Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Prix (suite)

Chaque bien n'a pas nécessairement le même prix pour tous ses acheteurs : des compagnies de transport aérien peuvent ainsi proposer des « tarifs jeunes » sur des lignes régulières, et EDF pratique des prix plus bas pour les entreprises les plus consommatrices d'énergie électrique. Ces discriminations doivent être justifiées par des considérations particulières pour ne pas déroger aux lois qui régissent la libre concurrence

F. E.

➙ Concurrence, marché, pouvoir d'achat

Production

Activité consistant à transformerdes facteurs de production ende nouveaux produits.

On parle généralement de production quand des biens sont matériellement transformés pour en donner d'autres ; on produit ainsi une voiture avec de l'acier, des matières plastiques, des pneumatiques, du travail, des robots, etc.

Le terme de production peut cependant s'appliquer à des activités d'une autre nature, concernant le transport, les services ou la vente au détail : acheter une cagette d'huîtres à Cancale et la vendre à Clermont-Ferrand revient à produire un bien qu'on pourrait appeler la cagette-disponible-à-Clermont-Ferrand, à ne pas confondre avec cet autre bien qui est la cagette-de-Cancale. Recruter sept comédiens, acheter quelques accessoires et réserver une salle de théâtre à Levallois revient à produire un bien appelé « représentation théâtrale ».

Au sens strict comme au sens large, la production nécessite en général du temps, des quantités de travail de différentes qualifications, des matières premières et des équipements durables, que l'on peut appeler du capital. Le profit est la différence entre la valeur de la production et les coûts correspondants. Il est donc d'autant plus grand que les procédés techniques utilisés sont efficaces, que les facteurs utilisés sont bon marché et que le produit peut se vendre à haut prix

F. E.

➙ Facteur, output

Productivité (d'un facteur)

Rapport entre la production permise par l'utilisation d'un facteur (travail ou capital) et la quantité utilisée de ce facteur.

On définit généralement deux types de productivité : la productivité moyenne et la productivité marginale.

• La productivité moyenne mesure la production totale par unité de facteur utilisée : la productivité moyenne du travail est égale à 5 dans le secteur de l'automobile si 1 million d'ouvriers fabriquent 5 millions de voitures par an. Il s'agit là d'un indice grossier de la productivité globale, qui ne vaut que si les techniques de fabrication sont à peu près les mêmes partout.

• La productivité marginale est le surcroît de production provenant de l'utilisation d'une petite quantité supplémentaire de facteurs : par exemple, le nombre de kilogrammes de minerai extraits grâce à 1 heure de travail supplémentaire

F. E.

Productivité marginale (d'un facteur)

Accroissement de la production quandla quantité de l'un des facteurs augmente d'une unité.

Dans une entreprise automobile, quand la productivité marginale du travail vaut 2, cela signifie que 1 homme de plus permettrait de produire 2 voitures en plus par an, ce qui ne sera évidemment possible qu'en surveillant mieux certains robots, qu'en les envoyant plus rapidement au service de réparation en cas de panne, etc.

On admet en général que la productivité marginale d'un facteur diminue quand le niveau de production augmente. Embaucher un deuxième homme sera sans doute moins productif parce que les tâches les plus urgentes auront été affectées à l'homme précédemment embauché.

Quand une entreprise maximise son profit, on démontre qu'elle égalise la productivité marginale d'un facteur à son coût. Supposons dans l'exemple précédent qu'un salarié de plus coûte à l'entreprise 25 000 F par mois et que les deux voitures produites en plus lui rapportent 30 000 F. Il est clair qu'il conviendra alors d'embaucher. Le raisonnement ne peut pas se poursuivre indéfiniment en raison de la baisse de la productivité marginale ; celle-ci finira donc par compenser exactement les 25 000 F d'un salarié nouvellement embauché.

En France, l'écart entre la productivité du travail et son coût est le plus fort pour les salariés les moins qualifiés, ce qui expliquerait leur taux de chômage élevé. La solution (théorique) serait de diminuer le coût du travail correspondant, en diminuant soit les salaires, soit les charges sociales

F. E.

➙ Facteur, production

Produits dérivés

Titres négociables qui représentent nonun bien existant mais une déclinaison financière de ce bien. Par exemple, en prenant une option d'achat surune action, on crée un produit dérivé (l'option) à partir d'un bien existant (l'action).

Ces marchés « au second degré » ont été importés des États-Unis en Europe au début des années 1980. Il s'agit de conclure maintenant une transaction qui se réalisera (ou non) dans le futur, à trois mois, six mois ou neuf mois, ce nouveau « papier » faisant à son tour l'objet d'échanges et de cotations. L'intérêt d'un tel mécanisme réside dans son effet de levier (en anglais leverage) : il permet, en investissant peu d'argent au départ (le prix de l'option ne représente qu'une fraction de celui de l'action), d'avoir des gains importants à l'arrivée. Mais il peut y avoir aussi des pertes. Certains de ces contrats peuvent donner lieu à       un       paiement       immédiat       ou       à       aucun       paiement du tout.

Ces produits financiers nouveaux (futures, swaps, options...) correspondent à un besoin réel des entreprises. Ils permettent de couvrir certains risques sur les changes ou les approvisionnements en matières premières.

Des instruments décriés

Le développement des marchés dérivés est sans commune mesure avec le développement des marchés « réels » qui cotent les actions et les obligations. Selon les statistiques de l'International Swaps and Derivatives Association (ISDA), le montant des contrats dérivés de gré à gré est passé de 4 449,4 milliards de dollars en 1991 à 28 733,4 milliards de dollars au premier semestre 1997. Dès le milieu des années 1990 ces instruments financiers ont été décriés en raison de leur caractère spéculatif et des accidents qu'ils ont provoqués, allant jusqu'à la faillite de banques comme la vénérable britannique Barings. En dépit de multiples études et recommandations, les institutions financières internationales et les banques centrales paraissent souvent impuissantes devant l'envolée d'un tel marché sur lequel elles n'ont aucune prise. Les défenseurs des produits dérivés soulignent que, s'il ne faut pas sous-estimer les conséquences de prises de position imprudentes sur les marchés, les opérations de crédit banales sont tout aussi dangereuses

D. G.

➙ MATIF, MONEP, spéculation