Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Chômage (suite)

En France, en 1998, un peu plus de 40 % des chômeurs étaient au chômage depuis plus de un an ; l'ancienneté de chômage était de 16 mois en moyenne. Le chômage de longue durée frappe moins les jeunes que les travailleurs plus âgés. Les durées de chômage sont supérieures en Europe à celles observées en Amérique du Nord (13,4 semaines d'ancienneté moyenne de chômage aux États-Unis).

Selon les théories, le chômage est la conséquence d'une mauvaise politique économique ou la simple adaptation aux évolutions de l'économie

Pour expliquer le chômage, on distingue habituellement deux grandes catégories de chô-mage : le chômage dû à une insuffisance de la demande globale (chômage conjoncturel ou cyclique) et le chômage résultant des caractéristiques de fonctionnement du marché du travail (chômage d'équilibre, structurel ou frictionnel).

Chômage dû à une insuffisancede la demande globale

Pour Keynes, la cause principale du chômage doit être recherchée dans l'insuffisance de la demande globale, combinée avec une rigidité des salaires à la baisse. Si les salaires étaient flexibles, une diminution de la demande globale se traduirait par une baisse des salaires, sans qu'apparaisse une situation de chômage. Toute la question de la macroéconomie est précisément d'expliquer pourquoi des variations de la demande se traduisent par des variations de l'emploi et du chômage plutôt que par de simples variations des prix (selon R. Solow, prix Nobel d'économie).

L'existence de syndicats puissants négociant des contrats de fixation des salaires sur plusieurs années, la réglementation tendant à la mise en place d'un salaire minimum, ainsi que le désir de chaque catégorie de travailleurs de conserver le niveau de son salaire sont les éléments premiers auxquels Keynes faisait référence.

Avec le déclin de l'importance des syndicats, d'autres explications ont été fournies : l'entreprise peut perdre ses travailleurs les plus productifs si elle se lance dans une réduction forte des salaires. De plus, les travailleurs de l'entreprise, les « insiders », ayant acquis un savoir-faire qui lui est spécifique, les travailleurs situés à l'extérieur de l'entreprise, les « outsiders », ne leur sont pas directement substituables : l'entreprise qui désirerait embaucher des outsiders à des salaires plus faibles devrait supporter des coûts de recrutement et de formation.

Chômage résultant du fonctionnement du marché du travail

• Le chômage d'équilibre est celui qu'il ne serait pas possible de réduire sans entraîner une surchauffe de l'économie se traduisant par une hausse du taux d'inflation. Le taux de chômage correspondant s'appelle aussi le NAIRU (Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment).

Mesure et définitions

Deux méthodes complémentaires de mesure du chômage : la méthode statistique et la méthode administrative.

• La méthode statistique permet par voie d'enquête d'obtenir un chiffre conforme à la définition interna-tionale : au sens du BIT (Bureau international du travail), est chômeur tout individu en âge de travailler qui est sans emploi, qui est disponible pour occuper un emploi pendant la période de référence et qui recherche un emploi. Être sans emploi, au sens de la résolution du BIT de 1982, c'est ne pas travailler, ne serait-ce qu'une heure, pendant la période (généralement une semaine) de référence. Pour être à la recherche d'un emploi, il faut avoir effectué des démarches effectives en vue de trouver un emploi (s'être rendu dans une agence, avoir répondu à des petites annonces, avoir démarché des entreprises, etc.). De plus, pour le BIT, une personne disponible ayant trouvé un emploi qui commence plus tard est considérée comme au chômage. Le nombre de chômeurs, d'actifs occupés et d'inactifs au sens du BIT est déterminé par voie d'enquête annuelle.

En France, l'INSEE procède à une enquête annuelle sur l'emploi à l'aide d'un sondage en mars de chaque année. Les résultats de cette enquête permettent de déterminer sur une base internationalement comparable le nombre de chômeurs ainsi que les taux de chômage (rapport du nombre de chômeurs au nombre d'actifs, composé lui-même du nombre d'actifs occupés et des chômeurs) ou les parts de chômage (nombre de chômeurs rapporté à la population totale).

• La méthode administrative évalue le nombre de chômeurs en notant le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en fin de mois (DEFM) sur les registres des agences chargées de l'emploi. En France, l'ANPE recense les demandes d'emploi en fin de mois (DEFM) de différentes catégories, les principales étant les « DEFM de catégorie 1 » : ce sont les personnes inscrites à l'ANPE déclarant être à la recherche d'un emploi à temps plein et à durée indéterminée et n'ayant pas exercé une activité réduite de plus de 78 heures dans le mois (pour mémoire, un mi-temps correspond en principe à 84,5 heures par mois). Les autres catégories de demandeurs d'emploi inscrits à l'ANPE recherchent des emplois à temps partiel, ou saisonniers, ou à durée déterminée, ou encore (catégorie 6) exercent une activité réduite de plus de 78 heures par mois.

• Le chômage structurel est la conséquence de l'inadaptation des caractéristiques des chômeurs à la nature des postes qui leur sont proposés dans l'économie. Les modifications de la structure de la demande de biens et les changements technologiques entraînent des changements dans la localisation géographique, la nature des qualifications et les secteurs d'activité des postes créés par les entreprises. Lorsque ceux-ci ne correspondent pas aux caractéristiques des travailleurs, le chômage structurel apparaît par inadaptation de l'offre à la demande de travail.

• Le chômage frictionnel décrit la situation où, dans une économie dynamique, les travailleurs sont appelés à changer fréquemment d'emploi. Les restructurations d'entreprises conduisent à des licenciements ; les travailleurs poursuivent des objectifs de carrière, ce qui les amène à être mobiles. De tels changements conduisent ces travailleurs à passer par le chômage, appelé alors chômage frictionnel. La recherche d'emploi à laquelle se livrent les travailleurs est plus ou moins longue selon les structures du marché du travail existantes. Les institutions régulant le marché du travail influencent par conséquent le niveau du chô-mage : nature des contrats de travail, règles d'embauche et de licenciement, modalités d'indemnisation du chômage, efficacité des agences de placement, réseaux d'information, etc.