Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
H

Hicks (John Richard) (suite)

Tous ses travaux portent en effet sur le fonctionnement d'une économie de marché. Dans Valeur et Capital (1939), il a développé l'approche de la demande des consommateurs en insistant sur le fait qu'ils peuvent toujours substituer un bien à un autre lorsque leurs prix respectifs se modifient. Il a surtout introduit la pensée du Français Léon Walras dans le monde anglo-saxon, en proposant une transcription de la théorie keynésienne toute récente dans un modèle composé de trois marchés interdépendants (biens et services, monnaie, capital). Ce modèle, dit modèle IS-LM dans le jargon des économistes, permet de voir comment l'équilibre de cette économie de marchés se trouve modifié selon les choix de politique économique monétaire ou budgétaire de l'État. Par la suite, il a appliqué son art de la synthèse à la théorie des fluctuations et de la croissance. Il a joué un rôle important dans la distinction entre marchés à prix fixes et marchés à prix flexibles. Il a aussi proposé une théorie de l'histoire économique fondée sur le développement du marché

P. L.

➙ Cycle économique, déséquilibre, équilibre, (J. M.) Keynes, keynésianisme, microéconomie, synthèse néoclassique, (L.) Walras

Hirschman (Albert O.)

Économiste américain, d'origine allemande (né en 1915), dont les travaux, au-delà de l'économie, concernent également la philosophie et l'histoire des idées.

Travaillant d'abord sur les questions du développement, il a élargi sa réflexion à de multiples domaines. Il a notamment étudié la genèse de la notion d'intérêt (les Passions et les Intérêts, 1977) pour montrer que la rationalité économique n'est pas l'unique critère guidant les comportements. Il a aussi insisté sur la « prise de parole » (voice) comme moyen pour l'individu de manifester son refus d'une situation et son souhait de changement, ainsi que sur la loyauté, par opposition à la « défection » (exit), que privilégie la théorie néoclassique (Exit, Voice and Loyalty, 1970)

P. U.

Hobson (John Atkinson)

Économiste anglais (1858-1940), qui explique les crises du capitalisme par les inégalités de revenus.

Selon Hobson, les plus riches épargnent trop, alors que la faiblesse des salaires limite la consommation des ouvriers, ce qui provoque une insuffisance de la demande. La crise pousse alors les pays capitalistes à trouver une solution dans la conquête impérialiste de marchés extérieurs. Hobson prolonge ainsi la théorie de la sous-consommation de Malthus et de Sismondi, annonce celle de Keynes, sans adhérer à la problématique de Marx.

Il influença pourtant les théoriciens marxistes de l'impérialisme, Lénine et Rosa Luxemburg. Ses ouvrages principaux sont l'Impérialisme (1902), le Système industriel (1910) et l'Économie du chômage (1922)

P. B.

Holding

Société dont l'objet est de contrôler d'autres sociétés, appelées filiales, en détenant des participations dans leur capital.

Ainsi, le holding Bouygues détient :

• 100 % de Bouygues Construction, qui possède à son tour 100 % de Bouygues Bâtiment et 100 % de Bouygues Travaux publics ;

• 73 % de la SAUR (Gestion de services publics), qui détient 100 % de SAUR International ;

• 40 % de TF1, qui détient 25 % du bouquet satellite TPS et 34 % d'Eurosport ;

• 21 % de Bouygues Télécom...

On appelle groupe l'ensemble formé par la société holding et ses filiales. Le holding peut n'être qu'un portefeuille de participations ou posséder une activité propre (gestion de ressources communes).

Un des objectifs principaux du recours au holding est de contrôler une société en minimisant les capitaux engagés. Pour prendre totalement le contrôle d'une société X, il suffit que son capital soit détenu à 51 % par un holding dont le repreneur détient seulement 51% des parts. Celui-ci contrôle la société X en détenant seulement 26 % de son capital (51 % x 51 %).

Le holding joue également le rôle de marché financier interne en permettant une réallocation des fonds entre plusieurs sociétés selon les opportunités d'investissement

A. R.

➙ Actionnaire, concentration, participation, portefeuille

Homo oeconomicus

Individu rationnel et calculateur, sans passé et sans passions, tel que les économistes l'imaginent dans leurs raisonnements abstraits.

Cet individu cherche donc à maximiser son bien-être – s'il s'agit d'un consommateur – ou son profit – s'il s'agit d'un entrepreneur – et à minimiser ses dépenses ou ses coûts. L'hypothèse associée à l'« homo oeconomicus » suppose qu'il existe une rationalité économique universelle, identique quelles que soient les cultures et les époques, et que celle-ci repose sur le calcul du gain individuel

F. E.

➙ Microéconomie

Hyperinflation

Accélération incontrôlable de la hausse de l'ensemble des prix.

L'hyperinflation est un phénomène qui touche le plus souvent des pays du tiers-monde, où le taux d'inflation peut atteindre 100 ou 200 % durant une année.

Elle s'explique généralement par une création inconsidérée de moyens de paiement et par de fortes hausses des rémunérations, qui se traduisent par un déficit considérable des échanges extérieurs, car la production locale ne peut satisfaire cette demande excédentaire. Il s'ensuit une dépréciation de la valeur de la monnaie et une inflation importée, puisque la baisse de la valeur de la monnaie du pays enchérit le coût de ses importations.

L'Allemagne a aussi connu l'hyperinflation en 1923 : la création monétaire importante des années de guerre et les réparations exigées par les vainqueurs provoquèrent une dérive inflationniste, entretenue par les autorités désireuses de prouver que l'Allemagne ne pouvait pas payer. Après l'occupation de la Ruhr par les troupes franco-belges, l'inflation atteignit en Allemagne des proportions astronomiques : un dollar qui valait 13 marks en 1921 en valait 4 200 milliards fin 1923 ! On revenait à une économie de troc, et le dollar remplaçait le mark pour les transactions importantes. Mais la situation se rétablit rapidement dès 1924-1925, grâce à l'émission d'une nouvelle monnaie gagée sur le patrimoine national, à une importante aide financière internationale et au départ des ministres socialistes. Cela redonna confiance aux milieux financiers et arrêta la spéculation contre le mark

P. B.

➙ Allemagne, inflation, tiers-monde