Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Patronat

Ensemble des chefs d'entreprises privées, regroupés au sein d'organisations pour défendre leurs intérêts face aux pouvoirs publics et aux syndicats de salariés.

Le patron est un acteur du jeu économique et social, au côté du syndicaliste et du capitaliste : il mobilise le travail et le capital pour produire un bien ou un service et dégager une marge bénéficiaire. L'expression « patronat » recouvre la collectivité des entrepreneurs qui exercent une autorité sur des salariés. Les analyses socialistes lui ont donné une connotation péjorative en faisant du patronat l'ennemi du prolétariat et, par extension, de tous les salariés. En réalité, le terme de « patronat » confond plusieurs sortes d'entrepreneurs qui n'ont pas les mêmes intérêts. Parmi les 3 millions de chefs d'entreprise français, il n'y a pas grand-chose de commun entre les P-DG de l'assureur AXA ou du sidérurgiste Usinor, qui emploient des milliers de personnes, et ceux de petites sociétés d'une vingtaine de personnes spécialisées dans l'imagerie électronique ou dans le bâtiment. Tous ont droit à l'appellation de « patrons ». Pourtant, les « grands » patrons (plus de 500 em- ployés)    sont    considérés    par    les    « moyens »    (de    50 à 500) et les « petits » (moins de 50) comme des quasi-salariés, car ils n'engagent pas leurs biens personnels dans l'aventure entrepreneuriale. Il ne faut pas oublier les 900 000 patrons appartenant au monde des artisans, viscéralement attachés à leur liberté.

Cogestion ou lobbying

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et avec l'accroissement de l'intervention étatique dans l'économie, le patronat s'est organisé dans tous les pays pour défendre ses intérêts face aux projets gouvernementaux ainsi qu'aux revendications des syndicats. Dans les pays européens ou asiatiques, où le dirigisme s'est le plus développé, le patronat s'est structuré à l'échelon national. C'est le cas en France avec le MEDEF (Mouvement des entreprises de France, anciennement CNPF), la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) et l'UPA (Union professionnelle artisanale), en Allemagne avec le BDI et le BDA, en Italie avec la Confindustria et au Japon avec le Keidanren. Ces organismes prennent place autour des tables de négociation pour dire leur mot sur les projets fiscaux, la législation du travail ou la hausse des salaires. Ils signent des accords au niveau national ou au niveau des branches qui s'imposent aux chefs d'entreprise. Ils cogèrent avec les syndicats les systèmes paritaires de protection sociale (retraites, santé, accidents du travail). Ils financent des organismes de formation. Les chambres de commerce et d'industrie, qui fédèrent localement les entrepreneurs, gèrent des équipements publics comme des aéroports ou encore des écoles de commerce.

Aux États-Unis et en Grande-Bretagne, les organismes patronaux se cantonnent dans un rôle de lobbying en faveur du secteur professionnel qu'ils représentent ; par exemple, les chimistes ou les pétroliers uniront leurs efforts pour éviter une réglementation qu'ils jugeront dangereuse. Les salaires et les conditions de travail restent de la compétence exclusive de chaque entreprise

A. F.

➙ Artisanat, bénéfice, lobby, PME

Pauvreté

État d'insuffisance manifeste de revenuset non-satisfaction d'un certain nombrede besoins élémentaires. Cette notion est relative : la pauvreté est probablement moins dure à vivre dans un pays européen que dans un pays d'Amérique latine ou d'Afrique, où les systèmes de protection sociale sont inexistants. Néanmoins, certains indicateurs permettent de procéder à des comparaisons internationales. Outre la dimension monétaire, la notion de pauvreté doit prendre en compte des éléments tels que l'espérance de vie ou le niveau d'instruction.

On estime que 32 % des habitants des pays en voie de développement vivent en dessous du seuil de 1 dollar (environ 6 F) par jour, ce qui représente 1,7 milliard d'individus. Huit cents millions d'êtres humains, sur un total de quelque 6 milliards souffrent de la faim. Le Rapport mondial sur le développement humain, publié en 1997 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), a également introduit un « indicateur de la pauvreté humaine ». Cette approche s'efforce d'évaluer le pourcentage d'individus risquant de mourir avant 40 ans, d'adultes analphabètes, de personnes n'ayant pas accès aux services de santé ou à l'eau potable, et d'enfants de moins de 5 ans victimes de malnutrition. La Banque mondiale utilise un critère particulier pour les « pays en transition » (Russie et anciens pays communistes de l'Est européen, par exemple), dont l'économie est en pleine restructuration. Dans ce cas, le seuil de pauvreté est fixé à 4 dollars par jour.

La lutte contre la pauvreté ne passe pas seulement par une croissance économique forte et durable. D'après les experts en développement, une économie doit croître deux à trois fois plus vite que la population pour avoir un impact significatif sur le niveau de vie des plus défavorisés. Selon le PNUD, l'écart entre les 20 % les plus pauvres et les 20 % les plus riches est de 1 à 32 au Brésil, de 1 à 26 en Tanzanie et de 1 à 20 en Afrique du Sud, mais de 1 à 8,9 aux États-Unis, de 1 à 7,5 en France et de 1 à 5,8 en Allemagne. Dans ces conditions, une récession économique est beaucoup plus durement ressentie dans les pays en voie de développement, où les inégalités de revenus sont les plus criantes. L'aide publique au développement apportée par les pays les plus riches a sensiblement baissé. Au cours de la décennie 1990, le recul est évalué à 40 %.

Des besoins toujours plus grands pour des situations de détresse nouvelles

Avec la montée du chômage, les pays industrialisés sont eux aussi confrontés à l'apparition de nouvelles formes de pauvreté, liées aux phénomènes d'exclusion. En France, quelque 500 000 personnes sont sans-abri ou vivent dans des logements de fortune, alors qu'il n'existe que 15 000 places d'hébergement d'urgence. En Grande-Bretagne, un quart des enfants vivent dans des familles pauvres et aux États-Unis, malgré près d'une décennie de croissance, la proportion des pauvres reste proche de 20 %. On a vu apparaître une catégorie nouvelle, celle des working poors qui, bien qu'ils aient du travail, n'arrivent pas à échapper à la pauvreté.