Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
S

Spéculation (suite)

Parmi les solutions envisagées, l'idée de la taxe imaginée dans les années 1970 par l'économiste américain James Tobin – qui proposait d'introduire un petit grain de sable dans les rouages de la spéculation internationale, sous la forme d'une taxe de 0,01 % prélevée sur les mouvements de capitaux – semble difficile à mettre en pratique.

D. G.

➙ Bulle financière, MATIF, MONEP, (J.) Tobin

Sport (économie du)

Depuis les années 1970, les activités physiques et sportives – pratique du sport, spectacles sportifs, loisirs sportifs – attirent de plus en plus d'argent. L'économie du sport analyse les sources de financement de ces activités, les marchés créés par les fonds drainés vers le sport, et l'organisation spécifique du sport professionnel.

Les quatre sources principales de financement du sport sont :

• le budget de l'État (15 % du total en France), surtout de certains ministères : Jeunesse et Sports, Éducation nationale, Défense ;

• les collectivités locales, communes, départements, Régions (29 %), qui versent des subventions aux clubs sportifs et financent la majorité des équipements sportifs (piscines, stades, etc.) sur leur territoire ;

Les comptes du football professionnel français (1997-1998)

Le budget total de la division 1 représente une somme globale de 1,798 milliard de francs (0,337 pour la D2). Les recettes proviennent pour 28,2 % des droits de télévision, 24,5 % des droits de transfert de joueurs, 13,6 % des sponsors et de la publicité, 7,9 % des subventions publiques et 12,6 % de sources diverses. Les principales charges sont constituées par les salaires (45,1 %) et les indemnités de transfert (25,7 %). Les budgets des clubs français demeurent modestes par rapport à ceux de leurs principaux concurrents européens : le CA du PSG, le club français le plus richement doté, se chiffrait (saison 1996-1997) à 303 millions de francs, contre 843 millions pour Manchester United ou 564 millions pour Barcelone. Par ailleurs, on estime à plus de 700 millions de francs le total des dettes du Real Madrid.

• les ménages (49 % du total), qui achètent des biens – vêtements et articles de sport, produits de la presse sportive – et des services – cotisations pour l'adhésion à un club, location de matériel, leçons données par des professeurs de sport, entrées dans des équipements de loisir sportif (clubs de gymnastique, remontées mécaniques, etc.), paris sportifs, prix acquitté pour assister aux spectacles sportifs, abonnements à des chaînes de télévision spécialisées dans le sport ;

• les entreprises (7 %), qui financent le sport à travers les sections sportives d'entreprise et les clubs corporatifs ; les entreprises du secteur des médias (télévision) versent des droits de retransmission aux organisateurs de spectacles sportifs pour pouvoir diffuser ceux-ci ; des firmes paient aussi l'usage du sport comme support publicitaire.

Le sponsorisme (ou sponsoring) est l'action publicitaire d'une entreprise associant son produit, sa marque ou son image à celle d'un sportif de haut niveau, d'un club sportif ou d'un événement sportif, de préférence s'ils sont médiatisés par la télévision. En contrepartie, l'entreprise fournit un financement ou du matériel sportif ou ses propres produits à la partie sportive signataire du contrat de sponsoring. Les retours attendus de cet investissement publicitaire sont une notoriété accrue, une image de dynamisme (liée au sport), des ventes en hausse et une fréquence d'apparition du nom du sponsor à la télévision (sur les tenues des sportifs, sur les banderoles de départ ou d'arrivée, etc.), tout cela à moindre coût, comparé aux tarifs publicitaires des chaînes de télévision.

Une exigence croissante de rentabilité économique

Sur les marchés du sport s'échangent des biens et des services très divers : des pratiques sportives  offertes par les clubs et les fédérations, et demandées par les pratiquants, au prix d'une cotisation ; des articles de sport offerts par une industrie spécialisée (Adidas, Nike, etc.) et payés par les consom- mateurs ; des spectacles offerts par leurs organisateurs (clubs, fédérations) contre un prix au guichet payé par les spectateurs ; des retransmissions offertes par ces organisateurs à des chaînes de télévision contre le versement de droits ; des supports publicitaires offerts par le sport et demandés par des annonceurs et des sponsors.

Le sport professionnel attire, en outre, d'autres fonds : merchandising (vente de produits variés à l'image du club), crédit bancaire et émission d'actions dans les pays où les clubs peuvent être des sociétés par actions (États-Unis, Grande-Bretagne, Italie, Espagne). Sur le marché du travail sportif, les clubs professionnels se procurent les talents des joueurs, rémunérés par des salaires très inégaux, au profit des « vedettes » ou des « stars » (bénéficiant de plus de fortes primes de transfert).

Les profits du sport

En 1999, les revenus globaux des trois sportifs les mieux payés du monde s'élevaient à 69 millions de dollars pour le basketteur américain Michael Jordan, à 38 millions pour le pilote de F1 allemand Michael Schumacher et à 27 millions pour le golfeur américain Tiger Woods.Si les sportifs les mieux payés du monde ne sont pas des footballeurs, le ballon rond draine cependant des sommes considérables. À cet égard, le championnat espagnol est exemplaire. Alors qu'ils dominent les coupes européennes en l'an 2000, les clubs ibériques sont pris dans une véritable spirale de l'argent. En trois ans, les sommes que les 20 clubs de D1 ont dépensées en transferts de joueurs ont augmenté de 300 % pour atteindre en 1999 le total vertigineux de 2,11 milliards de francs. À lui seul le transfert de l'attaquant français Nicolas Anelka s'est monté à 220 millions de francs.

L'économie du sport représente entre 0,5 % et 2 % du produit intérieur brut dans les pays européens, et elle crée des emplois : entre 0,5 % et 3 % de la population active. Elle mobilise un important travail bénévole non rémunéré. Son existence oppose l'éthique sportive désintéressée à la logique économique de rentabilité

W. A.