Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
R

Revenu national

Somme des revenus reçus par l'ensemble des agents économiques d'un pays.

Le revenu national d'un pays se compose de grands types de revenus perçus par les divers agents économiques (salaires, profits et impôts principalement). En comptabilité nationale française, le revenu national (dit au prix du marché) s'obtient en soustrayant du produit intérieur brut (égal au montant des revenus distribués à l'intérieur du territoire national) la consommation de capital fixe (mesurant l'usure des moyens matériels de production durant la période), les impôts versés aux institutions européennes, et en ajoutant les revenus nets du travail, de la propriété et de l'entreprise reçus du reste du monde

P. B.

Revenu permanent

Revenu moyen prévu par un individu pour le futur et lui servant de référence pour déterminer son niveau de consommation.

Ce concept a été introduit par M. Friedman pour critiquer l'approche keynésienne de la consommation. Toute injection de revenus par l'État n'aurait pas l'effet de relance escompté par les keynésiens car cette hausse des revenus, étant transitoire et imprévisible, n'est pas intégrée dans le calcul du revenu permanent. N'ayant pas prévu ces revenus supplémentaires, les ménages les consacrent à l'épargne et non à la consommation

P. L.

➙ Épargne, (J. M.) Keynes, propension à consommer, richesse

Revenu universel

Revenu versé sans conditions à tous les membres d'une société, indépendamment de leur travail.

L'idée de verser à chaque citoyen un revenu qui corresponde simplement à son appartenance à une société riche, et non au fait de travailler ou de souffrir d'un handicap social (vieillesse, maladie, chômage), existe depuis longtemps. Au xviiie siècle, Thomas Paine avait déjà formulé une proposition de ce genre. Appelé aussi revenu d'existence, allocation universelle ou impôt négatif (et en anglais basic income), ce transfert social fait l'objet de réflexions poussées, y compris chez des économistes qui n'ont rien d'utopistes rêveurs. L'État providence a en effet montré ses limites : malgré l'enrichissement constant des économies, il n'a pas empêché entre 10 et 20 % de la population de végéter dans la pauvreté. En versant une allocation inconditionnelle, on éviterait aux plus faibles de rester coincés dans le « piège du chômage » faisant qu'un titulaire du RMI qui reprend un emploi perd des avantages sociaux. Le coût du revenu universel est cependant dissuasif : donner 1 600 francs par mois à chaque Français représenterait 14 % du PIB, quatre fois plus que le total des allocations actuelles

S. G.

➙ Impôt négatif, pauvreté, revenu minimum

Révolution industrielle

Période décisive de transformation des techniques de production et des rapports sociaux, constituant la première étape du développement du capitalisme moderne.

Le terme de révolution industrielle désigne généralement les transformations profondes que connut la Grande-Bretagne à la fin du xviiie siècle. Durant les années 1780-1830, en effet, celle-ci fut le lieu de diverses innovations techniques, qui touchèrent d'abord le secteur textile (construction de nouveaux métiers à filer et à tisser, puis utilisation de la machine à vapeur mise au point par Watt en 1782) et le travail des métaux (substitution du charbon de terre au charbon de bois pour la fabrication de la fonte, « puddlage » breveté par Henry Cort en 1784 pour améliorer la qualité de l'acier...). L'invention de la locomotive à vapeur et le développement du chemin de fer permirent ensuite à l'industrialisation d'entrer dans une phase nouvelle de développement continu.

Parallèlement, les rapports sociaux changèrent de nature. Auparavant, la production « industrielle » s'effectuait grâce au travail artisanal réalisé dans de petites échoppes familiales, au filage et au tissage domestiques effectués souvent dans les campagnes et dans les manufactures réunissant sur le même lieu de travail des ouvriers payés à la tâche. La révolution industrielle provoqua l'emploi massif de travailleurs salariés (anciens paysans ou artisans ruinés), qui n'étaient plus propriétaires ni de leur outil de travail ni du produit de leur travail : le capitalisme industriel voyait le jour.

Durant le xixe siècle, l'opposition s'accentuera entre les détenteurs du capital (chefs d'entreprise ou acheteurs d'actions émises en Bourse) et le nombre croissant des ouvriers, dont les moins qualifiés ne recevaient qu'un salaire de subsistance les contraignant à faire travailler leurs enfants, et dont les conditions de travail n'étaient réglementées par aucune disposition légale. Il faudra attendre le troisième tiers du siècle pour que la révolution industrielle devienne réellement porteuse d'une amélioration des conditions de vie pour l'ensemble des populations.

Révolution ou évolution continue ?

Pour certains historiens, il y aurait eu auparavant d'autres « révolutions industrielles » : selon Jean Gimpel, il se serait produit à l'époque féodale une évolution substantielle des techniques agricoles et industrielles (rôle des moulins...) ; de même, John Nef parle de révolution industrielle anglaise fin xvie-début xviie siècle. On emploie aussi ce terme à propos de l'apparition de l'électricité, de l'automobile, de l'atome, aujourd'hui de l'ordinateur ou de nouvelles techniques de communication.

D'autres historiens minimisent l'importance des phénomènes apparus à la fin du xviiie siècle : ils considèrent que les transformations structurelles des économies européennes avaient commencé plus tôt dans le siècle, et qu'elles se poursuivront d'une façon quasi permanente au xixe et au xxe siècle. La révolution industrielle serait donc un processus ininterrompu, connaissant cependant des phases d'accélération et des phases de ralentissement

P. B.

➙ Capitalisme, Grande-Bretagne, manufacture

Ricardo (David)

Financier, homme politique et économiste britannique (1772-1823).

Ricardo est d'abord un courtier opérant sur le marché financier de Londres : il y bâtit sa fortune, notamment en plaçant les emprunts d'État anglais destinés à financer la guerre contre la France. Peu après la fin des guerres napoléoniennes, il se retire des affaires et devient un membre du Parlement écouté en matière financière, monétaire et économique.