Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Société (suite)

Quatrième question : quel est le risque encouru par les sociétaires ?

Depuis l'Empire romain jusqu'à la Renaissance, les sociétés étaient essentiellement à risques illimités : cela signifie que tous les associés répondent des pertes vis-à-vis des créanciers, non seulement sur les biens de la société mais aussi sur leurs biens personnels. Ce type de société, représentée actuellement par la société en nom collectif (SNC) et (partiellement) par la société en commandite, est devenue minoritaire. Au terme de l'évolution du capitalisme, la plupart des sociétés sont à responsabilité limitée, comme sont la SARL et la SA (société anonyme).

Dans toutes ces sociétés, les associés ne peuvent perdre, au maximum, que le capital qu'ils ont investi sur leurs économies antérieures.

J. R.

➙ Capitalisme, entreprise, profit

Solde (comptable)

Différence entre les montants comptabilisés aux deux côtés (débit et crédit) d'un compte.

J. R.

➙ Comptabilité, compte, crédit, débit, emploi, ressource

Solow (Robert)

Économiste américain (né en 1924), professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), prix Nobel en 1987 pour ses travaux sur la croissance économique.

Très proche de Paul Samuelson, il est partisan comme lui de l'économie mixte qu'il a contribué à développer en étant conseiller, dans les années 1960, des présidents J. Kennedy et L. Johnson. Adepte de la synthèse néoclassique, qui combine les idées keynésiennes dans le court terme aux préceptes libéraux dans le long terme, il expose dans un article de 1956 ce qui est devenu le modèle canonique néoclassique de croissance. C'est la flexibilité des combinaisons entre capital et travail qui rend possible une croissance équilibrée, dont la source se trouve dans le progrès technique. Il est le promoteur, avec Samuelson, de l'utilisation de la courbe de Phillips pour guider la politique économique consistant à choisir entre inflation et chômage.

P. L.

➙ Croissance endogène, équilibre, keynésianisme, libéralisme économique

Sous-traitance

Opération par laquelle un entrepreneur (le donneur d'ordre) confie à un autre entrepreneur (le sous-traitant) la réalisation d'une partie du travail destiné à ses propres clients.

Une entreprise sous-traitante est liée par contrat à son donneur d'ordre, et exécute le travail qui lui est demandé en fonction de ses directives. Pour la construction d'un bâtiment, par exemple, l'entrepreneur chargé des travaux peut sous-traiter certaines parties de son chantier (la plomberie, l'électricité...) à une société spécialisée.

La sous-traitance peut intervenir de façon ponctuelle ou permanente. Dans l'automobile, par exemple, les constructeurs réalisent eux-mêmes les pièces sensibles (souvent les moteurs) ainsi que l'assemblage des véhicules, mais les autres parties (sièges, essuie-glaces, systèmes de freins) sont fabriquées par des sous-traitants selon les spécifications reçues.

Les sous-traitants sont traditionnellement des entreprises petites ou moyennes. Très dépendants de leurs puissants donneurs d'ordres, ils n'ont guère les moyens de négocier leurs prix, ce qui peut peser sur leur rentabilité. Mais la situation évolue. Les constructeurs d'automobiles ont, ces dernières années, demandé d'importants efforts de productivité à leurs sous-traitants, qui se sont regroupés afin de constituer des ensembles industriels capables de réaliser des économies d'échelle ; on les qualifie alors d'équipementiers, car leur production représente une partie importante du véhicule à construire.

Une grande partie du tissu industriel est constitué d'entreprises sous-traitantes. Tous secteurs confondus, environ 18 % de la production européenne serait réalisée en sous-traitance.

A.-M. R.

➙ PME

Spéculation

Pari sur l'évolution à la hausse ou à la baisse d'un actif financier ou d'un bien matériel.

Les investisseurs misent, par exemple, sur la flambée de l'immobilier, sur l'engouement pour les œuvres d'art, ou tout autre bien susceptible d'être échangé. Sur les marchés boursiers et financiers, la spéculation s'est amplifiée au milieu des années 1980, dopée par le développement des produits dérivés, qui permettent avec une mise de départ faible d'engranger des bénéfices conséquents mais aussi de subir des pertes importantes.

L'excès de spéculation débouche souvent sur un krach. Le premier krach des Temps modernes s'est déroulé à Amsterdam en février 1637, et il concernait le marché... des tulipes. Le mécanisme n'a guère changé depuis. Au départ, ces fleurs exotiques importées de Turquie avaient séduit un public restreint d'amateurs fortunés. Mais ce plaisir élitiste allait bientôt déboucher sur un mouvement de mode, qui entraîna à son tour une spectaculaire explosion de la demande, doublée d'une envolée de la courbe des prix, portée par la spéculation. Les spéculateurs se mirent à revendre au plus offrant leurs bulbes qui fleurissaient plusieurs années de suite. Avec leurs bénéfices, ils réinvestirent aussitôt, dans l'espoir de réussir un nouveau coup, et la hausse des prix s'accéléra. Ne pouvant répondre à la demande, ils inventèrent une nouvelle technique, le contrat pour livraison future, équivalent aujourd'hui du contrat à terme, ou « future ». L'euphorie collective culmina. Subitement, les banquiers réalisèrent que les prix étaient déconnectés de la valeur réelle de la tulipe, qu'il s'était créé ce qu'on appelle aujourd'hui une bulle financière, risquant alors d'exploser. Voulant sortir les premiers, ils se mirent à vendre. Ce mouvement, amplifié par des rumeurs alarmistes, provoqua la panique. Les prix s'effondrèrent. Au final, des milliers de fortunes édifiées en quelques mois furent balayées en quelques heures, et des centaines de milliers d'épargnants perdirent toutes leurs économies. Ce fut le cas notamment d'un jeune peintre, un certain Rembrandt.

La faillite comme moyen de sécurité

Actuellement, face à la surévaluation manifeste des marchés financiers, les autorités de supervision s'avouent incapables de réguler le phénomène. Or, les crises financières de 1997 en Asie et de 1998 en Russie, avec leurs répercussions sur les marchés de produits dérivés américains, ont montré que la spéculation faisait désormais courir un risque à tout le système financier international, et que les spéculateurs, le sachant, prenaient tous les risques, persuadés qu'ils seraient sauvés de la faillite en cas de krach. Cette situation dangereuse est appelée en anglais moral hazard (traduit par « aléa moral » en français).