Pari sur l'évolution à la hausse ou à la baisse d'un actif financier ou d'un bien matériel.
Les investisseurs misent, par exemple, sur la flambée de l'immobilier, sur l'engouement pour les œuvres d'art, ou tout autre bien susceptible d'être échangé. Sur les marchés boursiers et financiers, la spéculation s'est amplifiée au milieu des années 1980, dopée par le développement des produits dérivés, qui permettent avec une mise de départ faible d'engranger des bénéfices conséquents mais aussi de subir des pertes importantes.
L'excès de spéculation débouche souvent sur un krach. Le premier krach des Temps modernes s'est déroulé à Amsterdam en février 1637, et il concernait le marché... des tulipes. Le mécanisme n'a guère changé depuis. Au départ, ces fleurs exotiques importées de Turquie avaient séduit un public restreint d'amateurs fortunés. Mais ce plaisir élitiste allait bientôt déboucher sur un mouvement de mode, qui entraîna à son tour une spectaculaire explosion de la demande, doublée d'une envolée de la courbe des prix, portée par la spéculation. Les spéculateurs se mirent à revendre au plus offrant leurs bulbes qui fleurissaient plusieurs années de suite. Avec leurs bénéfices, ils réinvestirent aussitôt, dans l'espoir de réussir un nouveau coup, et la hausse des prix s'accéléra. Ne pouvant répondre à la demande, ils inventèrent une nouvelle technique, le contrat pour livraison future, équivalent aujourd'hui du contrat à terme, ou « future ». L'euphorie collective culmina. Subitement, les banquiers réalisèrent que les prix étaient déconnectés de la valeur réelle de la tulipe, qu'il s'était créé ce qu'on appelle aujourd'hui une bulle financière, risquant alors d'exploser. Voulant sortir les premiers, ils se mirent à vendre. Ce mouvement, amplifié par des rumeurs alarmistes, provoqua la panique. Les prix s'effondrèrent. Au final, des milliers de fortunes édifiées en quelques mois furent balayées en quelques heures, et des centaines de milliers d'épargnants perdirent toutes leurs économies. Ce fut le cas notamment d'un jeune peintre, un certain Rembrandt.
La faillite comme moyen de sécurité
Actuellement, face à la surévaluation manifeste des marchés financiers, les autorités de supervision s'avouent incapables de réguler le phénomène. Or, les crises financières de 1997 en Asie et de 1998 en Russie, avec leurs répercussions sur les marchés de produits dérivés américains, ont montré que la spéculation faisait désormais courir un risque à tout le système financier international, et que les spéculateurs, le sachant, prenaient tous les risques, persuadés qu'ils seraient sauvés de la faillite en cas de krach. Cette situation dangereuse est appelée en anglais moral hazard (traduit par « aléa moral » en français).