Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
L

LILAVATI (née en 1925).

Danseuse et chorégraphe suédoise d'origine indienne.

Elle étudie le Bharata Natyam en Inde, notamment avec Krishna Rao et Ram Gopal, avec le groupe duquel elle tourne en Asie, en Europe et en Amérique (1947-1951). Elle donne ensuite en soliste d'innombrables récitals de danse classique indienne partout en Europe. Elle aborde également la danse moderne et propose, en 1969, un *Schéhérazade (mus. N. A. *Rimski-Korsakov) qui marie les deux techniques. Elle signe aussi des ballets pour la télévision (Flower Power People, 1963 ; Quelque part dans le temps, 1970 ; Pas d'arbres à ton réveil, 1973). En 1960, B. *Åkesson lui confie le rôle principal de Rites et K. *Jooss compose pour elle, en 1975, sa toute dernière œuvre, Dixit Dominus, créé à Bombay puis à New York.

BH

Efva LILJA (née en 1956).

Danseuse et chorégraphe suédoise.

Liée aux courants *postmodernes, elle se produit d'abord en soliste. En 1985, elle fonde sa compagnie, avec laquelle elle explore des conditions de représentations singulières : dans l'eau, dans la neige, sur des pelouses, en plein vent. Sa compagnie tourne beaucoup en province et se produit souvent soit pour un très jeune public, soit dans des maisons de retraite. Ses compositions, d'une grande beauté poétique, laissent au spectateur toute liberté d'interprétation du sens.

BH

Giovannina Limido (1851-1890).

Danseuse italienne.

Élève de l'École de danse de la *Scala (1864-1871), elle se produit à Rome en 1876, à Venise et Florence en 1877 et à Barcelone en 1878. Après avoir dansé à Gênes, Naples et Madrid, elle débute au Her Majesty's Theatre de Londres en 1885 dans *Excelsior de L. *Manzotti, avec E. *Cecchetti, puis à Saint-Pétersbourg au théâtre Arkadia (1887), toujours avec Cecchetti.

RZ

José LIMÓN, [José Arcadia Limón ] (1908-1972).

Danseur, chorégraphe et pédagogue américain d'origine mexicaine.

Né de parents mexicains émigrés aux Etats-Unis en 1915, il se destine à la peinture, lorsqu'il découvre la danse à l'âge de 20 ans, en assistant à un récital d'H. *Kreutzberg et Y. *Georgi. Tout en suivant des cours de danse classique, il entre à l'école de D. *Humphrey et C. *Weidman et intègre leur compagnie (1930-1940). Ses premiers essais chorégraphiques sont récompensés par le *Bennington College (1937), dont il est un des premiers lauréats, avec A. *Sokolow et G. *Schurr. Il effectue des tournées sur la Côte Ouest avec M. *O'Donnell (1940-1942), avant de rejoindre la compagnie Humphrey-Weidman comme danseur principal (1942-1943). Démobilisé pendant la seconde guerre mondiale, il fonde en 1946 sa propre compagnie, sous la direction artistique de D. Humphrey (1946-1958), qui y crée notamment *Lament for Ignacio Sanchez Mejias (1946), *Day on Earth (1947), *Ruins and Visions (1953), en lui offrant les rôles les plus marquants de sa carrière. Il se produit et enseigne à l'*American Dance Festival (1948-1968). Artiste résident à l'Instituto National de Bellas Artes au Mexique (1951), il est invité à joindre le nouveau département danse de la *Juilliard School (1951). La compagnie Limón tourne dans le monde entier (1954-1973) et poursuit jusqu'à ce jour une double activité artistique et pédagogique, sous la direction artistique de C. *Maxwell.

Limón est considéré comme l'interprète et le chorégraphe le plus charismatique de sa génération. Danseur à la forte présence scénique, il se forge un style hiératique et élégant, "noble" et viril, une corporéité puissante à la dimension des figures monumentales de Michel-Ange. Ce style répond à une vision de la danse comme force rédemptrice : dans le sillage humaniste de D. Humphrey, il fait graviter son œuvre autour de "la tragédie fondamentale de l'homme et la grandeur de l'esprit humain". Son oeuvre décrit l'éloignement de l'homme d'un état d'équilibre originel, pour en exalter l'espoir de rétablissement. La force motrice de son projet créatif réside dans cette oscillation fondamentale de l'être humain ; à la différence de Humphrey, pourtant, la *chute chez Limón est d'un ordre à la fois physique et moral, et peut être portée jusqu'à l'impact. Elle trouve sa meilleure expression dans les pièces d'inspiration religieuse (The *Exiles, 1950 ; The *Traitor, 1954 ; *There is a Time, 1956 ; *My Son, my Ennemy, 1965) dont *Missa Brevis (1958) est la clef de voûte. Nourrie des références à ses modestes origines mexicaines, sa démarche implique aussi une forte dimension sociale, voire politique, qui dénonce la violence et l'injustice (la *Malinche, 1949), parfois au moyen d'une satire caustique (*I, Odysseus, 1962). A l'opposé des caractères abstraits qui sont les protagonistes des pièces de Humphrey, il met en scène des personnages spécifiques, empruntés à l'histoire et à la littérature (The *Moor's Pavane, 1949 ; *Emperor Jones, 1956). La forte dramatisation de ses pièces découle du conflit entre deux forces antagonistes qui est au cœur de sa mise en scène : Limón se réserve le rôle de l'étranger, isolé et abattu, face aux forces triomphantes, personnifiées souvent par L. *Hoving, son danseur principal.

L'abandon à la chute de ces personnages faillibles est d'ailleurs le drame essentiel, générateur du geste chez Limón. En multipliant les jeux pondéraux du principe bipolaire de *fall-recovery, il tente, à travers une série d'exercices, de contrôler le poids dans les différentes parties du corps impliquées : la fluidité du mouvement s'enrichit ainsi de contrastes dynamiques, d'attaques rapides, d'accentuations variables. Cette gestuelle ample, partant d'un torse puissant mais exigeant aussi une haute technicité des jambes, met surtout en valeur le danseur masculin, dont le rôle sur la scène, mais aussi dans la cité, est renouvelé. Ayant reçu comme Humphrey une solide formation musicale, il partage avec elle une rare musicalité, poussée jusqu'à l'exploration du silence qui permet au corps de porter son propre rythme (The Unsung, 1970 ; Carlota, 1972). Pédagogue fidèle à la pensée de D. Humphrey, dont il se désigne comme "le continuateur", il attache une grande importance à la créativité individuelle et incite ses danseurs et élèves à découvrir leur propre mouvement au-delà de tout formalisme. Il préfère à la codification systématique un mode de transmission évolutif.