Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
A

Allemagne (suite)

Cependant, si l'Allemagne a su résister aux effets de la crise des années 1970, en ce qui concerne l'inflation et le commerce extérieur, elle a dû faire face durant les années 1990 aux conséquences de sa réunification. La dette intérieure nette de l'État, inférieure à 20 % du produit intérieur brut en 1990, approchait les 50 % dix ans plus tard, et le taux de chômage dépassait les 11 % de la population active en 1998. De plus, le vieillissement de la population pose le grave problème du financement des retraites.

L'Allemagne conserve toutefois une position économique solide en raison de la qualité et de la diversité de sa production industrielle (elle est le second pays exportateur du monde), des hauts rendements de son agriculture et de la complémentarité qui se fait jour entre les divers pays de l'Union économique et monétaire européenne.

P. B.

➙ Hyperinflation, konzern, mark

Vers la fin du « modèle rhénan » ?

Le modèle rhénan, c'est l'économie sociale de marché, souvent présentée comme le résultat d'une collaboration efficace entre patronat et syndicats. Mais ce modèle s'expliquait aussi par le système de la « Hausbank » (banque maison), c'est-à-dire une banque à la fois prêteuse, actionnaire et contrôleuse des entreprises. Dominées par les « trois vieilles » (Deutsche Bank, Dresdner Bank et Commerzbank), les banques allemandes avaient organisé entre elles et les entreprises tout un système de participations croisées assurant la continuité des affaires.

Depuis le début des années 1990, ce système commence à être remis en cause :

• une nouvelle génération de dirigeants d'entreprise, très favorables au modèle anglo-saxon, arrive aux affaires ;

• les banques sont contraintes d'abandonner peu à peu leurs liens privilégiés avec les entreprises. Ainsi, en novembre 1999, le géant du bâtiment Holzmann, en pleine déconfiture, n'a pu que constater le retrait de ses soutiens bancaires, jusqu'alors indéfectibles (même si le gouvernement s'est résolu à intervenir en catastrophe pour sauver le groupe) ;

• les épargnants allemands, traditionnellement réfractaires à la Bourse comme leurs voisins français, manifestent un intérêt soudain pour les placements en actions.

Toutefois, le poids de la Bourse dans le financement des entreprises reste encore faible par rapport à celui des banques. Ainsi, en 1998, la capitalisation de l'ensemble des valeurs cotées en Allemagne ne représentait que 54 % du PIB, contre 127 % aux États-Unis... et 65 % en France.

Allemagne

Population : 82 220 000 hab.

PNB (1998) : 2 083 milliards de $

PNB/hab. : 28 280 $

Structure de la population active : agriculture 3,2 %, mines et industrie 36,5 %, services 60,2 %

Dette brute : 63,1 % du PIB

Taux de chômage : 11,2 %

Amérique latine

Appellation géographique désignant tous les États de langue latine (espagnole ou portugaise, pour le Brésil ) situés dans la partie méridionale du continent américain, au sud de l'isthme de Panamá, ainsi que les pays de l'Amérique centrale et, enfin, le Mexique.

Les États de l'Amérique latine ont été conquis par l'Espagne et le Portugal au xvie siècle et s'en sont affranchis au début du xixe. Des régimes autoritaires et instables, souvent appuyés sur des oligarchies foncières, ont longtemps caractérisé les sociétés latino-américaines, dont certaines sont en proie à des guérillas endémiques. Néanmoins, un tournant démocratique a été pris à partir des années 1980 dans l'ensemble de la région.

Depuis la chute des dictatures, les économies de l'Amérique latine ont porté tous les espoirs et subi tous les maux du tiers-monde. Presque toutes ont connu dans les années 1960 un fort développement industriel et une croissance économique parfois rapide, fondés sur un certain protectionnisme. Mais ces États, situés dans l'« arrière-cour » des États-Unis, sont restés très dépendants de l'économie nord-américaine. Étranglés il y a vingt ans par la crise de la dette internationale, devenus le laboratoire mondial des privatisations, ils ont ensuite figuré parmi les premières victimes des secousses financières du monde dit émergent ; ce fut d'abord le cas du Mexique (1994), puis de la région tout entière (par contagion de la crise asiatique de 1997-1998). Le Brésil compte la plus forte dette publique du monde émergent (250 milliards de dollars environ).

L'Amérique latine a pourtant beaucoup changé depuis la « décennie perdue », celle de la crise de la dette des années 1980. La forte croissance du Chili et l'accession du Mexique parmi les pays riches de l'OCDE, en 1994, en sont témoins. La région a attiré 60 milliards de dollars d'investissements étrangers en 1999, soit 40 % du total mondial. Les pays plus pauvres sont l'objet d'une attention particulière, comme la Bolivie.

Les obstacles au développement

Parmi les obstacles à un développement économique harmonieux en Amérique latine, on peut citer :

• la dépendance à l'égard du capital étranger, pourtant nécessaire pour financer la modernisation des pays. Tout phénomène de défiance vis-à-vis du monde émergent se traduit immédiatement par un retrait des fonds placés en Amérique latine ;

Tequila et samba

Les fortes répercussions sur le reste du monde émergent de la crise financière mexicaine, en 1994, avaient été ironiquement qualifiées d'« effet Tequila », par référence à l'eau-de-vie produite dans la petite ville mexicaine de Tequila. Michel Camdessus, alors directeur général du Fonds monétaire international (FMI), avait déclaré qu'il s'agissait de la première crise du xxie siècle. Qu'y avait-il pourtant de si différent en 1994 par rapport à d'autres crises financières, celle de la dette en 1982 ou le krach boursier de Wall Street en 1987 ?

La dette contractée par le Mexique était énorme (près de 100 milliards de dollars), mais elle avait changé de nature, n'étant plus à long ou moyen terme, mais à court terme. Sur le marché financier de Mexico, les Tesobonos (bons du Trésor) avaient attiré les investisseurs étrangers grâce à des taux d'intérêt élevés. Mais, du jour où, en 1994, la monnaie a été dévaluée (le maintien d'une étroite parité entre le peso et le dollar étant devenu trop onéreux), ces étrangers se sont retirés du Mexique, et, de là, de l'Amérique latine et du monde émergent tout entier.