Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Valeur (théories de la)

Explications de l'origine de la valeur absolue ou relative des choses.

On distingue depuis Aristote la valeur d'usage, correspondant à l'utilité d'un bien, et la valeur d'échange, relative au pouvoir d'achat que confère ce bien. On a surtout étudié cette seconde dans le cadre d'une économie de marché, en la distinguant du prix, qui n'en serait que l'expression monétaire. On oppose la théorie de la valeur-travail des classiques et de Marx à la théorie de la valeur-utilité des néoclassiques. La première est une théorie objective qui fait du temps de travail nécessaire à la production d'un bien l'origine et la mesure de sa valeur. Mettant l'accent sur les coûts de production, elle oriente l'analyse vers l'offre. La seconde théorie, subjective, fonde la valeur d'échange d'un bien sur sa valeur d'usage, son utilité pour l'acquéreur, qui est à la base de sa demande. La loi de l'offre et de la demande permet de réconcilier ces deux explications, le prix d'un bien dépendant alors à la fois de ses coûts de production et de son utilité.

P. L.

➙ Dichotomie, marginalisme, (A.) Marshall, (C.) Menger, utilitarisme, (L.) Walras

Valeur ajoutée

Différence entre la valeur des biens ou des services vendus par un agent et celle des biens et des services qu'il a consommés pour les fabriquer(ses consommations intermédiaires).

La comptabilité nationale définit la valeur ajoutée comme le solde du compte de production des sociétés financières et non financières, des entrepreneurs individuels et des ménages qui vendent un service de logement ; elle représente la valeur créée par un agent quand il transforme des produits ou des pièces détachées achetés à ses fournisseurs (par exemple de la tôle, des sièges et des pneus) en un produit fini (une automobile).

La valeur ajoutée par l'ensemble des agents économiques pendant une période se compose principalement du revenu des salariés, de celui des propriétaires du capital, des impôts prélevés par l'État et des frais financiers versés aux institutions financières, c'est-à-dire du revenu de tous ceux qui ont contribué au processus productif. La somme des valeurs ajoutées, augmentée du montant des droits de douane et de la TVA, est égale au produit intérieur brut.

P. B.

Vauban (Sébastien Le Prestre de)

Maréchal de France (1633-1707),qui proposa une audacieuse réforme de la fiscalité.

Surtout connu pour ses formidables forteresses, Vauban dénonça à la fin du règne de Louis XIV la misère dont souffraient la plupart des Français. Pour fournir à l'État les moyens de redresser l'économie et d'améliorer le sort des plus pauvres, il publia en 1707 son Projet d'une dîme royale : il y proposait la création d'un impôt en nature variant entre un dixième et un vingtième du revenu de tous les sujets du roi, en fonction des besoins de celui-ci et des ressources de chacun. La noblesse et le clergé, ne payant pas d'impôts, dénoncèrent ce projet et firent saisir l'ouvrage. Vauban, déjà malade, fut disgracié et mourut peu de temps après.

P. B.

Veblen (Thorstein Bunde)

Économiste et sociologue américain (1857-1929), qui a critiqué les inégalités de la société capitaliste.

T. Veblen est surtout connu pour sa dénonciation de la « classe de loisir », qui vit de revenus essentiellement financiers, adopte un mode de vie de rentier, s'adonne aux arts et au sport, mais constitue finalement une classe parasite (in la Théorie de la classe de loisir, 1899).

Avant J. K. Galbraith, il a analysé l'essor de la technostructure dans la grande entreprise et l'essor de la société de consommation. Il a insisté en particulier sur la consommation ostentatoire, qui pousse les individus à acheter un bien parce que son prix est élevé (« effet Veblen »), contrairement à la théorie microéconomique, qui considère que la demande d'un bien diminue quand son prix augmente.

P. B.

Villermé (Louis René)

Médécin français (1782-1863), auteur d'un Tableau de l'état physique et moral des ouvriers dans les fabriques de coton,de laine et de soie, publié en 1840, qui constitue l'étude la plus complète sur la condition ouvrière durant la Restauration.

Chargé en 1837 par l'Académie des sciences morales et politiques d'enquêter sur le sort des ouvriers du textile, il constata que, si un ouvrier très qualifié pouvait gagner plus de 10 francs par jour et accumuler une épargne non négligeable, les enfants de 5 à 6 ans gagnaient alors environ 0,30 franc par jour, les femmes entre 0,50 et 1 franc, et les hommes non qualifiés entre 1 et 2 francs. Aussi les familles les plus pauvres parvenaient-elles à peine à survivre. Il décrivit également les difficiles conditions de travail de ces ouvriers, et l'insalubrité de leurs logements.

Le docteur Villermé avait peu d'espoir d'améliorer le sort des adultes, aux mœurs trop corrompues, mais il préconisa de protéger les enfants en réglementant leur travail et en leur permettant d'avoir accès à l'instruction. Enfin, après de longs débats, il fut entendu par le Parlement : en 1841 fut votée la première loi sociale française. Elle interdisait le travail des enfants de moins de 8 ans dans les manufactures employant plus de vingt ouvriers, limitait à 12 heures par jour la durée du travail des enfants de 8 à 12 ans et instituait le repos du dimanche pour les enfants de moins de 16 ans.

P. B.