Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
O

Luboš OGOUN (né en 1924). (suite)

Élève de Helena Štepánková et de Robert Braun, il danse, à partir de 1945, au Théâtre national de *Prague, où il est aussi professeur de 1955 à 1957. Il dirige ensuite le Ballet de Pilsen, puis celui de Brno. En 1964, il fonde avec P. *Šmok le Balet Praha, dont il est directeur artistique jusqu'en 1968. Prix S. *Lifar en 1967 pour Hiroshima (1964, mus. Bukovy), ses œuvres allient qualités atlhétiques et sincérité des émotions.

HK

Autre chorégraphie. Viktorka (1992, mus. Z. Vostřák, Brno).

Kazuo OHNO (né en 1906).

Danseur et chorégraphe japonais.

Né dans la province du Hokkaido, il commence des études de gymnastique, qui le conduisent au professorat. En 1929, il est ébloui par un spectacle de la *Argentina au Théâtre impérial de *Tokyo. Quelques années plus tard, il prend ses premiers cours de danse avec B. *Ishii, puis auprès de T. *Eguchi, un élève de M. *Wigman.

La Seconde Guerre mondiale interrompt sa pratique de la danse ; il ne présente qu'en 1949, à Tokyo, ses premiers spectacles, composés de pièces courtes et marqués par l'*expressionnisme (Première fleur de tilleul, Tango, Cri diabolique et Ennui pour la ville). Mais c'est la rencontre avec T. *Hijikata, en 1954, qui se révèle décisive. Associé à l'émergence du *butô, Ohno participe, de 1959 à 1968, aux premières pièces de Hijikata avec « l'école de la danse des ténèbres ». Il incarne notamment le personnage de Divine, le travesti dépeint par J. *Genet dans Notre-Dame-des-Fleurs, que Hijikata porte à la scène en 1960. De 1967 à 1977, il quitte la scène, à l'exception d'apparitions épisodiques dans des spectacles d'autres danseurs d'avant-garde (Tomiko Takai, Mitsutaka Ishii et A. *Kasai), et tourne plusieurs films d'esprit surréaliste. Invité au festival de Nancy en 1980 avec le solo *Hommage à la Argentina, créé trois ans plus tôt à Tokyo, il provoque la stupeur et révèle au public occidental le butô. À soixante-quinze ans, ce solo lui vaut une réputation internationale, mais aussi un statut de légende vivante : des danseurs européens partent au Japon suivre son enseignement, tandis qu'il continue à créer des solos (avec, à ses côtés, son fils Yoshito) qui confèrent au butô une expression lumineuse et lyrique.

Il danse pour communiquer l'universel dans sa plus pure expression. Selon lui, la danse doit révéler « la forme de l'âme ». Le corps, dépouillé de toute intention expressive, est comme un récipient vide susceptible de trouver l'émotion libre. Une pensée de la danse qu'Ohno accompagne de nombreux écrits poétiques : « Si vous voulez interpréter une fleur, note-t-il, vous pouvez la mimer, elle sera la fleur de tout le monde, banale, sans intérêt. Par contre, si vous placez la beauté de cette fleur et les émotions qu'elle évoque dans votre corps mort, la fleur que vous créerez sera vraie et unique et le public sera ému. »

JMA

Autres chorégraphie. La Table (1980) ; Ma mère (1981) ; la Mer Morte (1985) ; Waterlilies (1987) ; Insect Metamorphosis (1988) ; Kachô Fugetsu (1990).
Bibliographie. K. Ohno, Butoh notations : The Palace Flies in the Sky, Shichou-sha, Tokyo, 1992. - J. Viala, Masson-Sekine Nourit, Butoh, Shades of Darkness, Shufunotomo Co, Tokyo, 1988.
Filmographie. Portrait de Monsieur O (1969, réal. Chiaki Nagano) ; le Mandala de Monsieur O. (1971, réal. Nagano) ; le Livre d'un homme mort : Monsieur O (1973, réal. Nagano) ; Butoh : Body on the Edge of Crisis (1990, réal. Michael Blackwood) ; à compléter...

Betty OLIPHANT (née en 1918).

Pédagogue canadienne d'origine britannique.

Formée à Londres auprès de T. *Karsavina, L. *Novikov et Margaret Saul, elle s'installe à Toronto en 1947. En 1951 elle devient maîtresse de ballet du tout nouveau Ballet national du *Canada dont elle sera ensuite directrice adjointe de 1969 à 1975, contribuant à forger le style de la compagnie. Mais elle reste avant tout une autorité en matière d'éducation en danse. Fondatrice d'une école dès son arrivée au Canada, elle participe à la création de la Canadian Dance Teachers' Association. En 1959, elle met en place la National Ballet School où elle forme des professeurs et des danseurs de niveau international, notamment J. *Alleyne, K. *Kain, F. *Augustyn, V. *Tennant et Martine Van Hamel. Fréquemment invitée à enseigner partout dans le monde et à siéger dans les jurys de concours internationaux, elle réorganise aussi l'École de ballet du *Ballet royal suédois (1967) et celle du *Ballet royal danois (1978).

LHB

Ramón OLLER (né en 1962).

Danseur et chorégraphe espagnol.

Ses études d'art dramatique à l'Institut del Teatre de Barcelone le mènent vers la danse. Outre sa compagnie, il crée des pièces pour la Compagnie nationale de danse d'Espagne et le Ballet Hispánico à New York. De sa première pièce, Dos dies i mig (1984) à Poemes de Problemes (1998), sa danse naïvement passionnelle est articulée autour des thèmes de l'amour et de la solitude.

JMA

Opéra allemand du Rhin (Ballet de l').

Compagnie allemande attachée au Deutsche Oper am Rhein fondée en 1956.

À la suite de la réunion des opéras de Duisbourg et de Düsseldorf en une seule entité, la direction du ballet est confiée à Otto Krüger, mais il faut attendre l'arrivée de Grisha Barfuss à la direction de l'opéra, en 1964 (il y restera vingt-deux ans), pour que la compagnie prenne son essor : celui-ci en confie la direction à E. *Walter, avec qui il arrive de l'Opéra de *Wuppertal, accompagné du scénographe Heinrich Wendel. Le nombre de danseurs est porté de trente et un à quarante et un, et la compagnie commence très vite une carrière internationale qui la conduit dans les grands festivals et théâtres européens (Varsovie, Florence, Édimbourg, Zagreb, Bergen, Lisbonne, Barcelone) ainsi qu'en tournée dans tout le continent sud-américain à la suite des XIXe jeux Olympiques de Mexico en 1968. J. *Cranko figure parmi les chorégraphes invités à cette époque, tandis que P. *Bortoluzzi se produit régulièrement comme danseur *étoile. La mort prématurée de Wendel, en 1980, puis celle de Walter, en 1983, créent un vide dans la structure artistique. Walter laisse toutefois derrière lui une troupe solide, qui s'est fait une spécialité des cycles pouvant s'étendre d'une saison à l'autre, comme le cycle R. *Strauss de 1972 à 1974 avec Salomé, Elektra, Der Rosenkavalier, Ariadne auf Naxos, Arabella, Die schweigsame Frau ; de 1971 à 1986, ce sont trente-quatre cycles qui sont proposés.