Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
A

Fred ASTAIRE [Austerlitz Frederick, dit] (1899-1987). (suite)

Ses chorégraphies, d'une grande économie de construction, évitent l'accumulation d'effets. Chaque numéro semble explorer une quantité limitée d'idées chorégraphiques, soigneusement présentées et développées à mesure que la danse se poursuit. Sous la texture de celle-ci apparaît un monde de nuances et de subtiles complexités. Alliant la virtuosité au comique, parfois au burlesque, en recherche constante de nouveautés, stylistiquement inventif, d'une musicalité parfaite, il mélange claquettes, danse de *couple et, retravaillés, éléments importés d'autres formes de danse, dans une belle indifférence aux conventions de genre. Tout à la fois désinvolte, racé et détaché, empreint d'élégance et d'aristocratie, Astaire s'affirme comme “ le premier et le seul dandy de l'apesanteur ”.

Dans le tandem dansant, complice et romantique, qu'il érige en véritable forme chorégraphique avec G. *Rogers ou dans ses rencontres plus fugitives avec E. * Powell, *Vera-Ellen ou C. *Charisse, se noue entre les partenaires une relation magique, reposant d'abord sur la rivalité et l'affrontement, débouchant toujours sur l'entente, où la danse joue en même temps le rôle de révélateur des sentiments amoureux. Les scènes dansées, comportant au moins deux duos — l'un sentimental et langoureux, l'autre plus fantaisiste et plus rythmique — ne sont plus des épiphénomènes spectaculaires mais s'inscrivent naturellement dans l'intrigue elle-même . Passé maître dans l'art de relier la chorégraphie à la musique, il crée avec l'aide de Pan une sorte de fondu enchaîné qui amène insensiblement le spectateur de l'action à la danse.

Perfectionniste dans le travail, il n'hésite pas à répéter des semaines entières avec divers accessoires (porte-manteau, canne de golf, silhouettes en ombre chinoise) et crée de véritables inventions cinématographiques bien avant l'arrivée de Kelly et de Donen. Exerçant une maîtrise complète sur son processus de création, il insiste pour que ses danses soient filmées de plain-pied, dans de longues séquences sans coupure ni changement de plan, qui supposent que tous les déplacements de la caméra aient été fixés en fonction de la danse. Il chorégraphie ainsi directement pour la caméra dont il réduit le rôle pour mieux captiver l'attention du public par son propre mouvement et réussit à faire valoir l'idée que la danse doit être autorisée à parler pour elle-même.

Danseur “ le plus intelligent, le plus inventif, le plus élégant de notre temps ” selon G. *Balanchine, il a influencé L. *Massine, J. *Robbins et de nombreux autres chorégraphes. Sa figure légendaire incarne l'âge d'or de la comédie musicale hollywoodienne.

ESe

Autres filmographies. A Damsel in Distress (1937, RKO) ; Carefree (1938, RKO) ; Second Chorus (1940, *Paramount) ; The Sky's the Limit (1943, RKO) ; Blues Skies (1946, Paramount) ; Three Little Words (1950, MGM) ; Let's Dance(1950, Paramount) ; Daddy Long Legs(1955, *Fox) ; Funny Face (1957, Paramount).
Bibliographie. F. Astaire, Steps in time, Harper, New York, 1959. — R. Benayoun, “ Freddy, Old Boy ”, Positif n° 115, 1970 ; B. Thomas, F. Astaire, l'homme qui danse, Ramsay, Paris, 1987.

Cyril ATANASSOF (né en 1941);

Danseur français.

Formé à l'École de danse de l'Opéra de *Paris, il est engagé dans le ballet en 1957. Soliste dans *Études dès 1959, nommé étoile en 1964, il est l'une des plus brillantes figures du ballet jusqu'à sa retraite en 1986. Il enseigne, depuis, à l'Opéra et au *CNSMD de Paris.

Danseur noble à la beauté ténébreuse, interprète émouvant, il développe un style puissant et moderne de la danse *académique. Partenaire attentif, il est très apprécié des plus grandes danseuses, comme Y. *Chauviré et N. *Pontois. Il brille dans toute l'étendue du répertoire, d'A. *Bournonville à M. *Béjart. S'il sait mettre sa technique impeccable au service de chorégraphes comme G. *Balanchine, il préfère les œuvres où peuvent s'exprimer ses talents dramatiques. Il marque de sa personnalité les rôles les plus divers, et demeure inoubliable en particulier pour ses interprétations d'Albrecht dans *Giselle, du Jeune Homme dans les *Mirages, de Frollo, puis de Quasimodo dans *Notre-Dame de Paris. Sa création à l'Opéra de Paris du rôle de l'Élu dans le *Sacre du printemps (1965, Béjart) reste légendaire.

MFB

Cholly ATKINS [ATKINSON Charles, dit] (né en 1913).

Danseur et chorégraphe américain.

Il apprend les *claquettes dès l'enfance, puis à partir de 1935 se produit dans les clubs, au cinéma (San Francisco, 1936 ; Strike Me Pink, 1937) et à *Broadway (The Hot Mikado, 1939). Après la guerre, il forme un duo avec un autre claquettiste confirmé : Charles " Honi " Coles (né en 19XX) et danse pendant plus de vingt ans avec les célébrités du *jazz. Ils présentent le dernier des grands numéros de *class act dans le circuit des night-clubs et des théâtres ainsi qu'à la télévision. Ils sont réputés pour la périlleuse lenteur, l'élégance et la perfection de leur *soft shoe : Atkins mélange les vocabulaires classique et moderne aux claquettes, alors que Coles est le créateur d'un *rhythm tap articulé et puissant. Après avoir dansé de 1949 à 1951 dans Gentlemen Prefer Blondes (A. *De Mille), ils tournent dans divers spectacles musicaux, puis se séparent.

Atkins enseigne et travaille avec les groupes vocaux renommés de Motown des années 1960 et 1970. En 1989, il reçoit un Tony Award pour sa chorégraphie de Black and Blue. Coles, directeur de production à l'Apollo Theater, se tourne aussi vers l'enseignement. Leur séparation coïncide avec le déclin des claquettes. Atkins est également à l'origine du style chorégraphique propre aux groupes de chanteurs afro-américains, et que reprendront les danses de *société de l'époque.

ESe

Catherine ATLANI (née en1946).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue française.

Elle étudie le piano puis la danse classique et jazz. Elle fonde en 1970 Les Ballets de la Cité, qui servent de tremplin à de jeunes danseurs comme J.-C. *Ramseyer, F. *Raffinot, C. *Brumachon, A.-M. *Reynaud, Q. *Rouillier, ou encore Dominique Boivin, Gisèle Gréau, Geneviève Sorin, Odile Azagury, ou Yann Legac (engagé par M. *Béjart) devenus membres du *GRCOP. Implantée près de Rouen en 1975, elle crée un lieu de recherche et de création, donnant une large place aux animations en milieu scolaire et socio-éducatif. Très politisée, elle milite pour le mouvement des femmes. Ses spectacles, vibrants de musicalité et d'humanisme (Prière de l'homme qui danse, prix de *Bagnolet 1971), s'appuient sur des poèmes, des textes d'écrivains (Andrée Chedid, Alefa, 1976), sur des compositions musicales (Anne-Marie Fijal pour Déméter, 1980). Elle ouvre le Café de la danse à Paris (1985-1990) puis en 1995 le cabaret Le Loup du faubourg. Spécialisée en recherche vocale, elle enseigne ; elle a écrit plusieurs ouvrages.

LB