Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
P

Population (suite)

De surcroît, le soulagement sera temporaire. Car la réduction du nombre de naissances entraîne mécaniquement un vieillissement de la population, c'est-à-dire une augmentation de la proportion de personnes plus âgées. Dans cinquante ans, les plus de 65 ans pourraient ainsi former 20 % de la population mondiale – contre 6 % aujourd'hui –, soit le niveau actuel dans les pays industrialisés. Le changement interviendra encore plus tôt là où la baisse de la fécondité a été rapide, par exemple en Chine – comme en France après le baby-boom, ou au Japon depuis les années 1970. En Chine, la proportion de personnes âgées devrait doubler d'ici à 2025. En Amérique latine, la montée s'amorcerait un peu plus tard, vers 2010. Ce changement amène des générations plus réduites à prendre en charge des générations nombreuses. Que cette prise en charge soit individuelle ou collective, le poids sur les « actifs » s'accroît.

L'allongement de la vie humaine aggrave le problème. Dans les pays développés, les dépenses de santé, qui croissent avec l'âge, vont augmenter, notamment en raison de la présence d'un nombre important de personnes très âgées : en France, le nombre de plus de 85 ans devrait sans doute doubler dans les vingt ans à venir. Même si la durée de vie sans incapacité s'allonge plus rapidement que la durée de vie totale, la proportion de personnes « dépendantes » va augmenter.

La « transition démographique »

La théorie de la transition démographique décrit le passage d'une situation où la fécondité et la mortalité sont fortes, et l'accroissement de la population faible, à une deuxième phase marquée par une baisse de la mortalité, ce qui entraîne une forte augmentation de la population, puis à une troisième phase où la fécondité baisse jusqu'au niveau de remplacement des générations. Trois données caractérisent cette baisse de la fé-condité : elle suit la baisse de la mortalité (en particulier infantile) ; elle correspond à un changement des comportements lié à une modernisation économique et sociale ; elle peut intervenir en l'absence de techniques contraceptives modernes. Cette théorie a été formulée sous le terme de « révolution démographique » par le démographe français Adolphe Landry en 1934. Pour celui-ci, le « ré- gime primitif » de fécondité et de mortalité cède la place à un « régime intermédiaire » lorsque apparaît le souci d'éviter des charges familiales excessives – d'où mariage tardif et célibat fréquent ; enfin le « régime contemporain » est caractérisé par « la pratique généralisée de la restriction des naissances ». Des démographes américains, notamment Frank Notestein et Kingsley Davis, ont généralisé cette analyse à l'ensemble de la planète sous le nom de « transition démo- graphique ».

Dans les pays industrialisés, toutefois, les comportements des personnes âgées peuvent minorer l'impact économique du vieillissement : les retraités réduisent peu leur consommation et la réorientent plutôt ; ils ne « désépargnent » pas ; ils aident les adultes, directement (en assurant la garde de jeunes enfants, par exemple) ou par des prêts. Des incertitudes existent aussi sur les effets du vieillissement de la population active ; on admet généralement qu'il réduit le dynamisme et la capacité d'adaptation des travailleurs et la compétitivité. Mais quelle est là-dedans la part des modes de gestion du personnel des entreprises, notamment des politiques de formation et de rémunération ? En tout cas, le vieillissement oblige à reconsidérer certaines pratiques comme la tendance à abaisser l'âge de fin d'activité.

G. H.

➙ Démographie, immigration

Population active

Ensemble des personnes qui occupentun emploi ou en cherchent un.

La population active représente l'ensemble des ressources en main-d'œuvre d'un pays. En France, elle n'a cessé d'augmenter au cours des dernières décennies, passant de 21,7 millions de personnes en 1975 à 25,6 millions en 1997. Cette hausse est due à l'arrivée sur le marché du travail de générations plus nombreuses (celles du « baby-boom » de l'après-guerre) et, plus encore, des femmes. La croissance a néanmoins été freinée par l'allongement de la durée des études et l'abaissement de l'âge de la retraite. L'évolution de la population active dépend de facteurs démographiques mais aussi sociaux et politiques (l'âge de la scolarité obligatoire et celui de la retraite sont fixés par la loi). Le taux d'activité (proportion d'« actifs » parmi les personnes de 15 à 64 ans) en France (68 %) est inférieur à celui du Danemark (79,6 %), de la Suède, de la Finlande, de la Grande-Bretagne, des Pays-Bas, de l'Allemagne et de l'Autriche.

Si la définition générale de la population active est simple, la réalité est plus complexe. En France, sont comptés dans la population active en effet, outre les personnes qui occupent un emploi (les « actifs occupés »), les chômeurs, les stagiaires, les militaires du contingent. Sont considérés comme « inactifs » les femmes au foyer, les lycéens et étudiants, les retraités qui ne recherchent pas un emploi. D'autre part, nombre de personnes se présentent sur le marché du travail lorsque les perspectives d'emploi sont favorables, mais renoncent lorsque, en période de crise, les chances de trouver un emploi leur paraissent très faibles, sortant ainsi de la population active.

Enfin, la notion d'« activité » a pris parfois un sens nouveau ces dernières années. Certains en effet veulent y inclure toute occupation socialement utile, comme le travail bénévole, au nom d'une conception plus large de l'utilité sociale ou en raison d'une vision pessimiste de l'évolution du chômage de masse, qui ne croit possible qu'une société de « pleine activité » à défaut de plein-emploi

G. H.

Portefeuille

Ensemble des titres représentant des valeurs (actions, obligations, bons du Trésor, etc.) et détenus par une personne.

Les valeurs mobilières (actions et obligations) continuent de représenter la plus grosse partie du portefeuille moyen des Français avec 37,2 % (contre 38,7 % en 1994), suivies par l'épargne liquide avec 27,5 % (contre 28 % en 1994). Le patrimoine des Français représentait au total 15 552 milliards de francs en 1997 contre 13 033 milliards en 1994. Les revenus courants générés par ces placements ont atteint 555 milliards en 1997.