Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
F

Franc fort

Appellation donnée à la politique monétaire qui visait à maintenir un cours de change ferme, ou en hausse, du franc sur les marchés des changes.

Cette politique a permis d'éviter à l'intérieur du SME (système monétaire européen) la poursuite des dévaluations, qui avaient marqué les années 1980, donc de maintenir un taux pivot inchangé face au mark allemand à partir de mars 1987. Elle était menée grâce au maintien de taux d'intérêt élevés et au strict contrôle des dépenses publiques. Les collaborateurs du ministre Pierre Bérégovoy (1988-1993) étaient volontiers surnommés « ayatollahs de l'orthodoxie monétaire », en raison de l'importance donnée à la politique du franc fort

F. L.

➙ France, politique monétaire, SMI

Franchise

Système de commercialisation d'une marque ou d'un savoir-faire appartenant à une entreprise (le franchiseur) par un réseau d'opérateurs indépendants (les franchisés), dans le cadre d'un contrat.

Comme son nom est censé l'indiquer, la « fran- chise » repose sur un engagement contractuel franc et réciproque de deux types d'entrepreneurs. Le « franchiseur » met au point un savoir-faire (marques, produits, process), dont il confie l'exécution au « franchisé ». Le premier s'engage à développer sa marque, ses produits et sa notoriété, les seconds à tout mettre en œuvre pour en assurer la commercialisation dans le respect du concept défini par le franchiseur, qui perçoit en retour le versement de royalties.

La franchise n'est pas définie par un statut juridique particulier. De Coca-Cola et ses embouteilleurs à Benetton et ses boutiques, en passant par les restaurants McDonald's, les réseaux de concessionnaires automobiles (qui bénéficient, eux, d'un statut juridique précis) et les groupements ou coopératives de commerçants indépendants (type Leclerc ou Intermarché), les variations sur le thème de la franchise sont nombreuses, et les conflits courants entre des franchiseurs dictateurs et des franchisés rebelles

P. G.

➙ Commerce

Friedman (Milton)

Économiste américain (né en 1912), défenseur du monétarisme et du libéralisme, prix Nobel en 1976.

Éditorialiste à Newsweek, conseiller de Richard Nixon en 1968, il a joué un rôle central dans la constitution de l'école de Chicago.

Tous ses travaux ont visé à réhabiliter les idées libérales par une critique des bases microéconomiques de l'approche keynésienne, dans le but de saper les justifications de l'intervention publique. Il s'est d'abord attaqué à la consommation par sa théorie du revenu permanent pour montrer que l'augmentation des revenus n'avait pas d'effet de relance. Il a ensuite proposé une reformulation de la demande de monnaie, constituant un retour à la théorie quantitative de la monnaie et à l'idée ancienne selon laquelle « l'inflation est partout et toujours un phénomène monétaire ». Enfin, il a remis en cause la possibilité d'un arbitrage entre inflation et chômage par sa critique de la courbe de Phillips et en suggérant qu'il existe un taux naturel de chômage contre lequel on ne peut lutter durablement qu'au prix d'une accélération de l'inflation.

Il en résulte que l'objectif de la politique économique ne doit pas être la lutte contre le chômage mais la lutte contre l'inflation, obtenue par une politique monétaire restrictive que doit mener une banque centrale indépendante. Friedman a joué ainsi un rôle essentiel dans la réorientation des politiques économiques depuis la fin des années 1970

P. L.

➙ Désinflation, économie mixte, (I.) Fisher, (J. M.) Keynes, keynésianisme, libéralisme économique, microéconomie, NAIRU, stagflation

Fugger (les)

Famille de marchands-banquiers allemands, ayant amassé une énorme fortune aux xve et xvie siècles.

Aux temps de son apogée, vers 1525, la maison Fugger était la plus riche et la plus célèbre d'Europe. Elle disposait de comptoirs commerciaux, de fabriques et de mines disséminés en Allemagne, en Italie, en Flandres et en Espagne, et entretenait des relations étroites avec l'empereur Charles Quint.

En 1367, Johannes Fugger s'était installé comme tisserand à Augsbourg. Son fils Jakob l'Ancien développa le commerce des draps, des soieries, des épices et des futaines de coton. Il devint fournisseur de la cour impériale et établit des comptoirs permanents à travers l'Europe. Le fils de Jakob l'Ancien, Ja- kob II le Riche (1459-1525), mit la main sur les mines d'argent et de cuivre du Tyrol et devint le banquier de Charles Quint, à qui il prêta l'argent qui lui permit d'être élu empereur en 1519.

Mais, en privilégiant les prêts à des souverains insolvables (banqueroutes de l'État espagnol en 1557 et en 1575...), les Fugger connaîtront de graves difficultés financières après 1550. La maison existera encore au début du xviie siècle, mais aura perdu toute influence

P. B.

➙ Allemagne, Espagne

Fusion

Fruit du rapprochement entre deux (ou plusieurs) entreprises qui décident de disparaître chacune et de se fondre dans une nouvelle unité.

Le développement d'une entreprise peut suivre deux voies, compatibles entre elles : la croissance interne et la croissance externe. Dans le premier cas, l'entreprise se développe par l'augmentation de son activité propre ; dans le second, elle étend son influence par l'acquisition de sociétés extérieures. Les fusions, la forme principale de la croissance externe, contribuent à renforcer la concentration des entreprises.

Une première grande vague de fusions a eu lieu dans la seconde moitié du xixe siècle aux États-Unis : elle a donné naissance à des entreprises puissantes, des trusts, dans des secteurs comme les chemins de fer (Vanderbilt), l'acier (Carnegie) ou le pétrole (Standard Oil). La position de certains de ces groupes, proche du monopole, a conduit le gouvernement américain à définir une « législation antitrust » très contraignante. Une seconde vague de fusions géantes a déferlé, aux États-Unis d'abord, dans le reste du monde ensuite, dans les dernières années du xxe siècle, conduisant certains à évoquer une véritable mega-merger-mania, ou folie des fusions géantes.