Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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Gisella Caccialanza (née en 1914).

Danseuse américaine.

Élève d'E. *Cecchetti à Milan (1925-1928) puis de la *School of American Ballet et de la *San Francisco Ballet School, elle est engagée par G. *Balanchine en 1935 et crée des rôles notamment dans *Serenade (1935), le *Baiser de la fée (1937) et les *Quatre Tempéraments (1946). Elle est la Fée Dragée dans la première version intégrale de *Casse-Noisette montée aux États-Unis (1943, *San Francisco Ballet). Elle est mariée à L. *Christensen.

PV

Gigi-Gheorghe Caciuleanu (né en 1947).

Danseur, professeur et chorégraphe français d'origine roumaine.

Formé à Bucarest et au *Bolchoï, il entre en 1966 comme soliste à l'Opéra de *Bucarest, où il interprète le *répertoire académique. Découvrant les formes modernes de danse, il s'intéresse avec succès à la chorégraphie : 1erprix à *Varna (Mess Around, 1970), *Cologne (Voices, 1971 et Shadow of Candles, 1972), *Bagnolet (Joie, 1974). Arrivé en France en 1973, il n'a cessé d'être le promoteur passionné et efficace de la nouvelle danse : en 1974 il fonde avec l'aide de R. *Hightower le Studio de danse contemporaine à Nancy, réorganise les *Rencontres des Prémontrés, et crée le festival Danse à Aix-en-Provence. Directeur en 1978 du *CCN de Rennes, il multiplie les actions auprès du public. En 1993 il fonde sa compagnie.

Superbe danseur et pédagogue stimulant, chorégraphe invité dans les compagnies les plus prestigieuses, il développe un langage personnel, élégant et musical. Il compose une œuvre abondante et variée, inclassable mais accessible, toujours surprenante, utilisant souvent les ressources du théâtre et où dominent l'humour et la poésie.

MFB

Autres chorégraphies. Le *Sacre du printemps (1978, mus. *Stravinski) ; les *Quatre Saisons (1981, mus. *Vivaldi) ; Il Trovatore (1987, mus. *Verdi) ; Saxographie (1989) ; Mozartissimo (1991, mus. *Mozart) ; la Folle de Chaillot (1992, pour *Plissetskaïa) ; Ma nuit avec Nijinski (1995) ; Dans sa fuite Éléonore (1997, mus. Jean-Marc Pasquer).

John CAGE (1912-1992).

Compositeur américain.

Pianiste de formation, après avoir quitté l'université il étudie la composition, entre autres, avec A. *Schoenberg. En 1938, pour Bacchanale, un ballet de S. *Fort, il invente le « piano préparé » : piano modifié en glissant entre les cordes des éléments hétérogènes (vis, gomme, papier, etc.) qui modifient la sonorité. En 1939 il compose Imaginary Landscape, une des premières œuvres électro-acoustiques pour laquelle il utilise deux électrophones, ainsi que Living Room with Music, une œuvre pour percussions avec des objets susceptibles d'être trouvés dans n'importe quelle salle de séjour : Cage insistera toujours sur la non-séparation entre l'art et l'ordinaire. En 1942, il fixe sa résidence à New York et commence sa collaboration avec M. *Cunningham en composant Credo in Us et Totem Ancestor. Dès cette époque, il privilégie comme moteur de composition les structures rythmiques au lieu des structures harmoniques. En 1945, il commence à étudier le bouddhisme Zen - notamment à Columbia University avec Daisetz Suzuki -, dont il va appliquer certains concepts à la composition musicale : la non-opposition, le non-dualisme et la non-hiérarchisation entre les phénomènes, l'écoute de l'altérité, la mise en question de l'ego, l'importance du silence. En 1953, il devient directeur musical de la compagnie de Cunningham, appelant très vite à ses côtés D. *Tudor et par la suite T. *Kosugi. Il occupe ce poste jusqu'à sa mort, tout en poursuivant, en tant que compositeur, ses propres recherches qui lui vaudront notamment d'être invité en 1988 pour les prestigieuses Norton Lectures à l'université Harvard.

Son étroite collaboration avec M. Cunningham, pendant presque un demi-siècle, fait de Cage un des compositeurs les plus marquants de l'histoire de la danse du XXe s. avec I. *Stravinski et S. *Prokofiev. Toutefois, avec Cage les rapports entre compositeur et chorégraphe basculent dans un nouveau système : il n'impose pas à la danse de suivre la musique, pas plus qu'il n'adapte la musique à la danse. Se concentrant plus sur les processus de recherche que sur la fabrication d'une œuvre, il libère ces arts du dualisme analogie-différenciation qui d'habitude préside à leur rapport, pour atteindre une indépendance réciproque totale. Parmi les premiers compositeurs à s'intéresser au principe de l'aléa en musique, Cage introduit le hasard dans ses composition avec Music of Changes (1952). Il prend ses décisions de compositeur en lançant des pièces de monnaie, utilisant le Yijing, ou des cartes astronomiques afin de se débarrasser de ses « goûts » et de sa « mémoire ». Reprenant ce principe, Cunningham fait de même dans Sixteen Dances for Soloist and Company of Three (1952). Toujours influencé par Cage qui a composé Music for Piano la même année en se servant des imperfection remarquées sur des feuilles de papier, Cunningham décide d'utiliser le même procédé pour Suite for Five in Space and Time (1956). Pour *Antic Meet (1958), Cage compose son Concerto pour piano et orchestre en s'étant seulement accordé avec Cunningham sur la durée totale de la pièce (26 min) ; ce Concerto est, en fait, conçu comme œuvre à durée variable. Danse et musique n'ont plus aucun rapport d'influence quel qu'il soit : elles ont simplement lieu en même temps dans un même espace.

L'apport de Cage dépasse du reste le cadre strictement musical. Très tôt, dans l'écriture de ses partitions, l'élément visuel est parfois aussi important que les valeurs sonores, comme dans Chess Piece de 1944 ; il appliquera par la suite les principes qu'il retient à sa propre pratique du dessin et de la peinture. En 1952, alors qu'il enseigne au *Black Mountain College, avec B. *Rauschenberg et Cunningham il crée Theater Piece, *performance reconnue ensuite comme le premier *happening. La même année il compose 4' 33", une pièce de silence qui constitue un des aboutissements de sa conception de la composition comme ouverture au monde et désir de non-maîtrise. Dans 0' 00" (1960), il propose comme musique des sons dégagés par la spectacularisation de gestes quotidiens, expérience qui connaîtra un important développement au *Judson (1960-1964), où le geste quotidien sera investi comme danse en tant que telle.