Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Dollar (suite)

Un instrument au service de la puissance américaine

Depuis l'instauration des changes flottants, la devise américaine a connu des variations de grande ampleur : par exemple, elle est passée de 4,04 francs en janvier 1980 à 10,61 francs le 26 février 1985, à cause de la politique de taux d'intérêt élevés pratiquée à cette époque par les autorités monétaires américaines.

L'un des principaux reproches faits au dollar est que son cours influe sur les échanges, donc sur les économies, du monde entier. Comme 80 % des exportations de pays comme le Venezuela ou la Russie sont composées de pétrole (donc de dollars), toute chute du dollar représente pour eux une perte sèche. Or, les États-Unis sont accusés de pratiquer le benign neglect (négligence bienveillante) à propos de la valeur externe du dollar, celle-ci leur important peu.

Néanmoins, à partir de 1985, les dirigeants des principales économies (Groupe des sept ou G7) ont pris l'habitude d'agir ensemble quand le dollar leur paraissait trop fort ou trop faible, à la fois par des interventions coordonnées des banques centrales et en indiquant publiquement le sens dans lequel ils souhaitent voir évoluer le dollar.

En l'absence d'un nouveau système international, le dollar a donc conservé une place de choix dans l'économie mondiale. Les crises monétaires des pays émergents et, surtout, l'entrée en vigueur de l'euro modifieront peut-être cette suprématie au xxie siècle

F. L.

➙ Banque centrale, euro, or, SMI

Dow Jones

Indice composé de 30 valeurs permettant de mesurer l'évolution de la place new-yorkaise (Wall Street). Il doit son nom à Charles Dow et à Edward Jones, qui le créèrent en 1894.

Chaque place boursière a plusieurs centaines de valeurs cotées quotidiennement. Pour connaître l'évo-lution moyenne des cours et dégager ainsi une tendance, ces places sont dotées chacune d'un ou de plusieurs indices qui sont composés d'échantillons d'actions à partir desquels est établie une moyenne. Le Dow Jones est le plus connu de ces indices. Il est devenu l'un des symbole du capitalisme. Charles Henry Dow et Edward Jones ne se doutaient pas qu'ils connaîtraient une telle gloire posthume en créant voici plus d'un siècle le premier indice de la Bourse de New York, publié dans Customer's Afternoon Letter, ancêtre du Wall Street Journal. Le Dow Jones, composé au départ de onze valeurs, en comprend désormais trente.

9 000 points en dix-sept ans

Une seule société de la liste initiale, General Electric, a résisté à l'épreuve du siècle : les autres ont disparu ou ont été absorbées par d'autres groupes. Tout récemment, deux jeunes et brillantes valeurs de l'industrie de haute technologie, Microsoft et Intel, ont été admises dans le club. L'indice a franchi la barre des 100 points le 12 janvier 1906. Il faudra attendre près de soixante-dix ans pour qu'il franchisse la barre des 1 000 points, en 1972. Depuis, le mouvement n'a fait que s'accélérer, le Dow Jones dépassant les 10 000 points au mois de mars 1999. Deux krachs boursiers ont marqué le siècle et sont illustrés par deux « journées noires » : le jeudi 28 octobre 1929, le Dow Jones perdait en une seule séance 38,33 points (13 %), déclenchant la crise mondiale des années 1930 ; le lundi 19 octobre 1987, il chutait d'un coup de 508 points (22,6 %), avec cette fois beaucoup moins de conséquences économiques

D. G.

➙ Bourse, bulle financière, CAC 40, cours, crise économique

Dragons (asiatiques)

La littérature économique internationale qualifie de « dragons » asiatiques les quatre pays d'Asie du Sud-Est suivants : la Corée du Sud (47 millions d'habitants en 1999), Taïwan (22 millions), Hongkong (6 millions avant sa réintégration au sein de la Chine populaire le 1er juillet 1998) et Singapour (4 millions).

Ces quatre pays, qui étaient parmi les plus pauvres du monde au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ont connu, à partir du milieu des années 1970, un décollage économique spectaculaire, avec des rythmes de croissance proches de 10 % l'an. S'inspirant du modèle de croissance japonais – un État fort, une priorité à l'exportation, un marché intérieur protégé, un effort considérable d'épargne et d'éducation –, ces « dragons » sont passés, en moins d'une génération, de l'état de « pays sous-développés » à celui de « nouveaux pays indus-trialisés » (NPI), puis, plus récemment, à celui de « marchés émergents ». Pays dénués à l'origine de ressources naturelles, les deux cités-États de la région, Singapour et Hongkong, se sont ainsi rangées parmi les pays les plus riches du monde, avec à la fin des années 1990 un produit intérieur brut (PIB) par habitant proche de 30 000 dollars (contre 23 000 environ en France).

Alors qu'en cinquante ans, depuis 1953, le PIB annuel par habitant de la Corée du Nord est resté figé autour de 500 dollars, le pays souffrant encore à la fin des années 1990 de famine, celui de la Corée du Sud est passé de 500 à plus de 10 000 dollars. En décembre 1996, ce dernier pays est d'ailleurs devenu membre de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), organisation souvent qualifiée de « club des pays riches ». Revenant sur cette période, la Banque mondiale publiait, en 1997, une étude sur « le miracle économique » des petits pays d'Asie du Sud-Est. Ceux-ci ont été affectés par une violente crise monétaire à partir de l'été 1998 ; la plupart d'entre eux ont néanmoins retrouvé rapidement le chemin de la croissance.

Ces dragons sont aussi qualifiés parfois de tigres. Ils ont été suivis par les « bébé tigres », trois pays de la régio;n (la Thaïlande, la Malaisie et l'Indonésie) qui ont connu à leur tour un décollage de leur économie dans les années 1980. D'autres pays pourraient rejoindre cette famille animalière : le Viêt Nam, le Laos et le Cambodge. Surtout, on évoque désormais la montée en puissance des « lions » de la zone, la Chine et l'Inde, deux grandes puissances rugissantes qui connaissent à la fin du xxe siècle un développement économique rapide même s'il est parfois chaotique

É. I.

➙ Corée du Sud, pays émergents