Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
M

Musgrave (Richard A.)

Économiste américain (né en Allemagne en 1910), d'inspiration keynésienne et spécialiste de l'économie publique.

Son nom reste attaché à l'identification des trois responsabilités qu'il a attribuées à l'État, à savoir la prise en charge des biens publics (défense...), la redistribution des revenus et la stabilisation de la conjoncture (The Theory of Public Finance, 1959).

P. U.

Mutualiste (secteur)

Une société mutualiste est un organismede droit privé sans but lucratif, offrant à ses adhérents un système d'assurance.

Né au xixe siècle de la volonté de corriger les excès de l'ère industrielle, le mouvement mutualiste s'est imposé comme un secteur particulier et fait partie intégrante de ce qu'on appelle l'économie sociale. Son identité s'est sans doute brouillée par rapport à ses origines, mais son influence est considérable. Les mutuelles de santé comptent en France plus de 25 millions de sociétaires et effectuent des remboursements ou délivrent des prestations pour près de 37 milliards de francs par an. Dans l'agriculture, la Mutualité sociale agricole dépense 139 milliards pour la protection sociale (maladie, retraite) et les Assurances mutuelles agricoles ont un chiffre d'affaires de 32 milliards. Dans le domaine des assurances, dix-sept mutuelles, dont la MACIF (Mutuelle assurance pour les commerçants et industriels de France) et la MAIF (Mutuelle assurance des instituteurs de France), regroupent 13 millions de sociétaires et détiennent des parts de marché significatives dans les contrats automobiles ou le logement. Si l'on y ajoute les banques – le Crédit agricole, le Crédit mutuel, les Banques populaires, etc. –, qui sont des coopératives de crédit, presque chaque Français est, quotidiennement, en relation avec une entreprise du secteur.

Intégrées dans l'économie de marché, peu ou pas capitalistes, parfois sans but lucratif, ces différentes entités ont pour point commun le respect de principes qui se retrouvent dans des cadres juridiques précis, dont la loi de 1945 sur le Code de la mutualité. Elles sont censées reposer sur le volontariat et le fonctionnement démocratique : « Un homme, une voix. »

A. Le.

Myrdal (Karl Gunnar)

Économiste suédois (1898-1987), précurseur de J. M. Keynes.

Myrdal publia en 1931 son ouvrage majeur, l'Équilibre monétaire, où il développe l'analyse des causalités cumulatives (cercles vicieux ou vertueux). Son approche dynamique (distinction des variables ex ante et ex post, importance des anticipations) l'éloigna de la pensée néoclassique orthodoxe qui dominait alors et prépara le terrain à la critique keynésienne.

Professeur à l'université de Stockholm, en 1934, ministre du Commerce et responsable du Plan, il enseigna aux États-Unis et devint expert international auprès des Nations unies après la Seconde Guerre mondiale. Il posa alors le problème du sous-développement, s'intéressa à l'Asie du Sud-Est (An Asian Drama, 1968), et prôna la constitution d'un « Monde providence » faisant contrepoids au nationalisme de l'État providence, défendu par les keynésiens.

Sa carrière fut couronnée en 1974 par le prix Nobel des sciences économiques, qu'il partagea avec F. von Hayek. Son épouse, Alva Myrdal, reçut le prix Nobel de la paix en 1982

E. L. H.

➙ Développement, État providence, (J. M.) Keynes