Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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Léonide Yakobson (1904-1975).

Danseur et chorégraphe russe.

Il étudie à l'École théâtrale de Petrograd avec V. *Ponomariov et commence à chorégraphier encore élève. Après des débuts comme danseur de *caractère au *Kirov (1926-1933), il devient chorégraphe au *Bolchoï (1933-1943) puis au Kirov (1942-1950). Déclarant que tout mouvement peut servir à composer des danses, il se révolte dans sa jeunesse contre la danse *académique avant d'y revenir plus tard en trouvant cependant moyen de s'en servir d'une façon inédite. Rarement invité dans les théâtres des villes principales, il chorégraphie principalement en province et même parfois pour des compagnies folkloriques. Styliste raffiné, il développe, dans les années 1930-1940, un riche travail de création en rupture avec celui des chorégraphes officiellement reconnus, recourant à différents types de danse : folklorique comme dans l'acte II de *Chourale (1941 et 1950) ainsi que dans de nombreux numéros de concert ; plastique ou duncanesque comme dans *Spartacus (1956) ; de style antique ou grotesque dans de nombreuses *miniatures ou dans les ballets la Punaise (1962, mus. F. Otkasov et G. Firtitch) et les Douze (1964, mus. Boris Tichtchenko). Ce n'est que dans les années 1960 qu'il a la liberté de mettre ses idées en pratique, travaillant au *Maly et au Kirov et composant de nombreux programmes de danse pour sa propre compagnie, Les Miniatures chorégraphiques, fondée en 1969.

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Autres chorégraphies. Till Eulenspiegel (1933, mus. R. *Strauss) ; Solveig (1952, mus. E. *Grieg) ; le Pays des miracles (1967, mus. I. Schwarz) ; Danses *Vestris (1969, mus. G. Banchtchikov); Extase (1975, mus. S. *Prokofiev).
Bibliographie. G. Dobrovoloskaïa, Baletmeister Yakobson, Leningrad, 1968 (en russe).

Hideyuki YANO (1943-1988).

Danseur et chorégraphe japonais.

L'œuvre et l'enseignement de Yano ont profondément influencé tout un pan de la chorégraphie française. Né au Japon, il part aux États-Unis en 1961 poursuivre des études de littérature. De retour au Japon, tout en s'intéressant au théâtre nô, il participe à l'aventure du Groupe noir, qui monte des spectacles de S. Beckett, F. Arrabal, H. Pinter, ainsi que des auteurs contemporains japonais. À vingt-six ans, il crée ses premiers spectacles à Tokyo, qui réunissent comédiens, danseurs et musiciens. Il part ensuite pour un tour du monde et s'installe à Paris en 1973, où il crée, en 1976, le groupe Ma Danse-Rituel-Théâtre. Réunissant des danseurs d'origine et de formation très différentes (E. *Wolliaston, Lila Greene, Sidonie Rochon, M. *Tompkins, F. *Verret notamment), il élabore un langage théâtral et chorégraphique qui implique des recherches approfondies aux frontières de la danse, du théâtre et de la musique. En 1986, il est nommé à la direction du Centre chorégraphique de Besançon-Franche-Comté.

Pudique et discret, il laisse des pièces qui sont autant d'empreintes d'une poésie métaphysique. À l'époque où les postmodernes désacralisent la danse, il explore la motivation profonde, essentielle, du mouvement. Considérant la danse comme « géo-chorégraphie » et la scène comme « fragment d'un espace mental », ses premières chorégraphies sont faites de forces résistantes, qui se développent sur le mode de l'intensification et de la confrontation (Hana - Cristal fleur, 1979, Ciné-fiction, 1982). Par la suite, la théâtralité se glisse dans son œuvre progressivement, jusqu'à ses derniers spectacles, étayés par des mythes et des récits. Au puits de l'épervier (1983), inspiré d'un récit de William Butler Yeats, joué à Londres par un danseur japonais, M. *Ito. Sa trilogie autour de *Salomé (1986) prend pour point de départ un texte d'O. *Wilde, expérimenté dans un atelier d'improvisation sur « violence et sexualité ».

De sa première pièce, Rivière Sumida / Folie (1976) à sa dernière, Ishtar et Tammuz (1986), son travail est marqué par une complicité fidèle avec Wolliaston, qui parle à ce sujet de « fusion de deux continents » : virtuosité commune du silence, dialogue pudique de deux grains de peau sur une plage apaisée de toutes les scories du temps, parade de venue et d'effacement.

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Autres chorégraphies. Géo-chorégraphie (1977) ; Flux-sape (1977) ; Impair (1978) ; Aka-écarlate (1980) ; In illo tempore / Sillage (1981) ; Requiem (1981).

Igor YOUSKEVITCH (1912-1994).

Danseur et pédogogue américain d'origine russe.

Gymnaste, il vient tardivement à la danse. Formé à Belgrade puis auprès d'O. *Preobrajenska à Paris, il se perfectionne ensuite à New York avec A. *Vilzak. Il se produit avec L. *Woïtzikowski (1935-1936), rejoint les *Ballets russes du colonel de *Basil (1936-1938) puis le *Ballet russe de Monte-Carlo à New York (soliste de 1938 à 1944 ; danseur et conseiller artistique de 1955 à 1957 et de 1958 à 1960). Il fait aussi carrière au *Ballet Theatre (1946-1955), répond aux invitations de la compagnie d'Alicia *Alonso et fonde une troupe itinérante, le Ballet romantique (1963). Il enseigne dans son école à New York (1962-1980), puis dirige le département de danse de l'université du Texas à Austin (1971-1982).

Doté d'une extraordinaire *élévation, il s'impose par son élégance virile comme l'un des danseurs classiques les plus appréciés aux États-Unis. Incarnant avec superbe les rôles nobles du répertoire, excellent partenaire, il forme durant quatorze ans un couple d'exception avec Alicia Alonso. Interprète d'Alberto *Alonso (la Valse, 1948 ; Roméo et Juliette, 1956), G. *Balanchine (*Thème et Variations, 1947), L. *Massine (*Gaîté parisienne, 1938 ; *Septième symphonie, 1938 ; The New Yorker, 1940), W. *Dollar (Jeux, 1950), B. *Nijinska (Chopin concerto, 1942 ; Ancient Russia, 1943 ; Schumann Concerto, 1951), A. *Tudor (Shadow of the Wind, 1948), il est aussi celui de G. *Kelly dans le film Invitation to the Dance (1956, *MGM).

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KIKUCHI Anemiya YURIKO, dite (née en 1920).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine d'origine japonaise.

Née à San José en Californie, elle retourne au Japon à l'âge de neuf ans et y poursuit sa première formation de danseuse dans des techniques inspirées de la danse classique et de M. *Wigman. En 1937, elle revient aux États-Unis et, en 1944, reçoit de M. *Graham une bourse qui lui permet d'étudier avec elle et de rejoindre la compagnie la même année. Yuriko participe aux créations d'*Appalachian Spring, *Dark Meadow, *Cave of the Heart, *Night Journey, Embattled Garden (dans le rôle d'Ève) et *Clytemnestre (dans celui d'Iphigénie). En 1946, elle gagne le prix de chorégraphie du *YW-YMHA. De 1951 à 1954, elle dansera le rôle d'Eliza dans la *comédie musicale The King and I (chor. J. *Robbins). Elle reprend ce rôle dans la version filmée par Walter Lang en 1955.