Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
P

Pereire (Jacob Émile) (suite)

Secondé par son frère Isaac, il fut influencé comme lui par la pensée de Saint-Simon faisant l'apologie de l'esprit d'entreprise mis au service de l'intérêt général. Il joua un rôle actif dans les débuts du chemin de fer français.

Voulant acquérir leur indépendance financière et recueillir des dépôts du public (alors que la « haute banque » prêtait à partir de ses capitaux propres), les Pereire fondèrent le Crédit mobilier (1852). Il s'ensuivit une lutte ouverte avec la banque Rothschild.

Les Pereire créèrent aussi la Compagnie générale transatlantique et s'associèrent à des sociétés immobilières participant à la révolution urbaine de Napoléon III. Mais des investissements maladroits et les manœuvres de leurs adversaires provoquèrent la faillite du Crédit mobilier en 1867

P. B.

Périphérie

Définition des économies du tiers-monde dans l'optique de la dépendance.

Notion popularisée par Samir Amin. Les économies périphériques sont caractérisées par leur dépendance financière (déficits récurrents), commerciale (dégradation des termes de l'échange) et technique. Structures sociales dominées et extraverties, elles présentent fréquemment des caractères dualistes (coexistence, au sein d'une même économie, d'un secteur développé et d'un secteur sous-développé)

J.-M. F.

➙ (S.) Amin, dépendance

Perroux (François)

Économiste français (1903-1987),fondateur de l'Institut de science économique appliquée (ISEA) en 1944.

L'apport principal de François Perroux à la réflexion économique a été de promouvoir les méthodes de mesure quantitative de l'activité économique, d'intégrer l'histoire des faits économiques et sociaux dans le champ de l'économie politique, et de s'interroger sur les conditions du développement économique. F. Perroux a montré que l'économie réelle est dominée par des rapports de force entre groupes sociaux et que la croissance économique met en jeu de multiples facteurs extra-économiques, dont le rôle des institutions et des motivations humaines.

Professeur au Collège de France en 1955, il fit de l'ISEA un centre d'études de la réalité de l'économie française et internationale, à une époque où la comptabilité nationale n'était encore qu'à un premier stade d'élaboration

P. B.

➙ Comptabilité nationale

Pétrole

Huile minérale naturelle,mélange d'hydrocarbures liquidesque l'on trouve en abondance dans le golfe Persique mais aussi en Amérique du Nord et du Sud,en Afrique, en mer du Nord et en mer Caspienne.

La qualité varie selon les gisements. Comme toutes les matières premières, le pétrole est coté sur les marchés à Londres et à New York. L'unité est le baril, qui contient 159 litres. La qualité de référence en Europe est le Brent. Il s'agit d'un brut léger provenant à l'origine du gisement Brent, découvert en 1971 au large d'Aberdeen, en mer du Nord britannique. Le pétrole occupe une position dominante dans la production d'énergie du globe et devrait la maintenir au début du xxie siècle. En 1990, selon le Conseil mondial de l'énergie (CME), organisation non politique regroupant des représentants d'entreprises et d'organisations professionnelles de cent pays, les approvisionnements en combustibles fossiles commerciaux couvraient plus des trois quarts des besoins d'énergie de la planète, avec une prédominance pour le pétrole (31,8 %), le charbon (26,1 %) et le gaz naturel (19,3 %). L'énergie « traditionnelle » non commerciale (comme le bois et les excréments) représentait 10,2 % de la demande, l'énergie nucléaire 4,5 %, l'hydroélectricité 5,7 % et les nouvelles énergies renouvelables 2,3 %.

Dans le futur, les combustibles fossiles (charbon, gaz et pétrole) resteront dominants dans tous les scénarios, représentant entre 80 et 75 % du total. Le nucléaire et les autres énergies renouvelables progresseront de manière modeste. Aussi, les émissions de gaz carbonique, dues principalement à la houille et au pétrole, vont s'amplifier. Selon les estimations de l'IPCC (Commission intergouvernementale sur les changements climatiques), les volumes de CO2 augmenteront de 1,5 % par an et encore plus rapidement dans les pays en voie de développement.

Réserves et pollution : deux grandes controverses

Le risque de modification du climat, par aggravation de l'effet de serre, est bien réel. Conscients de ce risque, les pays ont décidé lors du sommet de Kyoto, au Japon, en 1997 de contenir les rejets de gaz dans l'atmosphère pour lutter contre le réchauffement de la planète. L'engagement pris est de réduire en moyenne de 5,2 % les rejets de gaz nocifs à effet de serre d'ici à 2012. Les réserves d'énergies fossiles sont limitées. Elles sont estimées à quarante-cinq ans de consommation actuelle pour le pétrole, à soixante-cinq ans pour le gaz et à plus de deux cents ans pour le charbon.

Ce thème des réserves est toujours controversé. En mai 1999, un géologue américain a affirmé que les réserves pétrolières mondiales (1 000 milliards de barils) seront épuisées en 2036 et que la production commencera à décliner dans vingt ans. Craig Hatfield, de l'université de Toledo (Ohio), estime qu'on découvrira beaucoup moins de pétrole que les 550 milliards de barils prévus. Les réserves de pétrole sont pour les trois quarts enfouies dans les sables des pays du Golfe, et principalement dans ceux de l'OPEP. Le premier pays producteur mondial est l'Arabie saoudite, suivie par les États-Unis

D. G.

➙ Charbon, matière première, OPEP

Petty (William)

Économiste anglais (1623-1687),précurseur des études quantitativesen économie et initiateur de divers concepts originaux.

Il entreprit une estimation de la richesse de son pays, la première du genre, en tentant de mesurer sa population et son patrimoine, et considéra que l'origine de la valeur des biens provient du travail.

Parallèlement, il avança l'idée – audacieuse pour l'époque – d'une émission de billets supérieure à l'encaisse or en réserve, de façon à accroître la masse monétaire en fonction des besoins de l'économie.

Il défendit également la liberté du commerce extérieur (comme plus tard Adam Smith et Ricardo), et proposa que l'État développe des travaux d'intérêt général pour donner du travail aux chômeurs (comme le fit Keynes au xxe siècle)

P. B.