Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Nouvelle Économie (suite)

Pour certains économistes, cette situation implique qu'une « nouvelle économie » est en train de se mettre en place, obéissant à de nouvelles règles. Elle est due à la production de biens et de services issus des nouvelles technologies, mais aussi et surtout à leur utilisation généralisée, à l'origine de très forts gains de productivité.

Bond technologique ou situation conjoncturelle ?

Pour d'autres théoriciens (tels Anton Brender et Florence Pisani dans le Nouvel Âge de l'économie américaine, éditions Economica), cette situation ne remet pas en cause les modèles existants. Des raisons conjoncturelles en ont favorisé l'émergence. La politique d'Alan Greenspan tout d'abord. Le président de la Réserve fédérale américaine (FED) a su très habilement réguler la politique monétaire des États-Unis et résister à la tentation de hausser les taux d'intérêt, à des périodes où nombreux étaient ceux qui redoutaient les effets inflationnistes d'une surchauffe de l'économie. Cette attitude a eu pour effet de favoriser un cercle vertueux, sans provoquer pour autant de tension sur les salaires ni sur les prix. Une situation rendue possible grâce, notamment, à la baisse du prix du pétrole et de tous les produits informatiques. Une des autres raisons expliquant cette situation apparemment paradoxale est liée à la part croissante de sources de revenus pour les ménages autres que les salaires, telles les stock-options et autres plus-values sur actions. Il est à noter que cet autre cercle vertueux (économie florissante entraînant la hausse des cours de Bourse) a également été un facteur d'accroissement des inégalités.

Par glissement sémantique, la Nouvelle Économie caractérise également les entreprises qui ont le plus contribué à l'amélioration de la productivité de l'économie américaine : firmes travaillant ou utilisant les nouvelles technologies de l'information et de la communication, et plus particulièrement celles qui se développent grâce à Internet.

Observée tout d'abord aux États-Unis, la Nouvelle Économie gagne la plupart des pays développés, qui tirent parti de l'exemple américain pour l'adapter à leur contexte. Reste à savoir si ce nouveau cadre théorique sera capable d'intégrer un ralentissement, voire une récession

A. K.

➙ Communication, États-Unis, information, Internet

Nucléaire

Énergie obtenue par la fission de l'uranium ou du plutonium dans un réacteur.

Les pays occidentaux se sont massivement engagés dans le nucléaire après le premier choc pétrolier de 1973. Cette option était présentée comme la seule réponse à l'explosion des coûts du pétrole sous la pression de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Pauvre en ressources énergétiques, la France (déjà dotée de l'atome militaire) choisit le tout-nucléaire et se propose de construire six réacteurs de 1 000 mégawatts par an. Un quart de siècle plus tard, à la veille de l'an 2000, elle possède un parc de 58 réacteurs, sur les 440 en service dans le monde.

Électricité de France (EDF) aura dépensé plus de 1 000 milliards de francs pour ces équipements. La part du pétrole, qui représentait 70 % de la consommation nationale au début des années 1970, est tombée aujourd'hui sous les 40 %.

Une source d'énergie remise en cause

Économies d'énergie et production nucléaire représentent l'équivalent de 100 millions de tonnes de pétrole par an, soit la production pétrolière du Koweït ! Le parc de réacteurs produit 80 % de l'électricité nationale et l'exportation de courant représente le quatrième poste du commerce extérieur. Le paysage a cependant changé. D'abord en 1979, avec la catastrophe de la centrale américaine de Three Miles Island (Pennsylvanie), dont le cœur fond à la suite d'erreurs répétées de l'équipe de conduite. La question lancinante de la sécurité nucléaire est à nouveau posée. Et, comme le pétrole est moins rare, nombre de programmes nucléaires sont ralentis, voire revus à la baisse. La France continue, tout comme le Japon et l'Union soviétique. Le 26 avril 1986, nouveau coup de tonnerre, le réacteur numéro 4 de la centrale ukrainienne de Tchernobyl explose et répand sa radioactivité sur toute l'Europe. Le doute s'amplifie. En 1998, avec l'arrivée au pouvoir en Allemagne de Gerhard Schröder, allié aux écologistes, ce pays décide d'arrêter progressivement l'exploitation de ses centrales. En France, le gouvernement de Lionel Jospin, dont les Verts font aussi partie, a fait arrêter le surrégénérateur Superphénix, un prototype coûteux qui n'a jamais fonctionné de façon satisfaisante. La construction du parc nucléaire étant achevée, la question de son renouvellement à l'horizon 2015 se pose. Dans les pays occidentaux, les inquiétudes concernent moins la sûreté des installations que les déchets issus de la combustion de l'uranium, qui restent radioactifs pour des siècles. Plusieurs options se présentent pour l'aval du cycle, allant du retraitement à l'enfouissement des déchets une fois vitrifiés

D. G.

➙ Énergie

Numéraire

Appellation générique donnée à la devise d'un pays, utilisée lorsqu'il s'agit d'espèces qui, seules, ont cours légal.

Un banquier canadien peut informer un client que le numéraire de la France est le franc français, et lui proposer de lui vendre des coupures de 100 francs contre des dollars canadiens, numéraire du Canada. Les documents administratifs français font référence à des versements « en numéraire » (avec des liquidités), par exemple au sujet d'un investissement dans le capital d'une entreprise

F. L.