Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
C

Convertibilité-or (suite)

La convertibilité peut être réservée à certaines institutions, nationales ou étrangères. Ainsi, dans les règles du système de Bretton Woods, la France, dans les années 1960, a demandé aux États-Unis de convertir en or une partie des dollars qu'elle détenait, au taux historique de 35 $ l'once d'or.

Dans la mesure où plusieurs pays pratiquent la convertibilité-or, le métal jaune apparaît comme une forme particulière de monnaie commune, utilisable pour régler les échanges internationaux ; elle est donc indissociable d'un régime monétaire fondé sur l'étalon-or.

Le recours à la convertibilité-or visait à donner une plus grande crédibilité à la monnaie fiduciaire (billets, pièces), d'utilisation plus aisée et moins coûteuse. Dans la mesure où des demandes massives de conversion étaient considérées comme improbables, les autorités monétaires n'étaient pas toujours tenues de respecter une couverture à 100 % de la masse monétaire en circulation, ce qui permettait d'introduire une certaine souplesse dans la politique monétaire.

Si, aujourd'hui, l'or a perdu ses attributs monétaires, certains systèmes en reproduisent les mécanismes en substituant les devises, le dollar notamment, aux métaux précieux comme instrument de réserves et comme base de la convertibilité

J.-M. S.

➙ Change

Corée du Sud

Les succès économiques de la Corée du Sud ont fait de ce pays un cas à part dans le monde en développement. Issu en tant qu'entité politique d'une guerre civile (1950-1953), le pays figurait à ses débuts parmi les plus pauvres du monde. Or, après trois décennies de croissance rapide, il a comblé en partie son retard, le revenu par habitant s'étant multiplié par plus de dix. L'économie coréenne a toutefois connu en 1998 une situation de crise.

Le rattrapage réussi par la Corée du Sud repose sur un réel processus d'accumulation de capacités technologiques nationales. La production est dominée par des activités complexes ou lourdes, souvent tournées vers l'exportation. Parmi les grandes exportations coréennes, il y a des composants électroniques sophistiqués, des produits électroniques pour le grand public, des bateaux et des automobiles. Ces productions sont le fait de grands groupes économiques nationaux, les « chaebols », qui développent des produits et les commercialisent sous leurs propres marques.

Le déclin des « chaebols »

C es groupes économiques privés, souvent familiaux, ont été au centre des succès industriels de la Corée du Sud. Hyundai, Samsung, Daewoo et d'autres ont atteint une dimension mondiale, faisant dans certains domaines jeu égal avec les firmes des pays avancés. Ces conglomérats ont toutefois des méthodes de gestion singulières et manquent souvent de transparence. Ils privilégient l'expansion rapide et la pénétration des marchés plus rentables, de sorte qu'ils sont présents dans un grand nombre d'activités et très endettés. Atteints très lourdement par la crise financière régionale de 1987, les chaebols sont maintenant contraints à la restructuration.

Les progrès coréens ont été favorisés par des politiques dirigistes inspirées du Japon. La phase de croissance rapide a été celle d'un État militaire qui, soucieux des problèmes de sécurité posés par la Corée du Nord, voyait dans le développement industriel une clé de la défense nationale. Autoritaire mais rejoignant des aspirations populaires de sécurité et de progrès, cet État a imposé ses choix aux entrepreneurs et une dure discipline aux salariés. Il a fixé des priorités d'investissement et d'exportation, que le secteur privé a dû mettre en œuvre, à l'aide cependant d'incitations diverses. Un outil puissant de l'État a été le contrôle de l'accès au crédit national et international. Les salariés pour leur part ont dû supporter des conditions de travail pénibles et la répression des luttes sociales.

Les limites d'un modèle étatiste-capitaliste

L'efficacité du dirigisme était pour partie due au réalisme des choix de l'État et à l'existence d'échanges institutionnalisés avec le secteur privé. De plus, les faveurs accordées aux entreprises étaient liées à des objectifs précis et contrôlés. Or, ce système a été éprouvé par son succès. Les groupes économiques sont devenus autonomes, capables de se financer directement sur le marché international. La classe ouvrière, plus nombreuse et expérimentée, a fini par faire sauter le carcan étatique. Une forte mobilisation sociale en 1987 a ainsi eu raison du régime militaire et du dirigisme. Depuis, tout en gardant des niveaux honorables, la croissance par habitant a montré une tendance régulière à la baisse.

La libéralisation financière intervenue par la suite a ouvert la voie à un capitalisme dit de copinage. Des banques privées mal régulées se sont endettées à l'étranger pour accorder des crédits hasardeux à leurs clients locaux. Elles ont souvent financé le surinvestissement des chaebols, eux-mêmes libérés des plans de rationalisation utilisés autrefois par l'État contre l'excès de capacités de production – d'où l'accumulation de mauvais crédits et la fragilité financière de la Corée du Sud. Le retrait des capitaux à la fin de l'année 1997, dans le cadre d'une crise régionale, a précipité l'économie coréenne dans la récession. Ce choc est venu aggraver une situation déjà difficile en raison de l'épuisement des modalités de croissance du passé

M. L.

➙ Dragons

Corée du Sud

Population : 46 844 000 hab.

PNB (1997) : 437,31 milliards de $

PNB/hab. : 10 550 $

Structure de la population active : agriculture 11 %, mines et industrie 31,3 %, services 57,7 %

Dette brute : 11 % du PIB

Taux de chômage : 6,8 %

Corn Laws

Lois sur le blé protégeant l'agriculture anglaise par de forts tarifs douaniers.

Les Corn Laws constituent l'un des éléments de la politique mercantiliste et protectionniste anglaise mise en place au xviie siècle. C'est en 1663 et en 1673 que furent instituées les premières Corn Laws, interdisant ou taxant lourdement les importations de céréales quand leurs prix baissaient en dessous d'un certain niveau. Elles prévoyaient même des subventions à l'exportation dans ce cas de figure. Elles réduisaient au contraire les tarifs douaniers en cas de prix élevé (signe de production insuffisante), ce qui préservait l'approvisionnement des populations.