Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
B

Roger BERNARD (né en 1930).

Décorateur et costumier français.

Il est, avec J. *Roustan, l'un des principaux décorateurs de M. *Béjart des années 1960 à la fin des années 1970. Habité par l'idée d'un traitement actuel des sujets de ballet, il conçoit des décors très colorés, souvent illustratifs et faisant en général appel à des éléments hétéroclites. Ainsi, dans la Reine verte (1962), le plateau est encombré de portants et de herses, le tout formant un assemblage surréaliste, tandis qu'au second acte la Reine se transforme en vamp des années 1920, enturbannée de foulards roses et mauves, les autres danseuses étant juchées sur des hauts talons. Pour Baudelaire (1968), son décor consiste en une immense fleur stylisée, peinte sur la totalité du tapis de sol, dont les ondulations rythmées font sourdre un espace quasiment aquatique où se meuvent les danseurs.

CD

Autres collaborations. Béjart (Bacchanale, 1961 ; les *Noces, 1962 ; *Messe pour le temps présent, 1967 ; Actus tragicus, 1969 ; les Fleurs de mal, 1971 ; Ni fleurs ni couronnes, 1971; *Nijinsky, clown de Dieu, 1971 ; Stimmung, 1972 ; Ah, vous dirai-je maman ?, 1972 ; *Golestan ou le Jardin des roses, 1973 ; le Marteau sans maître, 1973 ; Trionfi di Petrarca, 1974 ; Pli selon pli, 1975 ; *Molière imaginaire, 1976 ; Petrouchka, 1977) ; *Sparemblek (le *Mandarin merveilleux, 1968).

Fortunato Bernardelli, ou [Bernadelli ] (fin XVIIIe s.-déb. XIXe s.).

Danseur et chorégraphe italien.

Il débute en 1808 à Vérone en qualité de « grottesco ». Il travaille à Amsterdam, Paris (1812), Vienne (1813-1814) avec la famille de danseurs *grotesques *Kobler, et finalement à Moscou (1818-1830), où il règle, entre autres, le ballet la Flûte enchantée ou les Danseurs malgré soi (1822), que reprendra L. *Ivanov en 1891 sur une musique de R. *Drigo.

RZ

Lord Berners, [Tyrwhitt-Wilson Gerald Hugh ] (1883-1950).

Compositeur et décorateur britannique.

Aristocrate excentrique, autodidacte en musique, il répartit sa vie entre ses fonctions de diplomate, sa passion pour la musique et son goût pour les soirées de divertissement. Il compose pour G. *Balanchine (Triumph of Neptune, 1926) et F. *Ashton (Foyer de la danse, 1932 ; A Wedding Bouquet, 1937 ; Cupidon et Psyché, 1939 ; les Sirènes, 1946), ainsi que pour la Charles B. Cochran's Revue (1930, Balanchine-S. *Lifar-Reader).

SZ

Leonard BERNSTEIN (1918-1990).

Compositeur, chef d'orchestre et pianiste américain.

Issu d'une famille de juifs russes immigrés, il étudie à luniversité Harvard (1935-1939), puis au Curtis Institute de Philadelphie (1939-1941). Assistant d'Arthur Rodzinsky au Philharmonique de New York en 1941, il se fait remarquer en remplaçant au pied levé Bruno Walter à la tête de cet orchestre, dont il deviendra le directeur en 1958. Chef mythique, l'un des plus fêtés de son siècle, en tant que compositeur il réussit le mélange improbable des musiques savantes et populaires, des folklores afro-américains et juifs, avant tout dans ses œuvres destinées à la scène mais aussi dans d'autres, comme ses symphonies The Age of Anxiety (1945) et Kaddish (1963). Il met son tempérant bouillonnant et son acuité critique au service de toutes les causes, notamment de l'éducation musicale, comme en témoignent ses émissions télévisées pour enfants.

En 1944, il entame avec J. *Robbins une longue et fidèle collaboration inaugurée avec succès par le ballet *Fancy Free développé ensuite sous forme de *comédie musicale puis de film sous le titre On the town. Après le ballet Facsimile (1946), moins bien accueilli, Robbins réalise en 1950 une chorégraphie pour la symphonie The *Age of Anxiety, réflexion sur la psyché contemporaine inspirée du poète W. H. Auden, puis signe les danses de Candide (1956). Suit le sommet de leur collaboration avec *West Side Story (1957) version contemporaine et urbaine de *Roméo et Juliette. Après Mass (1971), son grand spectacle liturgique qui intègre une chorégraphie d'A. *Ailey, Bernstein retrouve Robbins en 1974 pour Dybbuk Variations, adaptation du drame yiddish de Shloime Ansky, son œuvre la plus austère, dont la partition s'inspire de la kabbale et du mysticisme numérologique juif autant pour la forme que pour l'esprit. Il est aussi l'auteur de deux autres comédies musicales, Wonderful Town (1953, chor. Donald Saddler) et 1600 Pennsylvania Avenue (1976, chor. *Faison).

BT

Sur la musique de Bernstein. H. *Ross (Serenade for seven dancers, 1959) ; *Butler (The Commitment, 1979) ; *Neumeier (Songfest, 1979) ; Robbins (Suite of Dances, 1980) ; *Bolender (Voyager, 1984).

Berry Brothers (The).

AnaniasB. (1912-1951), JamesB. (1914-1969), WarrenB. (1922-1996).Trio de danseurs américains :

Formés par leurs parents et par Henri Wessel, les deux aînés débutent ensemble en 1925 dans A Miniature Williams and Walker, numéro inspiré du fameux duo de danseurs de *cakewalk *Williams et Walker. À partir de 1929, Ananias et James se produisent pendant quatre ans avec D. *Ellington au *Cotton Club. Ils y retourneront ensuite régulièrement jusqu'aux années 1940. En 1936, Warren rejoint ses frères et le trio va connaître un énorme succès. Entre les engagements au Cotton Club, il se produit dans le circuit des clubs et des théâtres avec des célébrités du jazz, tels Count Basie, Cab Calloway ou Ella Fitzgerald, et il figure dans des productions prestigieuses, comme la *revue noire Blackbirds de L. *Leslie ou dans des films tels que Panama Hattie (1942), Boarding House Blues (1948) et You're My Everything (1949, N. *Castle). À la mort d'Ananias, en 1951, Warren se retire, mais James reste en contact avec les *claquettes et la danse *jazz, participant à la fondation du *Mura Dehn's Afro American Folk Dance Theatre, dont il assure la codirection.

Le profil de chaque frère est bien distinct : James est comédien et chanteur, Ananias un spécialiste du *strut, et Warren, un danseur acrobate. Leur numéro, toujours le même, ne dure que quatre minutes. Composé de deux parties, le strut et la danse de la canne, chaque moment en est strictement réglé, chaque pas une *syncope. Combinant dans un contraste saisissant (appelé " freeze and melt ") l'immobilité en poses et l'action soudaine, ce numéro, repris dans le film Lady Be Good (1941), demeure parmi les *flash acts exemplaires.

ESe