Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
H

Thelma HILL (1924-1977).

Danseuse et pédagogue américaine.

Née à New York, elle se forme à la *Metropolitan Opera School of Ballet, avant de se produire avec T. *Beatty, J.-L. *Destiné et G. *Holder. Elle est membre, dès sa fondation en 1955, de la compagnie Les Ballets Nègres, qui deviendra ensuite la New York Negro Ballet Company, et tourne avec elle en 1957 en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles. En 1962, elle rejoint la compagnie d'A. *Ailey, où elle est remarquée pour sa force magistrale dans le rôle de la diaconesse à l'ombrelle (*Revelations, 1960). Elle devient en 1960 une pédagogue influente au Clark Center for the Performing Arts et forme de très nombreuses figures de la danse afro-américaines à la technique *Horton.

TDF

Franz Anton Christoph Hilverding Van Wewen (1710-1768).

Danseur, maître de ballet et chorégraphe autrichien.

Issu d'une famille de comédiens de renom, il étudie à Paris avec M. *Blondy et devient danseur à la cour impériale de Vienne en 1734. À partir de 1737, il est maître de ballet des théâtres de la cour impériale et se trouve associé à la période florissante et unique que connaît le ballet à Vienne à la faveur de la reprise de la direction des théâtres de la ville par le comte Giacomo Durazzo en 1754. De 1758 à 1764, il est maître de ballet au Théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, puis, de retour à Vienne, il loue le Kärntnertor Theater pendant une courte période (1766-1767).

Hilverding n'ayant laissé aucun écrit, ceux de son élève G. *Angiolini constituent la principale source documentaire concernant son œuvre : s'il peut être considéré comme l'un des fondateurs de ce qu'on appelle à l'époque le « ballet en action » et qui sera rebaptisé plus tard *ballet d'action (probalement au XIXe siècle), ses conceptions exactes restent inconnues. La paternité de ce genre, combinant étroitement action dramatique et *pantomime, développé par la suite par Angiolini et J. G. *Noverre, sera en tout cas l'objet d'un conflit entre ces derniers, qui travaillent tous deux à la cour de Vienne pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle, Noverre la revendiquant pour lui seul, tandis qu'Angiolini l'attribue à son maître dans sa Lettere di Gasparo Angiolini a Monsieur Noverre (1773), rédigée après la mort de Hilverding.

Chorégraphe prolifique, Hilverding compose plus de deux cents œuvres, dont n'ont été conservés pour la plupart que les titres. Seule une différenciation par genre (« sérieux » ou « léger ») peut être effectuée. Au début des années 1740, alors qu'il dirige le Kärntnertor Theater, il crée de nombreux ballets de *caractère ou de *demi-caractère, pour lesquels il constitue une sorte de catalogue de personnages. Toutefois, son œuvre marque nettement le passage d'un burlesque de personnages très typé à un genre d'inspiration littéraire et historique : dès sa première période de création, entre 1737 et 1740, il réalise des versions chorégraphiques d'œuvres telles Britannicus de Racine, Idoménée de Crébillon, Alzire de Voltaire et il est l'auteur probable, en 1753, d'un des premiers ballets concacrés à *Don Quichotte. Sur le plan chorégraphique, tout en laissant aux danseurs leurs spécificités, Hilverding instaure deux nouveautés : un engagement de tout le corps dans la danse et une asymétrie dans la mise en scène. Parmi les œuvres qui lui sont attribuées figurent les Aventures à Leopoldstadt (1752), les Paysans de Carinthie (1752), la Foire au village (1753). Collaborant régulièrement avec F. *Deller et J. *Starzer, il signe également au Burgtheater *Orphée et Eurydice (1752), le Ballet bleu (1753), le Ballet couleur en rose (1753), ces deux derniers pouvant être des reprises de créations datant de 1740, *Pygmalion (1756), qu'il remontera à Saint-Pétersbourg en 1763, les Amants protégés par l'amour (1765). Il collabore également à de nombreux opéras, notamment de C. W. *Gluck (Semiramide riconosciuta, 1748 ; Il Parnasso confuso, 1765) et d'Ignaz von Holzbauer ou Starzer, et compose des ballets les plus variés pour les résidences d'été des empereurs (le plus souvent à l'occasion de noces dans la maison impériale), tel Il Trionfo d'Amore (1765, mus. Florian Gassmann) à Schönbrunn, dont les interprètes principaux sont l'archiduchesse Marie-Antoinette et ses frères Ferdinand et Maximilien.

GOS

Paul HINDEMITH (1895-1963).

Compositeur allemand.

Enfant surdoué, il débute comme premier violon à l'opéra de Francfort et devient ensuite son chef principal, tout en pratiquant assidûment la musique de chambre et en composant des œuvres solides de facture classique. À partir de 1921, il crée le scandale avec une série d'opéras en un acte au sujet sulfureux, à commencer par Mörder, Hoffnung der Frauen sur un livret du peintre Oskar Kokoschka. Voulant rompre avec l'esthétique expressionniste et néoromantique, comme avec l'influence de R. *Strauss, dont il est encore tributaire, il se laisse influencer par le jazz et le *futurisme, créant des œuvres dont le but est avant tout de choquer telle la suite pour piano 1922 pour le *Ballet triadique d'O. *Schlemmer. Nommé professeur à la Musikhochschule de Berlin en 1927, il opère un troisième revirement, sous la forme d'un retour à J. S. *Bach, aux fugues et au concerto baroque. Il restera fidèle jusqu'à la fin de sa vie aux principes qu'il expose dans son traité de composition, Unterweisung im Tonsatz (1937), dans des œuvres austères à l'atonalité modérée; tantôt académiques (Ludus tonalis, cycle pour piano qui suit le modèle du Clavier bien tempéré de Bach), tantôt magistrales (l'opéra Mathis der Maler, 1934, inspiré de la vie du peintre M. Grünewald).

Auteur du ballet pantomime Der *Dämon (1923, Albrecht Joseph ; 1925, K. *Jooss ; 1925, Y. *Georgi ; 1949, Jens Keith ; 1958, A. *Milloss ; 1959, R. *Chladek ; 1963, J. *Limon ; 1965, L. *Christensen sous le titre Lucifer), c'est surtout en 1938 qu'il rentre dans l'histoire de la danse, lorsque il suggère à L. *Massine de créer un ballet autour de la vie de Saint Françoise d'Assise, Nobilissima Visione (autres vers. 1946, T. *Gsovska ; 1947, E. *Hanka ; 1974, Loris Gai). Dépouillé de la récitation du poème de S. *Mallarmé, *Hérodiade (1944) sera l'occasion pour M. *Graham de donner une nouvelle emphase théâtrale à son travail (autres vers. 1949, J. *Charrat ; 1970, Herodias, P. *Darrell). Son Thème et Quatre Variations pour orchestre à cordes et piano fournissent à G. *Balanchine la matière première des *Quatre Tempéraments (1946, autres vers. 1949, Chladek ; 1952, Georgi ; 1959, W. *Gore ; 1975, J. *Trisler) basés sur la théorie médiévale des humeurs.