Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Syndicat (suite)

• Les comités d'entreprise, ou comités d'établissement (CE), créés en 1945, existent dans les entreprises d'au moins 50 salariés. Ils doivent être consultés sur les questions relatives à l'organisation, à la gestion et à la bonne marche de l'entreprise. Les comités d'entreprise ont également pour fonction de gérer les œuvres sociales (restaurants d'entreprise, bibliothèques, colonies de vacances).

Le régime général des syndicats demeure régi par les lois du 21 mars 1884 et du 12 mars 1920.

D'abord une fonction de consensus ou, du moins, de régulation des relations de travail

Pour appuyer les desiderata des salariés, les organisations syndicales peuvent avoir recours à différents moyens (grèves, pétitions, déclarations de presse afin de sensibiliser l'opinion publique). Or, si les syndicats doivent défendre les intérêts professionnels et matériels de leurs membres, ils contribuent efficacement à la régulation des conflits sociaux dans un sens favorable à la reconduction du consensus social et politique. Contrairement à une vision réductionniste fortement répandue, les associations syndicales n'exercent pas de fonctions dysfonctionnelles à l'endroit de l'entreprise ou de la société globale, mais contribuent à réduire les tensions et les oppositions structurelles qui naissent du partage de la valeur ajoutée entre les travailleurs et les propriétaires du capital (actionnaires). Comme l'atteste sa naissance, le syndicalisme français est né de la volonté politique et patronale d'institutionnaliser les conflits sociaux et, plus particulièrement, les conflits du travail. Il s'agissait d'éviter le recours à la violence et la montée du socialisme, qui menaçait l'ordre social libéral et le système de la libre entreprise. C'est ainsi que la loi de 1864 autorise le droit de grève, et la loi de 1884 (loi Waldeck-Rousseau), la création des syndicats. L'encadrement des ouvriers apparaît alors nécessaire pour résoudre les conflits d'une façon protocolaire par la négociation collective et non par l'action politique violente.Les traditions syndicales varient d'un pays à l'autre. Ainsi, dans l'Europe du Nord, les syndicats demeurent liés aux partis socialistes, tandis qu'aux États-Unis l'AFL a longtemps privilégié une action plus corporatiste.

Une remise en cause quasi générale dans un environnement social complètement transformé

En dépit de leur fonction au service du consensus social et politique, les syndicats connaissent une chute de leurs effectifs. Le taux de syndicalisation (rapport entre les adhérents des syndicats et la population active salariée) ne cesse de diminuer depuis les années 1970 dans la plupart des pays développés. Aux États-Unis, la main-d'œuvre syndiquée ne représente qu'un peu plus de 14 % des actifs contre 30 % dans les années 1950. Aussi la principale centrale, l'AFL-CIO (American Federation of Labor - Congress of Industrial Organizations), qui regroupe 80 % des syndiqués américains, multiplie-t-elle les campagnes de recrutement. Les effectifs des centrales ont également baissé en Grande-Bretagne et en Allemagne. Mais le taux de syndicalisation le plus bas concerne la France, où il a diminué de plus de la moitié entre 1970 et 1990, passant de 20 % des actifs à seulement 9 %.

En faisant abstraction du Danemark et de la Suède, où le taux de syndicalisation atteint le sommet de 91 %, le recul du mouvement syndical est quasi général dans les pays de l'OCDE. Selon le Bureau international du travail (BIT), la baisse des effectifs syndicaux s'explique par la désindustrialisation qui frappe les pays qu'on avait coutume d'appeler industrialisés et qui le sont de moins en moins. On assiste au déclin des « cols bleus » et à la montée des « cols blancs », en rapport avec la tertiarisation des activités économiques. Cette grande transformation suppose une régression des catégories ouvrières qui ont toujours constitué l'épine dorsale du syndicalisme.

Par ailleurs, l'organisation du travail et les processus de production se sont modifiés sous l'influence du progrès technique. Ces transformations dans l'organisation du travail se sont traduites par une plus grande autonomie de l'opérateur humain. C'est ainsi que l'on assiste à une réduction des relations de solidarité qui animaient les ouvriers, voire les employés, dans les entreprises et qui pouvaient conduire à l'action collective. Parallèlement, la structure des actifs s'est considérablement diversifiée. La montée du taux d'activité féminin, l'arrivée de jeunes travailleurs moins politisés, la cassure entre les personnels hautement qualifiés et les travailleurs précaires réduiraient la participation syndicale. Le chômage et les formes atypiques d'emploi (temps partiel, intérim, CDD) ne poussent guère les salariés à la syndicalisation dans la mesure où le lien avec l'entreprise n'est pas suffisamment durable pour que les travailleurs puissent s'investir dans l'action syndicale. De surcroît, en période de chômage et de précarité de l'emploi, le rapport de force entre employeurs et salariés tourne à l'avantage des premiers, qui auront toujours tendance – au mépris de la loi – à favoriser les travailleurs non syndiqués. En outre, les années 1980 auraient été marquées par de profondes mutations au sein des systèmes de représentation. On assiste à un retour des valeurs individuelles par rapport aux valeurs collectives. Il s'en serait suivi un désengagement vis-à-vis des groupes secondaires, tels que les partis politiques et les syndicats, au profit de groupes de sociabilité plus restreints en dimension comme la famille.

La Confédération européenne des syndicats (CES)

La Confédération européenne des syndicats (CES) a été créée le 9 février 1973. Elle regroupe 67 confédérations de 29 pays et 15 fédérations professionnelles européennes représentant près de 60 millions de salariés. La CES s'est élargie, en 1995, à certains pays de l'Europe de l'Est (Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Pologne, Roumanie et Slovaquie). Le congrès de la CES se réunit tous les quatre ans et élit le secrétaire général. Le comité exécutif réunit quatre fois par an les représentants des confédérations et des fédérations. Cinq syndicats français sont représentés à la CES : la CGT, la CFDT, Force ouvrière, la CFTC et l'UNSA.