Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
D

Développement (suite)

À l'heure actuelle, la notion de « développement-rattrapage » a perdu beaucoup de terrain, surtout depuis les crises financières mexicaine et asiatique (1994 et 1997). Demeurent principalement la notion de « développement humain », qui fait référence à l'amélioration globale du bien-être et qui est mesurée à partir de certains indicateurs (revenu par tête, espérance de vie, alphabétisation), et celle de « développement durable » (ou soutenable), qui fait référence à la nécessité de rendre compatibles croissance économique et reproduction du milieu naturel. Le développement n'apparaît plus dans les objectifs de la Banque mondiale ou du FMI, qui mettent désormais l'accent sur la lutte contre la pauvreté et la nécessité de s'insérer dans l'économie mondiale

B. L.

➙ Aide au développement, ajustement structurel, Banque mondiale, échange inégal, FMI, mondialisation, OMC, pays en voie de développement, tiers-monde

Devises

Ensemble des moyens de paiement libellés en monnaie étrangère.

Les dollars américains détenus par des résidents non américains, sous forme de pièces, de billets ou de dépôts à vue, seront considérés comme des devises. Les réserves en devises détenues par une banque centrale font partie de la masse monétaire. Elles permettent de financer les déficits extérieurs. En cas d'attaque spéculative contre la monnaie nationale, la vente de devises permet de soutenir le cours de la monnaie nationale sur le marché des changes

J.-M. S.

➙ Change, politique monétaire, taux de change

Dichotomie

Terme désignant la distinction entre les phénomènes réels (production, consommation, échanges) et monétaires (création monétaire, prix).

Pour certains économistes (classiques, néoclassiques, monétaristes), la monnaie n'est qu'un intermédiaire des échanges, neutre pour l'économie réelle. Il faut donc procéder en deux temps, en étudiant d'abord le fonctionnement d'une économie de troc, avant de la recouvrir d'un voile monétaire qui n'altère pas la nature profonde des phénomènes économiques

P. L.

➙ École classique, encaisse, illusion, (J. M.) Keynes, libéralisme économique, école néoclassique, neutralité, nominal, numéraire, thésaurisation

Différentiel d'inflation

Écart entre les taux d'inflation de différents pays.

Le problème de la différence entre le rythme de l'inflation dans des pays en concurrence commerciale s'est surtout posé à partir du second choc pétrolier de 1979, qui a provoqué des augmentations de prix sensiblement différentes selon les pays : le taux d'inflation a dépassé les 14 % en France, en Italie, en Grande-Bretagne..., mais est resté inférieur à 8 % en Allemagne et au Japon, ce qui a affecté sensiblement la compétitivité des premiers pays

P. B.

Dirigisme

Doctrine économique qui s'oppose au libéralisme et prône l'intervention de l'État, en général dans le cadre de l'économie capitaliste.

La notion d'économie dirigée ou de dirigisme est proche de celle d'interventionnisme. Influente durant les années 1930 à 1950, elle désignait les diverses modalités de la planification ou de la programmation économiques par l'État, ou parfois une politique économique volontariste d'inspiration keynésienne. Le dirigisme peut être lié au collectivisme et à la socialisation des moyens de production sur le modèle des économies socialistes. Mais il est compatible avec la propriété capitaliste et avec l'économie de marché, qui se trouve, dans cette conception, soumise à une direction consciente afin d'atteindre des objectifs sociaux

B. C.

➙ Économies socialistes, État, marxisme, planification

Discount

Rabais important pratiqué ouvertement sur un prix comme argument de vente. Par extension, mode de commerce fondé sur la pratique du rabais systématique. Variante extrême : hard-discount (en français : maxidiscompte).

Vieille pratique de commerçant, le discount est devenu une forme de commerce à part entière à la fin des années 1950 avec le développement de la grande distribution (Leclerc et Carrefour en France, Wal-Mart aux États-Unis…). Dans les années 1970, les « hard-discounters » ont fait leur apparition, notamment en Allemagne (Adli, Lidl), proposant un nombre beaucoup plus restreint de produits, aux prix les plus bas du marché

P. G.

Distribution

Activité de commerce visant à mettre à la disposition du plus grand nombre de consommateurs des produits et des services. Par extension, grande distribution, distribution sélective.

Dans le commerce traditionnel il existe une relation entre le vendeur (le commerçant) et l'acheteur (le client). La transaction naît de la discussion. Dans la distribution, le client est seul décisionnaire : il prend ou ne prend pas les produits qui lui sont proposés dans les rayons du magasin.

Jusque-là plutôt réservé aux activités de commerce entre professionnels, de commerce de gros ou de logistique, le terme de « distribution » a été introduit dans le champ de la grande consommation en France, à la fin des années 1950, par Édouard Leclerc. Ses « centres distributeurs » pratiquaient la suppression des intermédiaires (grossistes, etc.) pour proposer des produits à prix cassés. Carrefour a ouvert l'ère du gigantisme en inventant l'hypermarché en 1963. En France, on appelle « supermar-chés » les magasins à dominante alimentaire mesurant jusqu'à 2 500 m2, « hypermarchés » au-delà.

La grande distribution, traditionnellement opposée au « petit commerce », a fait entrer le commerce dans l'ère industrielle, en favorisant l'essor de chaînes (ou enseignes) nationales (et désormais internationales) de magasins de grande dimension en libre-service. Disposant de leurs propres centrales d'achats, ces enseignes pèsent sur les fabricants, pour faire baisser les prix de leurs produits et/ou fabriquer des produits spécifiques, sous « marques de distribu-teurs » (par exemple « Tex » pour le textile de Carrefour, « Reflets de France » pour les produits du terroir de Promodès). Le plus grand hypermarché d'Europe est aujourd'hui le Carrefour de Portet-sur-Garonne (25 000 m2). Après sa fusion avec Promodès (enseignes Continent, Champion…), Carrefour détiendra 25 % du marché alimentaire français.