Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
N

Ohad NAHARIN (né en 1952). (suite)

Naharin, qui croit au dépassement des limites, explore les extrêmes dans son œuvre. Anaphase (1993) en est un parfait exemple : comme dans la division des cellules, les danseurs évoluent vers des polarités différentes et finissent par former une nouvelle entité ; tout en se déplaçant rapidement, comme déchirés ou poussés par de grandes forces, ils conservent un certain lyrisme. Sous une apparente opulence (musique interprétée en direct, costumes riches, projections, texte), ses œuvres longues (Mabul, 1991 ; Zina, 1994 ; Yag, 1997 ; Sabotage Baby, 1998), dévoilent avec pudeur une demande d'amour et de compassion. Il chorégraphie en outre pour le *Nederlands Dans Theater, le *Cullberg Ballet, le Ballet national de *Finlande et le Ballet de *Francfort.

GA

NAISDA (National Aboriginal and Islander Skills Development Association).

Centre de formation de danseurs aborigènes et originaires des îles du détroit de Torres, fondé en 1975 et installé à Sydney (Australie).

Cette association voit le jour à l'initiative de Carole Johnson, soliste américaine de la compagnie E. *Pomare, avec l'aide des chefs des communautés traditionnelles australiennes que le succès d'Embassy, chorégraphie construite sur le modèle de Blues for the Jungle de Pomare, a convaincues de l'intérêt de la danse *moderne pour exprimer leurs aspirations. En 1976 se constitue l'Aboriginal-Islander Dance Theater, pour que les étudiants, les danseurs traditionnels et, par la suite, les diplômés du Centre puissent se produire dans des créations qui mêlent les styles contemporain et traditionnel. Une compagnie professionnelle indépendante, le Bangarra Dance Theater, est ensuite fondée au sein du centre en 1989, qui crée, en 1994, Ochres, choréographié collectivement par les diplômés de la NAISDA, Steven Page (directeur artistique) et Bernadette Walong, ainsi que Jakapurra Munyarran, dépositaire coutumier de certaines danses yirrkala. Cette œuvre, qui mêle la danse moderne et celle des communautés traditionnelles, met en évidence les riches perspectives de création d'un vocabulaire original pour la danse contemporaine australienne.

CJ

NAPAC Ballet.

Nom porté par le *Playhouse Dance Theatre de 1968 à 1976.

RS

Fernand Nault, [Boissonneault Fernand Noël, dit ] (né en 1921).

Chorégraphe, maître de ballet, danseur, pédagogue et directeur artistique canadien.

Formé par Maurice Morenoff à Montréal, il rejoint l'*ABT (1944-1964) comme premier danseur interprétant des rôles de *caractère. De retour à Montréal, il est directeur adjoint et chorégraphe attitré des *Grands Ballets canadiens (1964-1974), directeur de l'École supérieure de danse du Québec (1974-1980) et directeur artistique du Colorado Ballet (1981-1982). Souvent basées sur des thèmes religieux, ses œuvres, accessibles sans être faciles, valent quelques succès retentissants et populaires aux Grands Ballets canadiens (*Carmina burana, 1966 ; *Symphonie des psaumes, 1969 ; Tommy, 1970, mus. The Who). Plusieurs fois primé, il reçoit le prix de chorégraphie, en 1976, à *Varna, pour Incohérence.

IVT

Patricia NEARY ( née en 1942).

Danseuse, pédagogue et directrice de compagnie américaine.

Elle étudie avec George Milenoff et Thomas Amour et fait ses débuts au Ballet national du *Canada en 1959. Engagée au *NYCB en 1960, nommée danseuse principale en 1962, elle quitte la compagnie en 1968. Maîtresse de ballet à l'Opéra de *Berlin (1970-1973), elle dirige le ballet du Grand Théâtre de *Genève (1973-1978), le Ballet de *Zurich (1978-1985), le ballet de la *Scala (1986-1987) puis le Ballet British Columbia à Vancouver (1989-1990), remontant nombre d'œuvres de G. *Balanchine, travail qu'elle poursuit ensuite de manière indépendante.

Fine, élancée - la plus grande danseuse de sa génération -, solide technicienne, elle fait preuve d'une rare rapidité et d'une remarquable précision. Malgré sa morphologie et ses qualités toutes balanchiniennes, elle ne crée aucun grand rôle de G. *Balanchine qui concentre alors son attention sur S. *Farrell. Sa grande sensibilité musicale et son exceptionnelle capacité à mémoriser les rôles en un coup d'œil vont cependant faire d'elle une des meilleures gardiennes du répertoire du chorégraphe. Autorité incontestée en la matière, elle remonte les ballets de Balanchine dans la plupart des grandes compagnies du monde dont le *Royal Ballet, le Ballet national des *Pays-Bas, les ballets des opéras de *Paris, *Vienne, *Munich, *Rome, le *Ballet royal danois et le *Ballet royal suédois, les ballets de *Stuttgart et *Hambourg.

PLM, RS

Nederlands Dans Theater (NDT).

Compagnie néerlandaise fondée en 1959 et basée à La Haye.

Issus du *Nederlandse Ballet, R. *Van Dantzig et B. *Harkarvy tentent l'aventure, avec H. *Van Manen, de créer une compagnie à orientation nettement contemporaine. Sans aide officielle, sans studio, les premières années sont difficiles. Peu à peu, le public s'intéresse à cette exploration des nouvelles tendances de la danse moderne américaine illustrées par les créations de *Carmina burana (1962) de J. *Butler, *Pierrot lunaire (1963) et The Anatomy Lesson (1964) de G. *Tetley, les *Sept Péchés capitaux (1967) d'A. *Sokolow, auxquelles s'ajoutent les œuvres des chorégraphes permanents : Harkarvy, qui quitte la compagnie en 1969 pour le *Harkness Ballet, Van Dantzig, qui rejoint le Ballet national des *Pays-Bas aussi en 1969, Van Manen, dont le départ intervient en 1971, après deux ans de codirection avec Tetley. La compagnie passe alors sous l'autorité de J. *Flier et Carl Birnie ; son niveau décline, en dépit de chorégraphes invités comme L. *Falco, J. *Muller et J. *Kylián. En 1975, ce dernier partage la direction avec Hans Knill, avant de la reprendre seul en 1978 et d'imprimer à la troupe de trente-deux danseurs un caractère original qui détermine rapidement son rayonnement international, illustré notamment par ses principales tournées à New York (1979), à Prague (1982), en Union soviétique (1985), en Australie (1986), en Amérique du Sud (1989), sans oublier ses nombreux séjours en France, à Paris (1979 à 1996). Peu à peu, Kylián réunit des artistes venus d'horizons et de nations diverses, attirés par son charisme, l'intérêt de travailler avec un chorégraphe doué d'une puissante originalité, sachant utiliser chacun dans un répertoire novateur et ouvert à toutes les suggestions. Exigeant une rigueur et une musicalité constante, une perfection des ensembles comme des *pas de deux, celui-ci n'admet pas de hiérarchie mais développe les personnalités, lyrisme d'une Sabine Kupferberg, maîtrise de Martine Van Hamel ou G. *Lemaître, sensibilité de Nils Christe ou A. *Laguna. À une cinquantaine de ballets de Kylián, il faut ajouter des œuvres de Van Manen, M. *Béjart, W. *Forsythe, O. *Naharin, ainsi que de jeunes danseurs de la compagnie, tels N. *Duato et Paul Lightfoot. Après avoir fondé, en 1982, le NDT 2-junior, formé de quatorze danseurs destinés à entrer dans le NDT 1, Kylián crée, en 1991, le NDT 3-senior, qui développe son propre répertoire. Instrument ductile, la compagnie possède un caractère unique émanant de la démarche généreuse, sensible,de Kylián. En 1999, celui-ci cède la direction à Marian Sarstadt, tout en restant chorégraphe associé et conseiller artistique.

MFC