Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
C

Mila CIRUL (1901-1977).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue lettone.

Elle se forme à Moscou avec E. *Tels, dans le sillon isadorien, et suit sa troupe à Vienne en 1919. Danseuse exaltée et théâtrale, elle multiplie les rôles de soliste à la fin des années 1920 (Op. de Berlin, groupe *Wallmann) et présente avec succès ses créations (Salomé au théâtre des Champs-Élysées). L'école qu'elle ouvre à Paris en 1932 séduit tant les modernes que les classiques.

LGui

Marion CITO (née en 19XX).

Danseuse et costumière allemande.

Elle rejoint le Tanztheater de *Wuppertal comme interprète, participant en 1977 aux créations de *Blaubart, Komm, tanz mit mir et Renate wandert aus, et danse pour G. *Bohner notamment dans sa version de Café Muller (1978). À partir de 1980, elle conçoit, cherche et réalise les costumes des pièces de P. *Bausch.

M. Cito porte à une conscience aigüe l'idée chère à la chorégraphe que si " les vêtements meurent ", le tissu de la vie qui est la trame de ses oeuvres ne peut se déchirer. Assumant ce travail de deuil et de résurrection, elle constitue une inépuisable garde-robe qui permet d'attribuer, de faire passer dans le temps et circuler entre les corps, des robes et costumes, pardessus et sous-vêtements, apprêtés ou défraichis, que les corps, à tout moment, peuvent désirer impérativement, capricieusement, organiquement. Il s'agit de répondre à l'impulsive et urgente découpe d'un temps où chaque personnage, pour se définir, doit disposer du vêtement qui lui revient afin qu'une sensation ne meurre pas parce que privée d'étoffe et donc de temps ; une nécessité justement perçue par Christian Lacroix lorsqu'il dit, évoquant l'œuvre de P. Bausch : " Je crois que, si j'étais danseur, c'est dans un costume qui a vécu que j'aimerais danser... ".

DD

Civic Ballet.

Voir Regional Ballet.

MK

Martha CLARKE (née en 1944).

Danseuse et chorégraphe américaine.

Formée à l'école de M. *Graham, et auprès d'A. *Sokolow, dont elle fait une sorte de modèle, elle fréquente aussi l'*American Dance Festival où elle rencontre J. *Limón et A. *Ailey. Membre du *Pilobolus Dance Theater (1973-1978), elle y compose de nombreux solos et participe aux œuvres collectives. En 1977 elle rencontre F. * Blaska et fonde avec lui et R. *Barnett le *Crowsnest Trio en 1978.

Ses chorégraphies sont empreintes d'une grande théâtralité où l'utilisation du costume est primordiale. Qualifiant sa danse d' « art du mouvement imaginaire », passionnée par les arts plastiques, elle s'inspire notamment des peintures de Jérôme Bosch pour The Garden of Earthly Delights (1984) ou de celles d'Egon Schiele et de Gustav Klimt pour Vienna Lusthaus (1986).

GV

Autres chorégraphies. 10 Haikus (1979) ; Fallen Angel (1979) ;Garden of Villandry (1979, repr. 1988, *ABT) ; It Means a Thing (1981) ; Miracolo d'Amore (1988).

Heinz CLAUSS (né en 1935).

Danseur et pédagogue allemand.

Il se forme à Stuttgart avec Hans von Kousserov et Robert Mayer, puis à Paris auprès de N. *Kiss. Élève au Ballet de *Stuttgart (1951-1957), puis danseur jusqu'en 1959 à l'Opéra de *Zurich, où il interprète surtout des rôles classiques, il rejoint comme soliste l'Opéra de *Hambourg (1959-1967), où il travaille le répertoire *Balanchine, grâce auquel il acquerra une renommée internationale, en particulier dans le rôle-titre d'*Apollon Musagète. À partir de 1967, il danse à nouveau au Ballet de Stuttgart, interprétant notamment Roméo dans le *Roméo et Juliette de J. *Cranko et créant celui de la nouvelle version d'*Onéguine (1967), ainsi que des rôles importants dans d'autres ballets de Cranko (Présence, 1968 ; Der Widerspenstigen Zähmung [la Mégère apprivoisée], 1969 ; *Poème de l'extase, 1970 ; Brouillards, 1970) ou de K. *MacMillan (Die Sphinx, 1968 ; Fräulein Julie, 1970). Il dirige ensuite l'École de ballet John Cranko de Stuttgart (1976-1990).

Sa brillante technique classique et sa constante réflexion sur les enjeux du mouvement le conduisent à des interprétations épurées et pénétrantes qui le classent au rang des plus grands interprètes de Balanchine.

TW

Antoni CLAVÉ (né en 1913).

Peintre, illustrateur et scénographe espagnol.

Il s'initie au dessin à Barcelone. En 1939, à la suite de la guerre d'Espagne, il se réfugie à Paris. C. *Bérard, découvrant ses illustrations, l'introduit aux *Ballets des Champs-Élysées, où il réalise les décors et costumes de Los Caprichos (1946, Ana Nevada), Revanche (1951, R. *Page) et signe pour R. *Petit ceux de *Carmen (1949) puis de Ballabile (1950), où il crée un espace scénique finement hachuré : échelles comme suspendues aux ténèbres, fenêtres mi-closes, toile zébrée qui se déploie comme une parure de baldaquin. Il retrouve Petit sur le film Hans Christian Andersen (1952, réal. Charles Vidor), puis pour les ballets Deuil en 24 heures (1953) et la Peur (1956), concevant pour ce dernier ballet un rideau qui, par ses enchevêtrements, révèle la relation de violence toujours latente entre le mouvement et l'espace. Scénographe de la complexité, il tend vers une épure magnifiée par des rouges et noirs soutenus de blancs.

CD, PLM

Florence CLERC (née en 1951).

Danseuse et pédagogue française.

Formée à l'École de danse de l'Opéra de *Paris, elle entre dans le ballet en 1967. Promue première danseuse en 1975, elle se voit confier les « classiques » sollicitant sa technique (la *Belle au bois dormant, la *Vivandière, *Conservatoire), ainsi que ceux demandant une personnalité lyrique (*Boléro de M. *Béjart, *Ivan le Terrible d'Y. *Grigorovitch). En 1976, elle est invitée par M. *Barychnikov à l'*ABT pour être la Clara de son **Casse-Noisette. Nommée étoile en 1978 dans *Giselle, elle danse G. *Balanchine, Béjart, R. *Petit, mais aussi P. *Taylor (*Auréole), D. *Dunn (*Pulcinella), et crée Manfred (1979) de R. *Noureev, dont elle sera souvent l'interprète (*Don Quichotte, *Raymonda), au côté de son partenaire et mari C. *Jude. Depuis 1996, elle est professeur à l'Opéra, et transmet ses rôles aux jeunes solistes.

JLB

Fabrizio Clerici (1913-1993).

Peintre et décorateur italien.

Diplômé d'architecture, il manifeste très tôt une conception de l'espace subtilement théâtrale dans son œuvre de peintre. Il débute comme décorateur de théâtre en 1947, mais c'est par A. von *Milloss qu'il atteint la renommée dès 1948 : il collabore avec lui pour deux opéras et sept ballets dont *Orpheus (1948), *Armida (1950), Estro barbarico (1963), Salade (1963), Dedalo (1972), auxquels il apporte sa poétique d'« archéologue du rêve » dont les paysages fragmentés atteignent au surréel.

PV