Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
M

Giacomo MEYERBEER (1791-1864).

Compositeur allemand.

Après ses débuts en Allemagne, il obtient la consécration à Paris avec *Robert le Diable (1831), œuvre fondatrice du grand opéra français. Auteur du ballet Le Pêcheur et la laitière (1810, E. *Lauchery, Berlin), c'est surtout dans le cadre de ses opéras qu'il est amené à collaborer avec des chorégraphes, notamment Ph. *Taglioni qui règle le fameux « *Ballet des Nonnes » de Robert le Diable, puis le *divertissement des Huguenots (1836). Pour le Prophète (1849), c'est A. *Mabille qui compose le ballet les *Patineurs, dont F. *Ashton donnera sa propre version en 1937 en utilisant aussi des pages d'un autre opéra de Meyerbeer l'Étoile du Nord (1854).

JRou

Sur musique de Meyerbeer. L. *Fuller (Danse gitane, 1906) ; J. *Neumeier (Meyerbeer / Schumann, 1974) ; M. *Béjart (1830, 1987).

Vsevolod MEYERHOLD (1874-v. 1940).

Acteur, metteur en scène et théoricien russe.

Engagé au Théâtre d'Art de Moscou, il fonde plusieurs laboratoires où il expérimente une approche non naturaliste de l'art théâtral. Ses recherches sur le travail de l'acteur, le conduisent à approfondir tout particulièrement le rapport entre art scénique et mouvement. Il crée un entraînement qualifié de " biomécanique ", sur lequel il ne laisse aucun écrit structuré. Cet ensemble d'exercices qui visent à fournir à l'acteur une profonde connaissance des lois qui règlent le mouvement, fait appel à diverses disciplines comme les arts martiaux, la gymnastique, la danse et la *rythmique : il partage avec *Jaques-Dalcroze une terminologie et une praxis calquées sur le modèle musical. S'il utilise parfois la danse dans ses spectacles, il reste très critique à l'égard d'I. *Duncan et surtout de ses émules russes, et dénonce l'usage que la danse *moderne fait de la musique.

SF

Bibliographie. V. Meyerhold, Écrits sur le théâtre, 4 vol., l'Âge d'homme, Lausanne, 1973-1992.

Françoise MICHEL (née en 1955).

Éclairagiste française

Formée à l'École nationale de Strasbourg (1978-1979), elle y étudie avec André Diot, maître éclairagiste. En 1980, elle rencontre O. *Duboc, avec qui elle fonde la compagnie Contre Jour. C'est le point de départ d'un long échange créatif qui les conduit à prendre la codirection du *CCN de Belfort en 1990. Parallèlement, elle collabore régulièrement avec de nombreux chorégraphes, dont G. *Appaix, M. *Tompkins et D. *Larrieu, ainsi qu'avec des metteurs en scène de théâtre.

Elle se considère comme traductrice d'univers : « La lumière ne vient pas parachever quelque chose, elle est à l'œuvre en même temps que la chorégraphie », précise-t-elle. Son travail doit plus à la fréquentation de la peinture - Georges de La Tour ou Francis Bacon - qu'à celle du cinéma. En rupture avec les stéréotypes d'éclairage régnant souvent sur la danse, elle bannit l'utilisation des bleus et des ambres qui caractérisent la lumière dite « américaine » et s'affirme comme une spécialiste du clair-obscur et d'une lumière-matière révélant l'épaisseur de l'espace.

CD

Jo MIELZINER (1901-1976).

Scénographe américain.

Né à Paris, il étudie aux États-Unis à la National Academy of Design et à la l'Art Student League. De retour en Europe en 1920, il travaille quelques temps pour le théâtre à Vienne avant de s'installer définitivement aux États-Unis où il signe son premier décors en 1924. Il signe plus de trois cent réalisations, notamment pour le théâtre ainsi que pour de nombreuses *comédies musicales, dont *On Your Toes (1936, chor. G. *Balanchine), *Carousel (1945, chor. A. *De Mille), *Annie Get Your Gun (1946, chor. H. *Tamiris), Guys and Dolls (1950, chor. M. *Kidd) et des ballets, notamment d'A. *Tudor (*Pillar of Fire, 1942 ; Shadow of the Wind, 1948). Attentif aux climats plus qu'aux détails, il accorde une grande importance à la lumière, dont il utilise le potentiel dramatique pour accompagner l'action.

PLM

Darius MILHAUD (1892-1974).

Compositeur français.

Il étudie au Conservatoire de Paris avec Vincent d'*Indy et P. *Dukas, entre autres. Entre 1917 et 1918, il séjourne au Brésil comme secrétaire de Paul Claudel, découvrant alors la musique populaire du pays qui marquera toute son œuvre à venir. De retour à Paris, son ironie naturelle le rapproche un temps du groupe des Six et de J. *Cocteau (le Bœuf sur le toit, 1920) desquels il s'éloigne cependant pour entamer une vie féconde en créations diverses. Ses nombreux voyages lui ouvrent de nouvelles perspectives, notamment sur les rythmes sud-américains et le jazz. Fuyant l'invasion nazie, il quitte la France (1940-1947) pour la Californie, puis se partage entre les deux continents, créant quantité d'œuvres et enseignant la composition au Conservatoire de Paris. Compositeur de pure tradition française, il laisse à sa mort plus de quatre cents œuvres embrassant à peu près tous les genres et toutes les formes.

Sa production joue un rôle essentiel dans l'histoire de la danse. La partition de l'*Homme et son désir (1921, J. *Börlin) est ainsi un jalon fondamental : exotique (références à la musique populaire brésilienne) et originale (cinq cordes et dix-huit percussions), fruit d'un travail mené en l'absence du chorégraphe par un musicien et un écrivain (Claudel), elle s'inscrit, en même temps qu'elle l'affirme, dans l'esprit qui anime les jeunes *Ballets suédois. C'est encore plus vrai avec la *Création du monde (1923, Börlin) : évoquant une Genèse africaine, la partition est émaillée d'éléments musicaux de blues et d'off-beat, annonçant les futurs concerts de jazz, tout en se développant indépendamment de la chorégraphie comme une entité autonome, l'absence d'une commune cadence métrique annonçant déjà le travail de J. *Cage. Milhaud collabore ensuite avec les *Ballets russes signant en 1924 le *Train bleu (B. *Nijinska), juste après Salade (1924, L. *Massine), ballet chanté sur un sujet de *commedia dell'arte, qui connaît un franc succès par sa vivacité inspirée des vieux chants italiens et sardes et sera souvent repris (1929, M. *Terpis ; 1935, S. *Lifar ; 1957, A. *Carter ; 1961, P. *Darrell ; 1963, A. *Milloss ; 1968, J. *Cranko ; 1984, J. *Charrat). Il est aussi l'auteur de Songes (1933, G. *Balanchine), The *Bells (1946, R. *Page), 'Adame Miroir (1948, Charrat) et de Moïse (1940) commandé par le *Ballet Theatre qui ne sera finalement monté qu'en 1957 par Milloss.