Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
D

Michaël Denard (né en 1944). (suite)

Sa personnalité apollinienne attire les créateurs : M. *Béjart (l'*Oiseau de feu, 1970), R. *Petit, J. *Garnier, L. *Childs). Prince romantique idéal (*Giselle), il renouvelle le répertoire en imposant des interprétations très personnelles, comme lorsqu'il fait de Siegfried (le *Lac des cygnes) un avatar de Louis II de Bavière. Il aime les rôles de composition (la *Pavane du Maure, J. *Limón) et la modernité (*Densité 21,5, C. *Carlson). Avec G. *Thesmar, il forme un couple à l'accord idéal. Ensemble, ils incarnent l'âme du romantisme dans les reconstructions de P. *Lacotte (la *Sylphide, 1971). Amoureux de leurs lignes et de leur musicalité, G. *Balanchine leur confie plusieurs de ses ballets (*Apollon Musagète) et crée pour eux Chaconne (*Orphée et Eurydice, C.-W. *Gluck, Op. de Paris, 1974). J. *Robbins leur donne *Afternoon of a Faune et Concerto en sol. Sa carrière illustre la plénitude artistique du danseur classique au XXe siècle.

SJM

Bibliographie. S. Chaban, Michaël Denard, Étoile de l'Opéra de Paris, Somogy, Paris, 1991.

Edwin DENBY (1903-1983).

Critique de danse et poète américain.

Né en Chine, formé à l'université de Harvard et à *Hellerau-Laxenburg, il danse dans les années 1930 dans une compagnie de Darmstadt. Il écrit sur la danse pour la revue Modern Music (1936-1942) et dans le quotidien New York Herald Tribune (1942-1945). Proche également des arts plastiques, poète, il collabore à de nombreux magazines et fait figure de référence dans l'histoire de la critique américaine. Trois ouvrages compilent des décennies d'articles et d'essais : Looking at the Dance (Horizon Press, New York, 1968), Dancers, Buildings and People in the Streets (Horizon Press, New York, 1965) et Dance Writings (A. Knopf, New York, 1986). Plusieurs entretiens avec Denby dans Ballet Review révèlent sa complexe personnalité.

GV

Serge Denham (1897-1970) .

Homme d'affaires et directeur de compagnie américain d'origine russe.

Vice-président de la World Art Inc., groupe financier américain, il participe à la réorganisation de la troupe créée par R. *Blum et devient en 1938 le directeur administrateur du *Ballet russe de Monte-Carlo. Il occupe cette fonction jusqu'à la dissolution de la compagnie, en 1963, et fonde en 1954, à New York, la Ballet Russe School.

NL

Denishawn.

École et compagnie de danse américaine basée à Los Angeles (1915-1931).

L'école est fondée et dirigée par R. *Saint Denis et T. *Shawn, qui en deviendra l'animateur principal. Noyau de la compagnie Denishawn Dancers, qui entreprend des tournées à travers les États-Unis dès 1915, elle attire un grand nombre d'élèves : des studios dirigés par d'anciens élèves sont bientôt ouverts dans différentes villes sous le même label. Après une fermeture provisoire en 1918, le Denishawn, reconstitué, connaît de 1921 à 1925 sa période la plus féconde, couronnée par une tournée de dix-huit mois qui mène la compagnie du Japon jusqu'en Inde. *Ishtar of the Seven Gates (1923) marque l'apogée de ce style décoratif et imposant, où l'orientalisme rejoint le *vaudeville. À l'issue des saisons d'été du Lewisohn à New York, (1925-1931), la séparation définitive du couple Shawn-Saint Denis (1931) met aussi fin aux activités du Denishawn.

Première institution de la danse moderne américaine, d'où émerge la génération historique de la relève (notamment M. *Graham, D. *Humphrey, C. *Weidman), le Denishawn offre, sous la direction musicale de L. *Horst, une formation de base éclectique, comprenant des cours de danse moderne, classique, « orientale » et ethnique, et une expérience scénique précieuse. Les music visualisations de R. Saint Denis et les théories de F. *Delsarte enseignées par T. Shawn - notamment la maîtrise des « principes jumeaux de tension et de relaxation » et la notion de l'équilibre « au repos ou en mouvement » - seront décisives pour l'avenir de la *modern dance. Les nombreuses tournées initient le public américain à la danse, tandis que celle en Orient contribue à ressusciter l'intérêt pour la danse indienne en Inde même.

MDS

Bibliographie. J. Sherman, The Drama of Denishawn Dance, Middletown (Conn.), 1979 ; U. A. Coorlawala, « R. St. Denis and India's Dance Renaissance », in Dance Chronicle 15, 2, 1992.
Filmographie. Denishawn. The Birth of Modern Dance (1988, New Jersey Center Dance Collective)

André DERAIN (1880-1954).

Peintre et décorateur français.

Élève de l'École des mines, il s'initie à l'art du paysage dès l'âge de quinze ans. Il étudie ensuite à l'Académie Carrière, où il rencontre H. *Matisse. Plus tard, il se lie d'amitié avec Maurice Vlaminck et P. *Picasso. De 1905 à 1908, il est un des représentants du fauvisme. Travaillant sous contrat pour plusieurs galeries, avant de devenir indépendant, en 1916, il laisse derrière lui une œuvre très éclectique.

Choisi par S. de *Diaghilev en 1919 pour réaliser les décors et les costumes de la *Boutique fantasque (L. *Massine), il signera aussi pour les *Ballets russes ceux de Jack in the box (1926, G. *Balanchine). Ces premières collaborations contribueront à lancer sa carrière : « C'est grâce aux Ballets Russes que des œuvres comme celles de Derain connurent les feux de la rampe », écrira M. *Larionov. Son œuvre témoigne d'un sens de la figure en accord avec le corps stylisé que la danse fait émerger en son temps.

CD

Autres collaborations. L. Massine (Gigue, 1924 ; Mam'zelle Angot, rep. 1947 ; Valse, 1950) ; Balanchine (la Concurrence, 1932 ; Fastes, 1933 ; les Songes, 1933) ; *Lifar (Salade, 1935) ; *Fokine (l'Épreuve d'amour, 1936) ; *Ashton (Harlequin in the Street, 1938) ; *Petit ( Que le diable m'emporte, 1948).

Clotilde von Derp, [von der Planitz C., dite ] (1892-1974).

Danseuse et chorégraphe allemande.

Elle débute comme danseuse *libre en 1910 à Munich et travaille avec M. *Reinhardt de 1910 à 1912. À partir de 1917, elle forme avec A. *Sakharoff (qu'elle épouse en 1919) l'un des couples les plus célèbres de l'histoire de la danse. Leurs carrières sont dès lors indissociables. Interprète d'une exquise *musicalité selon A. *Levinson, elle reste très proche du style expressif de Sakharoff en tant que chorégraphe, signant de superbes solos, comme Chanson nègre, Danseuses de Delphes et l'*Après-midi d'un faune.

PV