Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
C

Richard CRAGUN (né en 1944). (suite)

Il se produit à travers le monde avec le Ballet de Stuttgart et comme invité dans des grandes compagnies, dansant avec des partenaires remarquables, comme M. *Fonteyn, C. *Fracci, N. *Makarova, L. *Seymour, V. *Verdy, D. *Khalfouni, G. *Kirkland, E. *Evdokimova, Joyce Cuoco et L. *Savignano. Il se voit décerner le titre de Kammertänzer par le président du Land de Bade-Wurtemberg pour ses services rendus à la danse, ainsi que la croix fédérale du Mérite en 1985 et, la même année, le Dance Magazine Award.

BvJ

Bibliographie. W. Terry et F. Höver, Richard Cragun, ? ? ? ? ? ?, Pfullingen, 1982.

Edward Gordon CRAIG (1872-1966).

Scénographe et théoricien britannique.

Fils d'un architecte et d'une actrice, il travaille à Londres, Florence, Berlin et Moscou en qualité d'acteur et de metteur en scène, avant de définir dans l'Art du Théâtre (1905) et « l'Acteur et la surmarionnette » (texte publié dans le deuxième numéro de la revue The Mask, créée en 1908 à Florence) sa conception d'un animateur capable d'assumer la totalité du spectacle.

Craig s'inscrit contre les conventions de la scène traditionnelle à deux dimensions qui, selon lui, est en dysharmonie avec le corps, volume à trois dimensions. Il entend par « décor » tout ce qui se voit : costumes, éclairages et décors proprement dits, auxquels il assigne pour fonction de former des jeux de lignes et de couleurs très épurés. Cherchant à affranchir le spectacle de l'imitation de la nature, il place au centre de son travail le mouvement dégagé de tout réalisme social et psychologique. Craig confère au metteur en scène le statut de « régisseur d'un spectacle total ». Pour lui, l'état d'âme et la pensée de l'artiste doivent faire naître une succession de formes changeantes qui vivent un instant, se modifient sans cesse, même imperceptiblement, afin d'arriver à rendre sensible leur état ultime. Il s'agit ainsi d'inventer une nouvelle forme, de donner lieu à une nouvelle vie.

Un soir de 1904, la danse va entrer dans sa vie : il assiste à un spectacle d'I. *Duncan. La passion amoureuse qui les lie est aussi source d'inspiration mutuelle : Craig est frappé, chez elle, par le mouvement à l'état pur, ce mouvement naturel qui est l'une des composantes essentielles de l'art du théâtre tel qu'il le conçoit ; I. Duncan intégrera ses concepts d'harmonie, d'équilibre, de solennité et de silence qui viendront comme recueillir et soutenir la pulsion, le rythme passionnel de ses danses.

CD

Ivo CRAMER (né en 1921).

Danseur, chorégraphe et directeur de ballet suédois.

Élève de S. *Leeder et disciple de B. *Cullberg, il développe une méthode personnelle influencée par la technique *Laban-*Jooss. En 1946, il fonde une première compagnie, itinérante, avec B. Cullberg et obtient le second prix au Concours chorégraphique de Copenhague en 1947. Directeur du ballet *Verde Gaio à Lisbonne (1948-1949), il travaille ensuite pendant une dizaine d'années comme metteur en scène et chorégraphe pour des opérettes et des comédies musicales. En 1957, il signe pour le *Ballet royal suédois le *Fils prodigue (1957, mus. ? ? ? ? ? Alfven), ballet inspiré de peintures rurales du XVIIIe siècle considéré comme un chef-d'œuvre « national » et toujours inscrit au répertoire de la compagnie. Avec sa femme Tyyne Talvo, il fonde une compagnie (1967-1986) qui sillonne le pays avec leurs productions, sans exclure les scènes modestes. Il dirige ensuite le Ballet royal suédois (1975-1980).

Chorégraphe fécond, habile, doté d'un grand sens théâtral, il aborde souvent des thèmes liés à l'Histoire, à la vie populaire ou encore empreints d'une profonde religiosité. Dans les années 1980, il se spécialise dans la *reconstruction de ballets anciens, dont Arlequin, magicien d'amour (1984, d'apr. ? ? ? ? ? ? Marcadet), la *Dansomanie (1985, d'apr. P. *Gardel), *Médée et Jason (1992, d'apr. *Noverre), présentés au Théâtre historique de Drottningholm, mais aussi en France, grâce à R. *Noureev, tel la *Fille mal gardée (1989) remonté à Nantes sur la musique d'origine.

BH

Henrietta CRANE [ndn. KNAPP H.] (1849-1918).

Pédagogue américaine.

Connue aussi sous le nom de ses deux autres époux (Russell, Hovey), elle est une disciple de J. S. *MacKaye et du fils de F. *Delsarte, Gustave. Enseignant auprès de cercles sociaux fréquentés par la haute bourgeoisie, elle est la première, aux États-Unis, à divulguer la méthode Delsarte en dehors du milieu artistique. Elle exerce une influence directe sur le développement de la *modern dance américaine en travaillant comme professeur au *Denishawn à partir de 1915.

SF

John CRANKO (1927-1973).

Danseur, chorégraphe et directeur de ballet britannique.

Né en Afrique du Sud, il étudie à l'École de danse de l'université du Cap, où il signe sa première chorégraphie dès 1942 (Histoire du soldat, mus. I. *Stravinski). Venu étudier à Londres à la *Sadler's Wells Ballet School en 1946, il entre dans la compagnie la même année et crée Trisch-Trasch Polka. Le succès rencontré par son remarquable Children's Corner (1947, mus. C. *Debussy) le décide à se consacrer exclusivement à la chorégraphie. Il signe alors, de Sea Change (1949) à Antigone (1960), une impressionnante série d'œuvres pour le Sadler's Wells et le *Royal Ballet, dont le *Prince des pagodes (1957, mus. B. *Britten), premier ballet en 3 actes d'un compositeur britannique. Il chorégraphie aussi pour d'autres compagnies tels le *New York City Ballet (The Witch, 1950), le *Ballet Rambert (Variations on a Theme, 1954), l'Opéra de *Paris (la Belle Hélène, 1955), la *Scala (*Roméo et Juliette, 1958) et monte deux *revues, Cranks (1955) et New Cranks (1960). Venu au Ballet de *Stuttgart en 1960 pour une reprise de son Prince des pagodes, il en devient directeur l'année suivante, poste qu'il occupe jusqu'à son décès lors d'un accident d'avion au retour d'une tournée. Il est également chorégraphe en chef à l'Opéra de Munich de 1968 à 1971 et chorégraphe invité dans de nombreuses compagnies (Cologne, Berlin, * Batsheva Dance Co., etc.).

Au cours de sa présence à Stuttgart, il donne une impulsion novatrice et durable à la danse, dont bénéficie le reste du pays, au point qu'il sera crédité d'avoir accompli le « miracle du ballet allemand ». Grâce à un travail de fond avec la troupe et à une judicieuse politique de répertoire, il parvient à hisser le Ballet de Stuttgart au rang des compagnies internationales majeures. Basé sur la technique classique et la virtuosité, son style se caractérise par des sauts et des pirouettes très acrobatiques. Exigeant de ses interprètes une excellente technique ainsi qu'un fort tempérament, il sait créer des univers contrastés et des personnages nuancés, notamment pour les femmes, comme dans *Poème de l'extase , *Carmen ou encore *Onéguine.