Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
S

Érik SATIE (1866-1925). (suite)

Également auteur de la musique de Mercure (1924, Massine) -repris aux *Ballets russes en 1927- et de Jack in the box - composé en 1899 et monté par G. *Balanchine en 1926 également aux Ballets russes -, Satie partage avec Debussy une certaine distance vis-à-vis de la danse : pour Relâche, il écrit ainsi avec ironie une Danse sans musique destinée au personnage de la première ballerine. Pourtant, avec Parade et Relâche, son nom reste associé à des moments clés de l'histoire du ballet et nombre de ses œuvres pour piano se réfèrent à la danse : *Valses, *Cake-walks, Gymnopédies (A. *Ailey, 1970 ; P. *Lacotte, 1971) ou Gnossiennes (v. 1920, T. *Shawn ; 1926, M. *Graham ; 1975, H. *Spoerli ; 1986, P. *Martins ; 1994, E. *Feld) ; les chorégraphes affirmeront d'ailleurs souvent que toute son œuvre peut être dansée. C'est sans doute auprès de J. *Cage et M. *Cunningham qu'elle trouvera l'écho le plus fécond : Cunningham utilisera ainsi des musiques de Satie pour Idyllic Song (1944), The Monkey Dances (1948), Two Steps (1949), Waltz (1950), Rag Time Parade (1950), Septet (1953), Nocturnes (1956), tandis que le travail de Cage semble préfiguré par celui de Satie qui, pour Piège de la Méduse (1913), prépare son piano avant de jouer ou qui établit une relation d'indépendance entre Cinéma, sa composition pour Entr'acte, et les images du film.

NC, PLM

Sur la musique de Satie. B. *Romanov (Grand Couture, 1923) ; A. *Bolm (Bal des marionnettes, 1925) ; Y. *Rainer (*Three Satie Spoons, 1961) ; F. *Ashton (Monotones, 1965) ; L. *Hoving (Satiana, 1965) ; H. *Van Manen (*Squares, 1969) ; P. *Taylor (Sports and folies, 1974) ; R. *Petit (Danses de travers, 1974 ; Tout Satie, 1988) ; R. *Alston (Standard Step, 1975 ; Behind the Piano, 1979 ; Cinéma, 1989) ; S. *Linke (*Im Badewannen, 1980) ; B. *Lewitzky (Suite Satie, 1980) ; Mark *Morris (Death of Socrates, 1983 ; Pas de poisson, 1990).

Henri SAUGUET, [POUPARD Henri, dit] (1901-1989).

Compositeur français.

Après des débuts d'organiste à Bordeaux, enouragés par D. *Milhaud, il étudie à Paris avec Charles Kœchlin. Il forme avec quelques amis l'école d'Arcueil (1923) parrainée par É. *Satie. Le succès de la Chatte (1927, G. *Balanchine) pour les *Ballets russes lui ouvre une brillante carrière de musicien de théâtre amorcée par le ballet les roses (1924) de L. *Massine - qu'il retrouve dans la compagnie d'I. *Rubinstein en 1928 pour David. Sa vaste production inclut également l'opéra (la Chartreuse de Parme, 1927-1939), des musiques de films, des symphonies, des concertos et des mélodies. D'une expression essentiellement mélodique (proche, dans l'esprit, de F. *Poulenc), sa musique est à la fois délicate dans son harmonie et populaire dans sa spontanéité et sa franche rythmique. " Je n'ai jamais pu écrire une musique qui ne soit agréable à entendre ", écrira Sauguet, par ailleurs admirateur de C. *Debussy.

Bien que sa collaboration avec les Ballets Russes se réduise à la Chatte, elle est à la source de sa carrière, prolifique, de compositeur de musiques de ballet : c'est là qu'il travaille avec Balanchine qui lui commandera Fastes (1933), qu'il rencontre S. *Lifar pour qui il compose ensuite la Nuit (1930) et les *Mirages (1947) et surtout B. *Kochno. Ce dernier va le conduire à prendre une part active au renouveau du ballet français de l'après-guerre en l'associant à l'aventure des *Ballets des Champs-Élysées, où il rencontre R. *Petit, J. *Charrat et J. *Babilée. Sauguet est l'exemple du compositeur travaillant en étroite collaboration avec le chorégraphe. D'une manière générale, ses partitions esquissées au piano ne sont orchestrées qu'au vu des chorégraphies, après qu'a été minutée précisément chaque partie du futur ballet, jusqu'aux variations des danseurs (les *Forains, 1945, R. Petit). Cette méthode lui permet de répondre aux attentes de chorégraphes très différents, comme D. *Lichine (la *Rencontre, 1948), J. *Taras (Cordelia, 1952) et par la suite T. *Gsovska (la Dame aux camélias, 1957), V. *Orlikowsky (Cinq Étages, 1957).

NC, PLM

Autres compositions. Massine (les Saisons, 1951) ; Babilée (Caméléopard, 1956) ; J.-J. *Etchevery (Plus loin que la nuit et le jour, 1960) ; Charrat (Pâris, 1964) ; Juan Corelli (le Prince et le Mendiant, 1965).

Luciana SAVIGNANO (née en 1943).

Danseuse et pédagogue italienne.

Élève de l'École de la *Scala, en 1962 elle fait partie de la vague de danseuses de ce théâtre qui vont se perfectionner au *Bolchoï. Nommée prima ballerina à la Scala en 1972 puis étoile en 1975, elle obtient son premier succès dans le *Mandarin merveilleux de *Pistoni (1968). Danseuse au tempérament singulier, dotée d'une grande personnalité, elle mène une carrière internationale. Outre le répertoire classique, elle interprète de nombreux rôles dans les ballets de A. von *Milloss, M. *Sparemblek, P. *Bortoluzzi, R. *Petit, A. *Ailey, L. *Falco, J. *Cranko et surtout de M. *Béjart.

ATes

SAVOY BALLROOM.

Salle de danse de Lenox Avenue (Harlem), ouverte en 1926, fermée en 1954.

Surnommé « la maison des pieds heureux », cet immense dancing, recevant deux orchestres et cinq mille danseurs, est pendant trente ans le lieu où se développent et se lancent les danses de *société *jazz qui vont conquérir le monde entier. Il propose aux amateurs de *charleston, de *truckin', de Suzy Q et de *Lindy hop une vaste piste d'érable, à l'élasticité parfaite, dont l'angle nord-ouest, appelé cat's corner [coin des chats] est réservé aux meilleurs danseurs. Au son des grands noms du jazz (Fletcher Henderson, Count Basie, Louis Armstrong, Chick Webb), la danse y est très compétitive et observe un protocole très strict. Les danseurs s'y défient et se présentent couple par couple dans l'ordre de leur réputation, rivalisant d'acrobatie et de vitesse d'exécution. Au nombre de ses figures légendaires : L. *James, Al *Minns, G. *Snowden et Big Bea, P. *Bethel, Frank Manning et Herbert White.

ESe

Alexander SAXELIN (1899-1959).

Danseur et maître de ballet finlandais.

Il étudie avec M. *Fokine et N. *Legat à l'École *Vaganova de Saint-Pétersbourg et danse brièvement au *Mariinski, avant de se fixer à Helsinki, où il enseigne puis devient directeur du Ballet national de *Finlande (1935-1954). Excellent pédagogue, il remonte surtout les grands classiques russes, notamment l'*Oiseau de feu en 1951.

BH