Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
R

Regional Ballet ou Civic Ballet.

Nom générique des compagnies américaines régionales dont le financement dépend principalement des villes qui les fondent.

Le Regional Ballet Movement prend son essor après la Seconde Guerre mondiale. En deux décennies, une myriade de compagnies naissent le plus souvent à partir d'une école de danse locale. En 1966, il en existe, selon A. *Chujoy, plus de deux cents, dont quatre-vingts environ sont regroupées en associations. Dès 1956, le premier Regional Ballet Festival est fondé à Atlanta (Géorgie), suivi d'autres regroupant les compagnies par grande région, ces festivals annuels permettant à ces compagnies de se produire pour le grand public.

Compagnies non professionnelles à l'origine, elles sont de niveau variable, du pur amateurisme à une qualité dépassant parfois celle de certaines compagnies professionnelles. Les rôles principaux sont très souvent confiés à des *étoiles invitées venant des plus grandes compagnies du monde, qui apprécient ces prestations permettant aux danseurs « locaux » de se produire avec les grands de leur génération et de gagner ainsi expérience et reconnaissance. Favorisant l'émergence de nouveaux talents, ces compagnies permettent aussi à la danse américaine d'exister en dehors des grandes villes.

Dans les années 1980, le développement des compagnies professionnelles à travers le pays et la modification des politiques de subvention affaiblissent le mouvement. Rebaptisée Regional Dance America en 1987 et recentrée sur des objectifs plus modestes, la National Association for Regional Ballet aura permis la structuration du mouvement dont témoigne l'émergence de compagnies telles que le *Ballet West, le *Boston Ballet, la *Cincinnati Ballet Company, le *Dallas Ballet, le *San Francisco Ballet, le *Pennsylvania Ballet et le *Houston Ballet, entre autres.

MK

Steeve REICH (né en 1936).

Compositeur américain.

Il apprend les percussions dès quatorze ans puis, diplômé en philosophie, il étudie la musique à New York et au Mills College avec D. *Milhaud et L. *Berio. Il s'intéresse alors aux cultures de Bali et à celles de l'Afrique en même temps qu'il développe l'idée selon laquelle les structures rythmiques l'emportent sur la mélodie. À partir des années 1970, lorsque son travail commence à être connu, il continue d'étudier les musiques extra-occidentales et devient le compositeur contemporain et répétitif touchant le plus large public.

Bien qu'elles ne soient pas composées pour la danse, la teneur rythmique de ses œuvres leur vaut d'être abordées par les chorégraphes de styles les plus divers, de Ph. *Lamhut (House, 1971), L. *Lubovitch (Marimba, 1974), M. *Marin (Puzzle 1979), E. *Monte (Treading, 1981), A. T. *De Keersmaeker (Fase, 1982), L. *Childs (1984) à H. *Spoerli (Oktett, 1982), J. *Robbins (Eight Lines, 1985), H. *Van Manen (Wet Desert, 1987), J. *Kylián (Falling Angels, 1989). C'est toutefois à E. *Feld que l'on doit l'exploration la plus large de sa musique avec Echo, Aurora I, Aurora II, The Grand Canon, Medium :Rare en 1985 suivis de Bent Planes (1986), Kore (1988), Ion (1991), Clane (1992), Chi (1994), Tongue and Groove (1995). Le destin chorégraphique de la musique de Reich est tout entier résumé par Drumming : cette pièce inspirée des percussions africaines qui date de 1971 et le fait connaître, sera chorégraphiée par L. *Dean dès 1975 et à nouveau par De Keersmaeker en 1998.

NC, PLM

Max REINHARDT, [GOLDMANN Max, dit ] (1873-1943).

Homme de théâtre autrichien.

Tout au long de sa vie, il entretient des relations à divers niveaux avec le mouvement dansé. Il réalise des mises en scènes de groupe, chorégraphie pour le théâtre et l'opérette et porte un intérêt tout particulier à la *pantomime et au ballet. Ses mises en scène de groupes sont caractérisées par une construction rythmique en flux continu (Das alte Spiel von Jedermann, 1913, Berlin ; Der Diener zweier Herren, 1924, Vienne ; la Chauve-souris, 1929, Berlin), qui permet ainsi de traiter la « masse » comme un élément de représentation dans des mises en scènes monumentales telles qu'Œdipe roi (1910, Munich). Tentant de réintroduire la danse dans la représentation théâtrale selon le modèle antique et baroque, il conçoit des passages dansés pour ses pièces de théâtre (Songe d'une nuit d'été, 1905, Berlin ; Lysistrata, 1908, Berlin ; le Bourgeois gentilhomme, 1912, Stuttgart). Son attrait pour la pantomime apparaît comme une alternative au ballet d'Europe centrale de l'époque : elle est déterminée littérairement ; elle met en jeu l'intégralité du corps. Des œuvres comme Sumurün (1910, liv. Friedrich Freska, mus. Victor Hollaender, chor. G. *Wiesenthal, Berlin) et The Miracle (1911, liv. Karl Gustav Vollmoeller, mus. Engelbert Humperdinck, Londres) connaissent un succès international. Parmi les interprètes de ces œuvres figurent aussi bien des danseuses modernes, telles Wiesenthal et N. *Trouhanova, que des spécialistes de la pantomime (Maria Carmi, Diana Marmers) ou des comédiens du Reinhardt Ensemble. Les chorégraphes Wiesenthal, B. *Nijinska, L. *Massine, M. *Wallmann, M. *Fokine et G. *Balanchine, entre autres, collaborent avec lui.

De 1907 à 1937, les théâtres dirigés par Reinhardt sont aussi le lieu de prédilection pour l'élite de la danse moderne. S'y produisent notamment Isadora *Duncan, M. *Allan, les sœurs Wiesenthal, C. von *Derp, M. *Wigman, V. *Gert, Niddy Impekoven, H. *Kreutzberg et R. *Chladek. En outre, afin de combler le vide laissé en Allemagne par l'absence des *Ballets Russes en raison de la Première Guerre mondiale, Reinhardt sollicite le poète, romancier et librettiste Hugo von Hofmannsthal, la chorégraphe Gyda Christensen et la danseuse Lillebil Christensen pour monter Ballet (ou Die Schäferinnen, 1916, mus. J.-Ph. *Rameau, Berlin ), Die grüne Flöte (1916, mus. W. A. *Mozart, Berlin), Prima Ballerina (1917, mus. J. *Offenbach, Göteborg). En 1925, à l'occasion du festival de Salzbourg, l'Association internationale de pantomime, qu'il fonde avec Hofmannsthal, inaugure ses travaux avec Ernst Matray en tant que chorégraphe. En 1937, refusant la qualité d'« Aryen d'honneur » que lui propose le ministre national-socialiste de la Propagande et de l'Information Joseph Goebbels, il s'exile aux États-Unis.

GOS