Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
G

George GERSHWIN (1898-1937).

Compositeur américain.

Fils d'immigrés juifs russes, il débute comme pianiste-démonstrateur chez un éditeur de musique en 1917. Épaulé par son frère Ira, parolier, il devient l'un des compositeurs de comédies musicales les plus prolifiques de *Broadway. Pourvu d'un sens mélodique rare - apprécié par A. *Schoenberg par ailleurs - il est l'auteur d'innombrables evergreens tels que The Man I Love, Lady Be Good, ou I Got Rythm. Il sait conjuguer sa culture classique, sa sensibilité européenne (l'influence de M. *Moussorgski), et son intérêt passionné pour le jazz, le blues et le negro spiritual dans des œuvres concertantes parmi lesquelles figurent Rhapsody In Blue (1924), le poème symphonique An American In Paris (1928), et surtout Porgy and Bess (1935), opéra populaire dans le sens le plus noble du terme.

Auteur de comédies musicales dont Rosalie (1928) à laquelle collabore M. *Fokine ou Girl Crazy (1930) avec G. *Rogers, ses compositions obtiennent la consécration cinématographique en 1937 avec Damsel in Distress (1937, chor. H. *Pan et F. *Astaire) et *Shall We dance (1937) mais il est surpris par la mort avant de pouvoir écrire le ballet du film The Goldwyn Follies (1938) destiné à G. *Balanchine. Ce dernier aidé d'Ira Gershwin, prépare alors un ballet à partir d'Un Américain à Paris; finalement écarté du film, mais dont le livret sera par la suite la base de celui créé par R. *Petit en 1944 et du film de V. *Minnelli avec G. *Kelly en 1951. Ses musiques lui survivront toutefois au cinéma (*Lady Be Good, 1941 ; *Ziegfeld Follies, 1946, *Entrons dans la danse, 1949) de même que sur la scène chorégraphique notamment grâce aux nombreuses versions dansées de Rhapsody in Blue (1927, A. *Dolin ; 1948, A. *Milloss ; 1963, J. *Nemecek ; 1988, R. *Alston ; 1998, O. *Duboc). Balanchine lui rendra un magnifique hommage avec *Who Cares ? (1970), tandis que L. Förster donnera une interprétation mémorable de « The Man I Love » en langage sourd-muet dans Nelken de P. *Bausch.

BT

Autres chorégraphies sur la musique de Gershwin. R. *Page (Gershwiniana, 1929 ; Arabian Nights, 1934, cochor. H. *Kreutzberg ; Un Américain à Paris, 1936) ; L. *Massine (The New Yorker, 1940) ; Kelly (Pas de dieux, 1960) ; J. *Robbins (Gershwin Concerto, 1982) ; D. *Briantsev (1988, les Cow-boys) ; M. *Lavrovski (The Dreamer, 1989 ; Jazz Café, 1992).

Valeska GERT, [ndn. Samosch Gertrud Valesca ] (1892-1978).

Danseuse, mime, actrice, cabaretiste allemande.

Enfant terrible d'une famille de commerçants juifs, elle rompt dès ses débuts en 1916 - chez R. *Sacchetto et dans les cinémas berlinois - avec " la danse esthétique de la culture bourgeoise ". Elle développe une intense activité dans les années 1920, présentant ses premiers rôles aux Kammerspiele de Munich, dans les pièces expressionnistes de la Tribune à Berlin, puis enchaînant avec M. *Reinhardt, B. *Brecht et les grands cinéastes (Werner Krauss, Georg Wilhelm Pabst, Jean Renoir). L'avant-garde intellectuelle berlinoise, amateur de cabaret, applaudit ses danses grotesques, *pantomimes vives et précises, qui croquent au vitriol les travers des classes moyennes et dépeignent le rythme frénétique de la vie moderne (Canaille, Combat de Boxe, Nervosité, etc.). Le nazisme stoppe son élan. Elle quitte son pays en 1938 et rejoint New York, où elle ouvre le cabaret Beggar's Bar (1941-1945), haut lieu de rencontres des exilés allemands. Berlinoise dans l'âme, elle rentre en Allemagne en 1947, fonde successivement trois cabarets, mais le public d'après-guerre ne veut plus entendre parler du passé. Dans les années 1970, de jeunes cinéastes (Rainer Werner Fassbinder, Volker Schlöndorff) redécouvrent son génie et en 1992 M. *Fossen lui rend hommage avec Sourire de fauve.

LGui

Bibliographie. V. Gert, Mein Weg, Devrient, Leipzig, 1931 ; Ich bin eine Hexe : Kaleidoskop meines Lebens, Knaur, Munich, 1968 ; Frank-Manuel Peter, Valeska Gert - Tänzerin, Schauspielerin, Kabaretistin, Fröhlich und Kaufmann, Berlin, 1985.
Filmographie. Nur zum Spass, nur zum Spiel - Kaleidoskop Valeska Gert (1977, réal. Volker Schlöndorff).

Tamara Geva, [Guevergueyeva T., dite ] (née en 1908).

Danseuse et actrice américaine d'origine russe.

Élève de l'Institut du ballet de *Petrograd, épouse de G. *Balanchine, elle participe aux Soirées du Jeune Ballet et quitte l'Union soviétique en 1924. Elle danse avec la troupe de S. *Diaghilev, puis paraît dans des *revues et *comédies musicales aux États-Unis. Interprète vedette d'*On Your Toes en 1936, elle fait ensuite une carrière d'actrice.

NL

Marika GIDALI (née en date).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue brésilienne.

Née à Budapest, elle étudie la danse classique à Sao Paulo avec Serge Murchatovsky, Tatiana Leskova et L. *Massine. En 1956, elle intègre le corps de Ballet du Théâtre municipal de Rio de Janeiro en tant que soliste. Dès 1961, elle crée sa première compagnie. Entièrement dévouée à l'art chorégraphique, durant sa carrière, elle fonde et dirige plusieurs troupes de ballet indépendantes, chorégraphie pour la télévision, organise des conférences à travers le pays et à l'étranger. En 1971, elle fonde avec D. *Otero le *Ballet Stagium. En 1984, elle est nommée présidente de la commission danse de l'État de São Paulo.

OMB

Maina GIELGUD (née en 1945).

Danseuse, chorégraphe, pédagogue britannique.

Nièce des grands comédiens Ellen Terry et sir John Gielgud, elle est l'élève d'O. *Preobrajenska, Julie Sedova, L. *Egorova. Après ses débuts, en 1961, aux Ballets de Paris de R. *Petit, elle devient soliste dans la compagnie de M. *Miskovitch (1963-1967) puis première danseuse du Grand Ballet classique de France de L. *Daydé. En 1967, elle est engagée au *Ballet du XXe siècle. À partir de 1971, elle mène une carrière internationale, notamment à Berlin, au *London Festival Ballet et au *Sadler's Wells Royal Ballet, à Marseille, Capetown, Nancy et Bucarest. De 1983 à 1996, elle assume la direction artistique de l'*Australian Ballet, et prend celle du *Ballet royal danois de 1997 à 1999.

S'attachant à développer sa personnalité originale servie par une éblouissante maîtrise, M. *Béjart crée pour elle le rôle de la reine Mab dans *Roméo et Juliette, la femme en mauve de Baudelaire (1968), la paroxystique Shakti de *Bhakti, serait-ce la mort ? (1970), et lui confie le Voyage (1970). Elle interprète par la suite la *Belle au bois dormant, la *Bayadère ainsi que la *Fille mal gardée de F. *Ashton, The Lady and the Fool de J. *Cranko, *Checkmate de N. de *Valois, le *Fils prodigue, les *Quatre Tempéraments et Tchaïkovski pas de deux de G. *Balanchine, *Gaîté parisienne de L. *Massine, *Suite en blanc de S. *Lifar, Constantia de W. *Dollar, Piège de lumière de J. *Taras. Capable d'aborder chaque style, avec une aisance particulière dans les rôles dramatiques ou empreints d'humour, elle met ensuite son expérience et sa connaissance du répertoire au service des compagnies qu'elle anime avec ardeur, dirigeant de nombreuses reprises classiques, dont la *Belle au bois dormant (1984) et *Giselle (1986), tout en signant ses propres œuvres, telles Steps, Notes and Squeaks (1978) et Histoire du soldat (1981).

MFC