Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
S

Iris Scaccheri (née en 1934).

Danseuse et chorégraphe argentine.

Disciple de D. *Hoyer, soliste au vaste parcours international, elle présente ses danses au *Teatro Colón et au *San Martín, entre autres, et dans des festivals (Paris, Avignon, Aix-en-Provence, Londres, Milan, Berlin, Santander, etc.). Elle collabore avec Jorge Lavelli en France et crée la chorégraphie de deux films de Sustan Osten en Suède.

SK

(Ballet du théâtre de la -) Scala.

Compagnie italienne attachée au Teatro alla Scala de Milan.

Dès l'inauguration du théâtre en 1778, le ballet y occupe une place majeure. Jusqu'au début du XIXe siècle, le genre dominant est le *ballet-pantomime dont ceux de G. *Angiolini (Fedra, 1781), F. *Clerico (La morte di Ercole, 1789) et Antonio Monticini (I pastori di Arcadia, 1793). Ce genre connaît son apogée avec les *choréodrames de S. *Viganó, arrivé en 1811 : *Prométhée (1813), la Vestale (1818), I Titani (1819) ou encore ceux de G. *Gioja, son ami et rival. Les effets de masse typiques du choréodrame nécessitant un grand nombre de danseurs, dès 1812 l'impresario Ricci met en place une école de danse au sein même du théâtre, l'Imperial Regia Accademia di Ballo, qui développe deux types d'enseignement, la danse et la mimique, confiés respectivement aux français La Chapelle et Villeneuve, d'une part, et à l'italien Garzia, d'autre part. Les études comportent deux niveaux sur une durée de 8 ans, les élèves étant obligés, moyennant rétribution, de prendre part aux spectacles en qualité de "corps d'enfants" et recevant à la fin de leurs études le titre d'"émérite" qui entraîne leur engagement comme premier danseur ou premier mime dans la compagnie. A. *Brugnoli sera une des premières diplômée en 1817.

Après la mort de Viganó en 1821, la veine du choréodrame s'épuise tandis que les ballets *romantiques commencent à s'imposer avec La Sifide ovvero Il genio dell'aria (1828, Henry) qui comporte déjà, en germe, les caractères du ballet romantique "à l'italienne": réalisme de la trame et des personnages, notamment féminins, faisant des sylphides ou des wilis de véritables femmes, d'où l'appellation d'azioni ballabili romantiche. Ce genre dominera la production de La Scala jusqu'après la moitié du XIXe siècle, notamment avec A. *Cortesi, auteur des versions italiennes de la *Sylphide (1841) et de *Giselle (1844), G. *Galzerani, G. *Casati, G. *Rota et P. *Borri. Parmi les interprètes importants figurent F. *Cerrito et F. *Elssler jusqu'aux années 1840, époque où apparaissent les premières danseuses "émérites" formées par C. *Blasis. Celui-ci, arrivé en 1837, contribue à la consolidation de l'*école italienne tournée vers une grande virtuosité technique. Son action et celle de ses successeurs (A. *Hus, G. Casati, C. *Coppini) conduit bientôt à la domination des scènes de l'Europe entière par les élèves de la Scala, de S. *Fuoco, C. *Beretta, C. *Cucchi jusqu'à P. *Legnani et C. *Brianza, l'excellence de l'école se prolongeant au début du XXe siècle sous la direction de C. Beretta, R. *Grassi, et surtout d'E. *Cecchetti.

A la proclamation du Royaume d'Italie (1860) suivie de peu par la reprise milanaise des *Aventures de Flick et Flock (1862) de P. *Taglioni, un nouveau genre envahit La Scala et s'impose jusqu'à la Première guerre mondiale : le ballo grande dont L. *Manzotti est le principal représentant et dont les derniers exemples seront Vecchia Milano (1928, G. *Pratesi) et Belkis, regina di Saba (1932, L. *Massine).

Dans les années 1920, le ballet connaît une profonde régénération grâce aux réformes du célèbre chef d'orchestre, Arturo Toscanini qui, après un premier mandat (1898-1905), reprend la direction générale du théâtre de 1921 à 1929 : la gestion du répertoire jusqu'alors cantonnée au lyrique est étendue au théâtre et à la danse ; le corps de ballet professionnalisé (1922) n'est plus constitué exclusivement par les élèves de l'école ; le poste de maître de ballet jusqu'alors informel est institutionnalisé et confié à Vicenzo Dell'Agostino ; la direction de l'école est confiée à E. Cecchetti alors au sommet de la célébrité. Ce dernier forme les plus grands ballerines italiennes des années 1930, dont certaines assureront par la suite la diffusion de sa méthode dans les écoles qu'elles dirigeront : C. *Fornaroli qui lui succède à celle de la Scala en 1928, A. *Radice, Placida et Terasa Battaggi (Opéra de *Rome), B. *Gallizia (*San Carlo). Cette période est également marquée par la mutation de l'organisation du théâtre : les Palchettisti (propriétaires de loges) sont écartés de la gestion du théâtre qui devient une institution indépendante y compris sur le plan artistique. De ce fait les plus grands chorégraphes du moment viennent y créer dont Massine (1932), M. *Fokine (L'Amore delle tre melarance, 1936), M. *Wallmann (Gli ucelli, 1937 ; Antiche arie e danze, 1937). Sous leur influence, de nouvelles formes sont explorées comme le ballet *symphonique par N. *Poli tandis qu'A. *Milloss signe ses oeuvres les plus innovantes du *Mandarin merveilleux (1942) aux ballets qu'il crée juste après guerre, répondant à l'ambition de Toscanini - de retour à la direction en 1947 - de faire accéder la Scala à la modernité en émancipant la danse de l'assujetissement à l'opéra : pour la première fois en 1947, se déroule dans le théâtre un spectacle entièrement composé de ballets, signés par Milloss. Dans le même temps apparaissent les danseurs qui domineront la scène de La Scala au cours de la décennie suivante : O. *Amati, E. Bonagiunta (qui dirigera l'école de 1967 à 1971), M. W. *Clerici, R. T. Legnani, U. *Dell'Ara, C. *Faraboni, W. Venditti.

Les années 1950 sont celles de l'internationalisation du théâtre grâce à l'arrivée de célèbres étoiles telles M. *Fonteyn, G. *Oulanova, A. *Markova qui réalisent pour la première fois à la Scala des versions originales de quelques uns des ballets du grand répertoire classique, ainsi qu'à la venue de R. *Petit, G. *Balanchine et F. *Ashton. Par ailleurs, le théâtre exporte des danseuses qui vont s'imposer comme des symboles de la danse italienne dans le monde telle C. *Fracci, suivie dans les années 1960 par L. *Cosi, Elettra Morini, L. *Savignano qui deviendra la "muse" de M. *Béjart, O. *Dorella et A. *Ferri. L'ouverture se poursuit également sur le plan chorégraphique : L. *Novaro aclimate à la Scala la danse espagnole, M. *Pistoni s'engage sur la voie de la nouveauté (le *Fils prodigue, 1963) tandis que R. *Noureev monte les ballets du répertoire du XIXe siècle qui n'avaient jusqu'alors jamais été donnés intégralement (le *Lac des cygnes, 1965 ; le *Corsaire, 1966).