut total).

Par contre, les revenus que les ménages perçoivent en louant des logements représentaient la même année environ 166 milliards de francs (soit environ 2 % du PIB).

On peut ajouter à ces revenus ceux qui sont procurés par la détention de titres peu risqués (comme les obligations), par des dépôts sur des comptes « sur livret », ou encore par les intérêts relatifs aux contrats d'assurance-vie... Leur montant était de l'ordre de 350 milliards de francs en 1997 (soit environ 4,3 % du PIB).

Mais on peut aussi considérer que, dans une certaine mesure, il existe également une « rente financière » touchée par les agents qui reçoivent des dividendes en tant que propriétaires d'actions. Ceux-ci ont certes pris le risque d'acheter des titres au revenu incertain, mais la plupart se contentent de toucher passivement des dividendes sans participer à la gestion des entreprises ni se préoccuper de leur développement. En 1997, les dividendes reçus par les différents détenteurs d'actions s'élevaient à 734 milliards de francs (soit près de 9 % du PIB).

Ces chiffres peuvent paraître modestes, comparés au montant de la rémunération des salariés (environ 4 200 milliards en 1997, soit 51 % de la valeur ajoutée). Mais l'ensemble des revenus pouvant être considérés comme une rente au sens large représente tout de même plus de 15 % du PIB.

P. B.

« La mise en Pinay précède de peu la mise en bière »

La rente désigne aussi dans le langage courant le revenu d'un titre émis par une entreprise ou par l'État (« rente Pinay ») : elle est constituée alors d'une série d'annuités de remboursements comprenant le montant des intérêts déterminés à l'avance. Dans le cas des rentes d'État, les revenus sont généralement élevés et assortis de garanties diverses (indexation sur l'or, exonération fiscale, transmissibilité aux héritiers sans frais...), qui en font des placements de « pères de famille », lucratifs et sans risques.