Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
M

Marfa Mouraviova, [ou Mouravieva M. ] (1838-1879).

Danseuse russe.

Diplômée de l'École théâtrale de Saint-Pétersbourg, elle danse de 1857 à 1865 au *Bolchoï de cette ville. Célèbre pour sa légereté, sa musicalité et la virtuosité de ses *pointes, elle interprète les ballets de J. *Perrot dont la Naïade et le pêcheur (autre vers. d'*Ondine) et surtout d'A. *Saint-Léon (Pâquerette, la Perle de Séville, etc.) pour qui elle crée Théolinda l'orpheline ou le Lutin de la vallée (1862), le *Petit Cheval bossu (1864) et Némea (1864, autre vers. de Fiammetta). Son meilleur rôle reste Giselle, qu'elle danse aussi à Paris, en 1863, ainsi que les rôles-titres de Diavolina (1863, autre vers. de Graziella) et Némea de Saint-Léon.

ESou

Jean-Joseph Mouret (1682-1738).

Compositeur français.

Surintendant de la duchesse du Maine, dont il anime les fameuses Nuits de Sceaux, chef d'orchestre de l'*Académie royale de musique de 1714 à 1718, il devient compositeur attitré du Théâtre italien en 1717, et directeur du Concert spirituel en 1728. À partir de 1734, il est dessaisi de tous ses postes et meurt après plusieurs crises de démence.

Par fonction et par goût, il compose essentiellement pour le divertissement, la danse étant son moyen d'expression privilégié. Il signe la musique de la « danse caractérisée de Camille et Horace » (d'après P. *Corneille), interprétée par Mlle *Prévost et J. *Ballon dans Apollon et les muses (1714, Sceaux) et les Amours de Ragonde (1714, Sceaux), qui préfigurent la comédie-lyrique. Sa production pour l'opéra se distingue par le genre comique et léger, qu'il introduit sur la scène de l'Académie royale avec les Fêtes de Thalie (1714). Ses autres opéras-ballets (les Amours des dieux, 1723, liv. L. *Fuzelier ; le Triomphe des sens, 1732, liv. P.-C. *Roy ; les Grâces, 1735, liv. Roy) lui valent plus de succès que ses deux tragédies en musique (Ariane, 1717 ; Pirithoüs, 1723).

CK

Modest MOUSSORGSKI (1839-1881).

Compositeur russe.

Pianiste accompli, il compose essentiellement de la musique vocale et dramatique. Rénovateur « empirique » de la musique russe, il en renouvelle le langage harmonique, en faisant appel à la modalité et aux chants populaires. Avec César Cui et Mili Balakirev, il est le fondateur du groupe des Cinq.

Moussorgski ne compose pas pour le ballet, mais certaines de ses œuvres seront régulièrement chorégraphiées : Une nuit sur le mont Chauve (1918, A. *Gorski ; 1924, B. *Nijinska ; 1924, F. *Lopoukhov ; 1946, S. *Lifar ; 1950, L. *Woïtzikowski ; 1955, L. *Chiriaeff), Tableaux d'une exposition (1944, Nijinska ; 1947, E. *Hanka ; 1963, Lopoukhov ; 1981, G. *Bohner), la Foire de Sorotchinski (1940, Eltzov ; 1943, D. *Lichine).

JRou

Sur musique de Moussorgski. M. *Fokine (Princesse Avriza, 1916) ; G. *Balanchine (Oriental dance, 1923) ; R. *Page (The Shadow of Death, 1928) ; K. *Goleïzovski (Gnome, 1936 ; Les poussins, 1936) ; K. *Lester (Black Etude, 1941) ; J. *Algo (Visions, 1945) ; Lifar (Vision russe, 1953) ; L. *Yakobson (Baba-Yaga, 1965) ; N. *Schmucki (Gorgone, 1976) ; A. *Page (Ballet of the Just Hatched Chicks, 1991).

Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791).

Compositeur autrichien.

Fils de musicien, il témoigne très tôt d'un talent exceptionnel. Dès 1763, son père qui assure sa première formation, organise une première tournée, pour lui et sa sœur, le conduisant à jouer du clavecin et du violon dans toute l'Europe à l'âge de six ans. Enfant prodige, triomphalement acclamé dans les salons et les cours, il continue sa formation à Londres (avec Johann Christian Bach), Paris, Salzbourg et en Italie (avec le symphoniste Giovanni Battista Sammartini et le père Martini). À Salzbourg de 1771 à 1777, sauf pour un voyage en Italie et des séjours à Vienne où il est élève de J. *Haydn, il étend son activité créatrice à tous les genres, de la musique instrumentale à l'opéra. En 1778, il est à Paris, en 1781 à Munich, où son opéra Idoménée roi de Crète connaît un énorme succès, puis il s'établit à Vienne. En 1782, il écrit l'Enlèvement au sérail, premier chef-d'œuvre de théâtre mozartien et premier opéra allemand qui ouvre le chemin au romantisme. À Vienne, il se lie d'amitié avec Lorenzo Da Ponte et Emanuel Schikaneder, qui seront ses librettistes. Après avoir été acclamé en 1786 comme le compositeur le plus important du temps avec les Noces de Figaro, il fait représenter en 1787 Don Giovanni, opéra dont l'écho est immense à l'époque et qui est considéré aujourd'hui encore comme son chef-d'œuvre absolu. Après la mort de son père, Mozart s'isole de plus en plus. Il écrit encore Così fan tutte (1790), la Clémence de Titus (1791) et la Flûte enchantée (1791) tout en se consacrant à la composition d'un Requiem, qui restera inachevé. Mort à Vienne à l'âge de trente-cinq ans, il est reconnu comme un des plus grands génies de la musique de tous les temps.

Bon danseur lui-même, Mozart écrit diverses musiques de danse pour les bals impériaux. Certains de ses opéras comportent des séquences dansées comme Lucio Silla (1772, chor. C. *Lepicq et Salomoni, Milan) ou Idoménée (1781, chor. Peter Legrand, Munich). Sa contribution directe à la musique de ballet se résume toutefois à des pages composées à Paris en 1778 pour les *Petits Riens de J. G. *Noverre auxquelles s'ajouterait, selon une hypothèse très controversée, la partition de Die Rekrutierung, oder Die Liebesprobe redécouverte à Graz dans les années 1920 et dont M. *Fokine tirera l'*Épreuve d'amour (1936). La musique de Mozart trouve cependant une place éminente dans la création chorégraphique au cours du XXe siècle. Si le ton du divertissement ou de la pastorale marque les premières utilisations (les Jeux d'amour, 1913, N. *Guerra ; l'Allée des soupirs, 1918, B. *Kniaseff ; le Songe de la marquise, 1921, Fokine ; Nymphes et Bergers, 1928, F. *Ashton ; Diana, 1928, R. *Page ; Apollon et les trois Muses, 1937, S. *Lifar), G. *Balanchine va ouvrir la voie de la stylisation et de l'abstraction en s'attachant à mettre en correspondance groupes de danseurs et groupes instrumentaux : Mozartiana (1933, orchestration de P. *Tchaïkovski), Symphonie concertante (1947), Caracole (1952 ; 1956, sous le titre Divertimento n. 15). Ces deux approches domineront toutes les utilisations ultérieures jusque dans les associations les plus diverses avec d'autres compositeurs : S. *Joplin (Raggedy Dance, 1972, T. *Tharp), F. *Chopin (Variations « Don Giovanni », 1979, M. *Béjart), Tristan Murail (*Déserts d'amour, 1984, D. *Bagouet), C. *Monteverdi et J.-F. *Rebel (*Caprices, 1986, F. *Raffinot), Goran Vejvoda (le Parc, 1994, A. *Preljocaj), entre autres.