Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
I

Informatique (suite)

Le mot « informatique » a été proposé en 1962 par Philippe Dreyfus pour caractériser le traitement automatique de l'information. Ce terme a été accepté par l'Académie française en avril 1966, avec la définition suivante : « Science du traitement rationnel, notamment par machines automatiques, de l'information considérée comme le support des connaissances dans les domaines scientifique, économique et social. »

Mais l'informatique n'avait pas attendu d'avoir un nom français pour exister. Elle est née avec les ordinateurs, mot lui-même inventé par IBM France en 1955, pour qualifier une machine qui vit le jour en Grande-Bretagne en 1943. Le premier ordinateur s'appelait Colossus 1. Toutefois, sa notoriété resta très inférieure à celle de l'ENIAC, achevé en Pennsylvanie en 1946 par John Mauchly et Prosper Eckert, grâce aux financements de l'armée américaine.

Du calcul à la communication

Comme cela est souvent le cas, cette technologie née pour des applications militaires, puis longtemps cantonnée à des applications scientifiques, irrigue maintenant presque tous les domaines d'activité. L'ordinateur continue certes de servir à calculer mais il sert aussi et surtout à écrire des textes, à gérer une entreprise, à stocker et à transmettre des informations de toute nature. Les ordinateurs sont de plus en plus connectés entre eux par le biais de réseaux. L'informatique devient donc intimement liée aux télécommunications.

L'invention des micro-ordinateurs est à l'origine de cette banalisation. L'un des premiers micro-ordinateurs, le Micral, fut construit en France en 1975 par une petite société, R2E. Mais il ne connut pas de notoriété mondiale, à la différence des machines américaines Apple puis PC (personal computer) d'IBM. Selon le Computer Industry Almanac, le nombre total de PC utilisés dans le monde en 1998 était de 364 millions. Début 1999, Compaq était en tête de ce marché avec une part de 14,5 % ; il était suivi de Dell et d'IBM.

L'informatique est un secteur d'activité qui regroupe tant les fabricants d'ordinateurs ou de périphériques (imprimantes, lecteurs de disques durs, écrans…) que les éditeurs de logiciels. En matière de logiciels, on distingue les logiciels de base des logiciels d'application. Microsoft, premier éditeur mondial de logiciels, doit sa réussite à son premier produit, un logiciel de base, le MS-DOS (Microsoft Disk Operating System), logiciel d'exploitation des PC. Mais il s'est depuis diversifié en produisant de nombreux logiciels d'application (traitement de textes, tableurs, etc.).

Outre les éditeurs de logiciels, les sociétés de services et d'ingénierie en informatique (SSII, dire « SS2I ») créent des programmes sur mesure ou utilisent des logiciels du marché, créés par les éditeurs de logiciels, pour répondre aux besoins spécifiques de leurs clients dans les entreprises.

Dans une entreprise, le service informatique est celui qui gère le parc informatique, développe les applications nécessaires aux différents services. Il a de plus en plus recours à la sous-traitance, en confiant certains développements aux SSII ; certaines firmes vont jusqu'à confier toute la gestion de leur informatique à des sociétés spécialisées dites de facilities management.

De la conception au service

Pour pallier la baisse de leurs marges, due à l'intensification de la concurrence, les constructeurs d'ordinateurs réalisent de plus en plus de service informatique. IBM Global Service est ainsi la première société de service du monde, loin devant EDS et Cap Gemini. Ce phénomène a aussi poussé les SSII à redéfinir leurs frontières, en se développant sur le marché du conseil (définition de schéma directeur informatique, conseil en organisation). D'autant qu'à la programmation de logiciels sur mesure, génératrice de fortes marges, s'est de plus en plus substitué l'achat de logiciels standards (progiciels de comptabilité, de paie, etc.).

En France, le chiffre d'affaires total des SSII et éditeurs de logiciels a atteint 95,6 milliards de francs en 1998, en progression de 19,5 % sur l'exercice précédent.

A. K.

➙ Communication, information/médias, réseaux

Initié (délit d')

Un initié est une personne ayant connaissance d'informations confidentielles dans le cadre de son activité et qui en profite pour acheter ou vendre des titres de la société concernée avant tout le monde.

Il est interdit ainsi aux dirigeants d'une société d'acheter ou de vendre des actions de leur firme avant la publication des résultats. S'ils présentent un bénéfice en hausse, l'action a de fortes chances de grimper et s'ils achètent avant l'annonce officielle, ils profiteront mieux que les autres de la progression des cours. La fin des années 1980 a été marquée à l'échelon international par des scandales retentissants d'insider trading (délit d'initié, en anglais), liés à l'expansion des marchés financiers. En contrepartie se sont développées des politiques d'entraide entre les autorités boursières des différents pays comme la COB et la SEC américaine pour lutter contre les délits d'initié et les fraudes. Le plus célèbre des initiés fut, aux États-Unis, le financier Michael Milken. En novembre 1990, il a été condamné à dix ans de prison ferme et à 200 millions de dollars d'amende pour infractions graves à la réglementation boursière

D. G.

➙ Bourse, COB

Innovation

Mise en œuvre d'un procédé ou d'un produit nouveaux en vue de conquérir un marché.

La notion d'innovation recouvre des réalités variées. Toutes les innovations n'ont pas la même importance : certaines sont dites radicales (le micro-ordinateur), d'autres mineures car elles ne font qu'améliorer un dispositif existant (le changement de processeur sur un micro). L'innovation peut être technologique (un produit ou un procédé) ou organisationnelle (un nouveau système de financement ou de distribution des produits). Dans les services, les innovations importantes sont plutôt organisationnelles (l'hypermarché dans le commerce) et, dans l'industrie, plutôt technologiques.

La mondialisation de la concurrence et la rotation accélérée des produits font de l'innovation une condition de survie. En 1997, 25 % du chiffre d'affaires des entreprises industrielles est, en France, formé de produits ayant moins de 3 ans d'âge. Une entreprise sur deux a innové technologiquement entre 1994 et 1996 dans les services de télécommunications, d'informatique et d'ingénierie. Des secteurs sont plus innovants que d'autres : les entreprises sont moins innovantes en produit dans le textile-habillement (11,3 % des entreprises en 1997) que dans l'automobile ou les équipements du foyer (44, 2 % et 36,7 %).