Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
D

Drogue

Le trafic de stupéfiants est la principale source d'« argent sale » dans le monde. Le chiffre d'affaires dégagé par ce secteur est évalué par l'ONU à 500 milliards de dollars par an, c'est-à-dire un tiers du PIB français et 8 % du commerce mondial. C'est plus que les ventes d'automobiles et à peu près autant que le chiffre d'affaires du textile à l'échelle mondiale.

Loin d'être une activité marginale de l'économie, la drogue est devenue un vecteur privilégié d'enrichissement dans de très nombreux pays en développement. Proliférant sur le terreau de la corruption et de la criminalité, le trafic de drogue ne profite pas qu'aux cercles mafieux traditionnels : dans bien des cas, comme en Russie, au Mexique, en Turquie, on observe « une alliance de moins en moins secrète entre les structures du crime organisé et des sphères de plus en plus élevées de l'État lui-même », comme l'indique l'Observatoire géopolitique des drogues (OGD).

On relève une globalisation croissante du marché de la drogue. Les organisations criminelles ne sont plus spécialisées dans la production d'une seule drogue et s'adonnent au « polytrafic », élargi à d'autres marchandises illicites. Quant à la géographie de la consommation, elle s'est étendue à la Russie et à l'Europe centrale après la fin de la guerre froide. La distinction entre pays producteurs et pays consommateurs est désormais plus floue et les « routes » de la drogue sont de moins en moins clairement définies. Cette évolution va de pair avec la diffusion de plus en plus grande des « drogues de synthèse », comme les amphétamines et autres stimulants (ecstasy), produites en laboratoire dans tous les points du globe, aux dépens des drogues traditionnelles issues de plantations bien localisées (cocaïne, héroïne, cannabis)

L. D.

Droits de douane

Taxe prélevée à la frontière par les autorités douanières sur les produits importés. La taxe est un droit fixe dit « spécifique » (par exemple, 3 F par article importé) ou « ad valorem », c'est-à-dire proportionnel à la valeur déclarée en douane.

À l'origine, les droits de douane avaient d'abord pour fonction de procurer des recettes fiscales aux États. Progressivement, le relèvement des droits de douane a été utilisé comme un instrument protectionniste au service de la promotion ou de la défense de secteurs concurrencés par les importations. Comme la dévaluation compétitive, le relèvement des droits de douane a également servi d'instrument de régulation conjoncturelle. Enfin, il sert d'instrument de représailles : l'interdiction européenne d'importer des veaux aux hormones a ainsi valu, en 1999, un tarif douanier de 100 % aux exportations françaises de roquefort ou de foie gras vers les États-Unis.

Le droit de douane est généralement considéré comme un instrument de protection qui affecte moins le bien-être que les instruments alternatifs (quotas, contingents, accords volontaires d'exportation). De plus, le droit de douane est transparent. Identique pour tous les pays, il n'est pas discriminatoire. Le droit de douane est ainsi, en principe, le seul instrument de protection autorisé par l'OMC.

Les négociations commerciales multilatérales, ou Rounds, organisées depuis la Seconde Guerre mondiale, ont permis d'abaisser très fortement le montant des droits de douane appliqués par les pays membres de l'OMC. Ces droits restent néanmoins très élevés, voire prohibitifs, dans certains secteurs comme le textile-habillement ou l'agriculture

J.-M. S.

➙ Importation, OMC, protectionnisme

DTS (droits de tirage spéciaux)

Actif de réserve créé par le FMI en 1969 et alloué aux pays membres.

Ils représentent aujourd'hui environ 2 % des réserves de change en devises. Leur utilisation est limitée aux transactions et aux opérations officielles entre les pays membres, avec le FMI ou un certain nombre d'institutions désignées. Le DTS est l'unité de compte du FMI. Il peut être utilisé pour libeller des opérations financières privées ou fixer des taux de change. La valeur du DTS est calculée à partir des monnaies de cinq pays (Allemagne, États-Unis, France, Japon, Grande-Bretagne)

J.-M. S.

Dualisme

Situation d'une économie caractérisée par l'opposition de deux parties (activités traditionnelles - activités modernes, monde rural - monde urbain, etc.).

La pensée dualiste est à l'origine de l'économie du développement. Dans les années 1950, le modèle de Lewis repose sur une opposition traditionnel-moderne, qui correspond largement à un clivage rural-urbain. Le dualisme des économies est vu à cette époque comme un facteur de développement, le secteur traditionnel offrant une réserve illimitée de main-d'œuvre et permettant de peser sur le niveau des salaires.

À partir des années 1970, la forme dominante du dualisme oppose, en milieu urbain, un « secteur formel » (économie déclarée) et un « secteur informel » (économie non déclarée). Ce dernier se caractérise par la petite taille des unités de production, le non-respect de la réglementation, le bas niveau technologique, etc.). Il est aujourd'hui principalement envisagé à partir de sa fonction sociale (lieu de formation de revenus et de création d'emplois pour les couches pauvres de la population) plutôt que comme « vivier » de petites entreprises destinées à croître et à se moderniser.

L'idée de dualisme bute sur la question de la délimitation des deux parties (les entreprises « formelles », par exemple, respectent rarement l'intégralité des lois, les entreprises informelles en respectent souvent une partie). De plus, le raisonnement dualiste perd toute pertinence dès lors qu'on admet que ce sont principalement les relations entre les deux parties de l'économie qui déterminent leur évolution (par exemple, la dépense des salariés formels détermine largement les revenus de l'économie informelle). Néanmoins, la vision dualiste reste dominante en économie du développement et se retrouve, en particulier, dans la littérature des organisations internationales

B. L.

➙ Développement, Lewis

Dumping commercial

Pratique illégale consistant à vendre sur des marchés étrangers un produit en dessous du prix pratiqué sur le marché du pays d'origine.