Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
S

Herman SORGELOOS (né en 1952). (suite)

Après des études de photographie et de cinéma à Bruxelles, il rencontre le metteur en scène Jan Decorte, pour lequel il signe ses premières scénographies. Avec A. T. *De Keersmaeker, dont il devient le scénographe et photographe attitré à partir de Medea Material (1987), il donne la pleine mesure d'un sens du plateau raffiné, combinant choix simples et effets somptueux : notamment, plateau incliné pour Achterland (1980), sol en trompe-l'œil pour Mozart / Concert Arias (1992).

JMA

Sosta Palmizi.

Compagnie de danse italienne fondée à Turin en 1984.

Ce groupe, dont les fondateurs (M. *Abbondanza, Francesca Bertolli, Roberto Castello, Roberto Cocconi, R. *Giordano et Giorgio Rossi) sont tous issus du Teatro Danza de C. *Carlson à la *Fenice, s'impose immédiatement comme moteur de la *nouvelle danse italienne. Collectif, le travail s'appuie sur l'improvisation à partir de matériaux apportés par chacun selon sa personnalité et son parcours. La première création, poétique et théâtrale, Il Cortile (1985), est couronnée par les prix Ubu, Narni Opera Prima et Danza & danza. Suivent Tuffo (1986), puis Perduti una notte (1989, avec seulement Rossi et Castello), qui marque la fin du groupe. Celui-ci renaît en 1992 comme Associazione Sosta Palmizi, sous l'impulsion de Giordano et Rossi, qui signent alors leurs créations séparément. Le premier y révèle son tempérament dramatique, tandis que le second, formé aux arts du cirque à Paris et au *mime, ancien interprète de Lindsay Kemp et J. *Russillo, manifeste son goût pour l'ironie dans Rapsodia per una stalla (1990), Balocco (1992), Edadaus (1993), Passa tua (1995) et Piume (1997).

EV

Sergueï Soudeikine (1882-1946).

Peintre décorateur russe.

Élève de C. *Korovine, il fait partie de Mir Iskousstva, le groupe de S. *Diaghilev et A. *Benois. Comme la plupart des membres de ce groupe, il sait évoquer l'exotisme des pays lointains ou du temps passé, parfois avec un dramatisme poignant comme dans les ballets de *Romanov (*Salomé, 1913, *B. russes de Diaghilev ; Andalousiana, 1916, *Mariinski), parfois avec beaucoup d'humour comme dans de nombreuses créations pour La Chauve-souris, le théâtre de variété de N. Baliyev. A partir de 1920 il travaille à Paris puis à New York, signant ses créations majeures pour M. *Mordkin : *Giselle (1937), le Poisson d'or (1937), Trepak (1937), la *Fille mal gardée (1938), Dionysus (1938).

ESou

Autres collaborations. M. *Fokine (Paganini, 1939, Original *Ballet russe) ; B. *Nijinska (la Fille mal gardée, 1940, Ballet Théâtre) ; L. *Massine (Sonate au clair de lune, 1944, Ballet Théâtre).

Milko SPAREMBLEK (né en 1928).

Danseur, chorégraphe et directeur de ballet yougoslave.

Né en Slovénie, formé à l'école du Ballet de l'Opéra de *Zagreb, il y débute en 1949 dans le répertoire classique. En 1953, il vient à Paris se perfectionner auprès d'O. *Preobrajenska et de S. *Peretti. Grand, élégant et expressif, il rejoint la compagnie de J. *Charrat en 1955, et, en 1956, celle de M. *Miskovitch, pour laquelle il règle Quatuor, et il crée le ballet de Dirk Sanders l'Échelle (1957), dont il signe le livret inspiré du film Rashomon d'Akira Kurosawa. Engagé dans la compagnie de L. *Tcherina, il règle pour elle les Amants de Teruel (1958), filmés en 1962. Maître de ballet au théâtre de la *Monnaie en 1960, assistant de M. *Béjart au *Ballet du XXe siècle (1963-1965), pour lequel il règle Sigfried-Idyll , il dirige le Ballet *Gulbenkian (1970-1975) et celui du *Metropolitan Opera de New York (1970-1972), avant de se voir confier le Ballet de l'Opéra de *Lyon (1977-1980). Par la suite, chorégraphe indépendant notamment en Italie et en Yougoslavie, il signe des œuvres toujours empreintes d'un intense sens dramatique. Il travaille aussi pour la télévision, signant des ballets filmés tels Phèdre (1968, prix Italia) ou, en Slovénie, Enigma Gallus (1989) et Objem (1995).

MFC

Autres chorégraphies. Cantate profane (1968) ; l'Absence (1969) ; Symphonie des Psaumes (1969) ; Monumentum pro Gesualdo (1972) ; Visage (1978) ; Chants d'amour et de mort (1981) ; Histoire du soldat (1983) ; Carmina Kreziana (1986) ; Amadeus Monumentum (1991).

Warren SPEARS (né en 1954).

Danseur et chorégraphe danois d'origine américaine.

Né à Détroit (États-Unis) et formé à la *Juilliard School de New York, il danse avec l'Alvin *Ailey American Dance Theater (1974-1978). Il arrive au Danemark en 1979 et forme en 1981 avec A. *Abildgaard et R. *Patterson le Nyt Dansk Danseteater [Nouveau théâtre de danse danois], la compagnie la plus importante au Danemark en dehors le Ballet royal et qu'il dirige jusqu'en 1998. Il y crée plus de 20 œuvres, la plupart à structure narrative ou à forte dimension émotive, parmi lesquelles En gudedrøm [Un rêve des dieux] (1984, cochor. R. *Patterson) sur la mythologie nordique, Skagen (1990) consacré aux peintres nordiques des années 1900 et Tanne (1994) à la vie de l'écrivain danoise Karen Blixen.

EA

Olga SPESSIVTSEVA (1895-1999).

Danseuse russe.

Formée à l'École de ballet de *Saint-Pétersbourg, elle travaille ensuite auprès d'E. *Vazem et A. *Vaganova. Elle fait une brillante carrière au *Mariinski, de 1913 jusqu'à son départ définitif de Russie en 1924. Elle est invitée à plusieurs reprises par les *Ballets russes de *Diaghilev (1916-1917, 1921-1922, 1927 et 1929) et par l'Opéra de *Paris (1924-1926, 1928-1929 et 1931-1932). Elle tourne ensuite à travers le monde, faisant ses adieux à la scène en 1939. Fixée à New York, elle participe comme conseillère à la fondation du *Ballet Theatre. Victime de troubles mentaux dont elle ressent les premiers signes dès 1934, elle est internée de 1943 à 1963. Guérie, elle finit sa vie paisiblement, hébergée par la Fondation Tolstoï près de New York.

Elle triomphe à Saint-Pétersbourg dans tous les grands rôles du répertoire de M. *Petipa, louée par A. *Levinson, Y. *Slonimski et Svetlov pour ses interprétations d'une infinie poésie. Peu attirée par les recherches chorégraphiques de G. *Balanchine (dont elle renonce à créer la Chatte en 1929), M. *Fokine, B. *Nijinska et L. *Massine, elle se sent plus en affinité avec I. *Clustine, N. *Guerra (la Tragédie de Salomé, 1928), B. *Kniaseff, S. *Lifar (les *Créatures de Prométhée ; *Bacchus et Ariane) et L. *Staats (*Soir de fête). Sa légèreté, ses équilibres, la grâce fluide de ses mouvements, à laquelle se joignent l'intensité et la sensibilité de son jeu dramatique, en fait l'incarnation idéale des héroïnes romantiques, surtout de *Giselle qu'elle incarne d'une manière particulièrement bouleversante.

NL, GP